De jolis flacons à prix doux

Pas besoin de dépenser des sommes folles pour s’offrir un bon parfum. D’autant que, comme vous allez le voir, la qualité du jus est loin de déterminer son prix.

On aimerait tous trouver le parfum qui nous ressemble, celui qui nous colle à la peau et qui nous définit? Bref, celui qu’on n’a plus envie de quitter... Les hommes, traditionnellement assez fidèles en matière de consommation, adoptent volontiers un jus pour la vie. Mais côté féminin, c’est autre chose, car souvent femme varie! À côté de nos parfums de prédilection, nous avons régulièrement envie de changement et de nouveauté. N’est-ce pas un plaisir de faire des découvertes et de se parfumer selon l’heure, la saison ou l’inspiration du moment? Et c’est là que les parfums à petit prix entrent en jeu.

LE GRAND ÉCART

En parfumerie, la plupart des flacons valent cher (70 à 80 ? les 50 ml), voire très cher (plus de 100 ? pour un jus exclusif). Pourtant, il suffit de faire un tour en parapharmacie, en droguerie ou en magasin bio pour découvrir, au détour d’un rayon, de bien jolies eaux de toilette ou de parfum à prix doux (moins de 50 ? les 50 ml).

Pourquoi cette différence sur l’étiquette? Ce n’est pas une question de qualité ou de sérieux de la composition mais plutôt de coûts annexes. Si certaines matières premières se négocient jusqu’à 100.000 ? le kilo (absolu de rose, d’iris, de jasmin, Agarwood, résines, bois de oud...), se sont le marketing et la distribution qui pèsent le plus dans le prix d’un flacon.

D’autant qu’il règne une compétition féroce sur un marché considéré comme atone: les ventes de parfum progressent de 0,5 % par an maximum. Or, deux mille nouvelles références sortent chaque année. Pas évident de se faire remarquer dans ces conditions !

Le groupe L’Oréal avoue consacrer 30 % de son chiffre d’affaires à la publicité et à la promotion de ses produits. Au final, le contenu d’un flacon ne représente pas plus de 5 à 10 % des prix pratiqués en boutique.

TRÈS CHER MARKETING

« Le coût d’un parfum se répartit, grosso modo, entre 50 % pour le distributeur (Ici Paris XL, Planet Parfum...), 30 % pour les dépenses de marketing (campagnes publicitaires, égérie...) et 20 % pour la fabrication proprementdite (jus, flacon et emballage) », précise-t-on chez Interparfum. La TVA de 21 % contribue aussi à faire gonfler la note. Mais d’anciens parfums luxueux sont devenus très abordables depuis qu’ils sont vendus chez Di, en pharmacie ou en grande surface (et sans l’incarnation d’une star payée très cher): Giorgio Beverly Hills, Gloria Vanderbilt, Tabac Orignal, CK One, les colognes Roger & Gallet, Caudalie (Eau des Vignes & co.), les jus Fragonard, Cool Water Davidoff, Pour Monsieur de Pierre Cardin, DKNY Be Delicious, Jacques Bogart, Pascal Morabito, Eau de Lacoste L12.12, Hugo Boss, etc.

GRANDS NEZ, PETIT PRIX

À la répartition des coûts de fabrication, distribution et marketing s’ajoute un facteur psychologique. Le parfum, considéré comme un produit de luxe, suscite un peu de méfiance lorsqu’il est vendu bon marché: « Bizarre... Va-t-il sentir bon? Comment a-t-il été composé ? » Réponse : sa qualité ne laisse nullement à désirer, car ces jus ont, comme les autres, souvent été composés par les meilleurs nez, les plus grands parfumeurs. Ainsi Anne Flipo, à qui l’on doit notamment Acqua di Gioia d’Armani ou Cologne Fahrenheit de Dior, signe la composition de Tubéreuse Hédonie (Roger & Gallet); Olivier Cresp (Angel de Mugler, Black Opium YSL) signe Accord Chic d’Yves Rocher; Alberto Morillas (Gucci Bloom, Flower by Kenzo) a créé la délicieuse Eau des Vignes de Caudalie ; le grand Francis Kurkdjian (Le Mâle de Jean Paul Gaultier, For Her de Narciso Rodriguez) a imaginé une très belle Fleur de Figuier pour Roger & Gallet... Alors n’ayons pas peur de craquer. De jolies surprises nous attendent au détour du flacon!