De l’abondance... à la pénurie?

C’est très légitimement que la génération ayant vécu la Seconde Guerre mondiale et ses privations s’est réjouie de bénéficier ensuite de cette fameuse « société de consommation » qui a émergé dans les années 50 et surtout 60. Et ce n’est pas sans raison que la génération suivante a pu contester certains de ses excès. Cette polémique est aujourd’hui dépassée... du moins en théorie. Même si certains folders publicitaires affichent encore des promotions au prétexte de « grosses quantités », on promeut aujourd’hui plutôt la qualité. Il n’est plus question que d’ingrédients naturels ou de fabrication artisanale. Quitte à user de superlatifs inutiles: vous avez remarqué qu’il n’y a plus de chocolatiers, seulement des maîtres chocolatiers? Ou à verser carrément dans le ridicule, quand une grande surface nous affirme que ses gâteaux sont « fabriqués par nos pâtissiers ». Ben oui, on s’en doute, désolé de ne pas en être épaté... Plus sérieusement, on ne peut que se réjouir d’une autre évolution, vraiment fondamentale: la lutte contre le gaspillage et la promotion du recyclage. Voilà un vrai progrès!

L’abondance de tout et en tout temps ne va pas de soi.

Serait-on cependant, en cette année 2022, en train de vivre un nouveau tournant, voire un bouleversement? La société de consommation tremblerait-elle sur ses bases? On observe ces derniers mois une légère baisse de la consommation, tant aux États-Unis qu’en Europe. Pas en montant, mais en quantité, réaction à l’inflation qui grignote le pouvoir d’achat. Un phénomène qu’on peut imaginer passager. Il en est un autre, beaucoup plus spectaculaire: les pénuries. On sait qu’on manque de puces électroniques, ce qui freine la production tant des voitures que de divers appareils électroniques. Depuis l’invasion de l’Ukraine, c’est l’épuisement progressif des stocks d’huile de tournesol qui contrarie la production de centaines d’aliments. Entre autres.

Et voilà que la terrible sécheresse qui a frappé l’Europe du Sud (mais pas seulement) sabote de nombreuses cultures, dont la production est en chute. Même les olives se font plus rares! Adieu, les traditionnelles promotions d’huile en 1 + 1? Alerte aussi sur le lait, qui l’eût cru? Notre société d’abondance (une expression plus élégante que la société de consommation devenue péjorative) va-t-elle se transformer en société de pénuries? On imagine mal se retrouver dans la situation de l’URSS, où les babouchkas faisaient des heures de file parce qu’un produit très attendu venait enfin d’arriver. Par contre, être plus régulièrement confrontés à quelques rayons vides, voilà un scénario probable à en croire plusieurs prévisionnistes. Ce serait l’occasion de comprendre que l’abondance, de tout et en tout temps, ne va pas nécessairement de soi, comme on l’a cru jusqu’ici. Espérons quand même ne pas subir une pénurie de gaz l’hiver prochain, une crainte largement fondée semble-t-il, car ça, ce ne serait pas une contrariété, mais un drame!

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