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Des années de plus en bonne santé

Oui, il est possible de freiner, voire de faire reculer notre horloge biologique. De la science-fiction? Non, grâce à des avancées et à des techniques révolutionnaires!

« Jusqu’à présent, le vieillissement était considéré comme un processus naturel irréversible qu’il fallait accepter comme une fatalité. Mais aujourd’hui, la science du rajeunissement progresse à pas de géant. De plus en plus de chercheurs s’y consacrent et nous sommes à la veille d’un point de bascule. D’ici une dizaine d’années, je m’attends à ce qu’on trouve le moyen de stopper, voire de reculer notre horloge biologique », assure le Pr Reginald Deschepper (VUB), anthropologue médical qui planche sur le healthy aging depuis des années. Et c’est au plan de la santé que tout se jouera. Car le vieillissement physique et cellulaire est à l’origine d’une série de maladies, dont le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, le cancer, la démence ou encore les affections oculaires.

En activant certains gènes, il semblerait qu’on peut inverser l’horloge biologique des souris.

« La médecine se concentre principalement sur le traitement de toutes ces maladies individuelles. Or, en intervenant un peu plus tôt dans ce processus, en s’attaquant aux causes profondes et aux processus de vieillissement, les gens pourraient vivre plus longtemps en bonne santé. »

Le fait que le vieillissement n’est pas une fatalité nous est prouvé par d’autres organismes vivants. « Plusieurs espèces animales, comme les homards et les baleines, ont non seulement une espérance de vie beaucoup plus longue, mais elles sont également épargnées par les processus de vieillissement, ce qui signifie qu’elles restent aussi fortes et ont des sens aussi performants jusqu’à la veille de leur mort. Bien que nous soyons évidemment très différents extérieurement, nous partageons un grand nombre de processus biologiques avec les animaux et nous avons beaucoup à apprendre d’eux. »

L’ÂGE, UNE MALADIE?

Un nombre croissant de scientifiques, comme le célèbre biologiste et spécialiste du vieillissement David Sinclair (Harvard), définissent désormais l’avancée en âge comme une maladie à traiter, à l’instar du diabète ou des affections cardiovasculaires. « Cette piste n’est pas encore suivie par la médecine classique, ce qui rend impossible, aux Etats-Unis par exemple, de commercialiser des médicaments anti-âge, car il ne s’agit pas officiellement d’une maladie », analyse le Pr Deschepper. Pourtant, l’intérêt qu’elle suscite est en plein essor dans le monde entier. La professeure néerlandaise de gérontologie Andrea Maier (VU Amsterdam) constate que les investissements ne font cependant pas défaut dans les recherches du type de celles qu’elle mène actuellement. « Je m’attends à ce que, dans les années à venir, la médecine évolue au point que nous serons capables de mesurer le vieillissement biologique lors d’une simple consultation chez le généraliste, et d’intervenir en conséquence. Notre ambition ne se limite pas à retarder la maladie. Nous voulons développer des moyens permettant aux gens d’optimiser leur santé et de la conserver au mieux le plus longtemps possible. On doit penser autrement qu’en termes de bilan de santé lors duquel le médecin note notre taux de sucre dans le sang, puis ne nous examine plus jusqu’à l’année suivante. On peut déjà faire beaucoup plus et il est important que les scientifiques s’expriment à ce sujet, car trop de charlatans opèrent dans ce domaine. »

POURQUOI ON VIEILLIT

Ces dernières années, il a été possible d’identifier les principales causes du vieillissement biologique. Il s’agit notamment de facteurs tels que les lésions de l’ADN, le raccourcissement des télomères (brins d’ADN qui raccourcissent à chaque division cellulaire), la perte d’immunité et les modifications du microbiome intestinal. David Sinclair pense que nous vieillissons principalement en raison de ce qu’on appelle les changements « épigénétiques », c’est-à-dire des modifications de l’environnement qui affectent notre ADN. Cela crée une sorte de pellicule sur l’ADN, rendant l’information moins lisible par nos cellules, qui deviennent dès lors moins efficaces. »On pourrait comparer cela à un disque griffé. Mais ce phénomène est réversible ! Il y a moyen d’éliminer cette pellicule, pour que les informations soient à nouveau lisibles. On a déjà pu démontrer qu’il est possible de « nettoyer » l’ADN chez la souris. En activant certains gènes, il semblerait qu’on puisse inverser l’horloge biologique et rajeunir les souris. Cela ouvre des possibilités d’applications chez l’homme, mais des recherches complémentaires seront nécessaires. »

SE LANCER OU ATTENDRE?

Des médicaments prometteurs en sont encore au stade expérimental ou n’ont pas été assez largement testés chez l’être humain.

« La médecine procède avec prudence, ce qui est positif, mais retarde l’application des nouvelles découvertes. C’est dans ce contexte que se situe l’émergence d’une nouvelle communauté de bio-hackers, qui suivent de près les recherches en cours et appliquent ces outils par eux-mêmes. Les bio-hackers et la médecine classique sont face à un dilemme: oser aller de l’avant ou attendre encore... Pour la médecine classique, la sécurité prime, tandis que les biohackers, eux, mettent plutôt en avant les risques qu’il y a à trop attendre. Mais de toute façon, le vieillissement biologique s’accompagne d’un risque accru de maladies. »

Pr Reginald Deschepper, Anthropologue médical, (VUB)
Pr Reginald Deschepper, Anthropologue médical, (VUB)

Et vous Professeur, que faites-vous?

« Je fais du yoga et de la musculation, et je me supplémente en vitamine D et K, en magnésium et acides gras oméga-3, mais pas de manière continue, plutôt en cure. Je prends également un supplément de NMN (nicotinamide mononucléotide), complété par du TMG (triméthylglycine), du collagène et un supplément d’acide hyaluronique. Si vous achetez en ligne, choisissez des entreprises fiables. »

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