Du large, la vision semble surréaliste: le petit port jordanien d'Aqaba apparaît étroitement enchâssé entre Israël et l'Arabie Saoudite. Première escale de la croisière, il ouvre la porte aux fabuleux trésors du sud de la Jordanie.
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Du large, la vision semble surréaliste: le petit port jordanien d'Aqaba apparaît étroitement enchâssé entre Israël et l'Arabie Saoudite. Première escale de la croisière, il ouvre la porte aux fabuleux trésors du sud de la Jordanie. A commencer par le désert du Wadi Rum, dont les immenses roches ocre et orange émergent de ci de là dans un océan de sable rouge. Gravures rupestres, temple nabatéen, arches naturelles, canyons impressionnants et même piscines naturelles, le Wadi Rum fourmille de curiosités. Un décor grandeur nature qui ne cesse de séduire les cinéastes. De Lawrence d'Arabie à Dune en passant par Star War s ou Seul sur Mars, la liste est prestigieuse. Pour l'heure, ce petit périple en 4x4 nous donne surtout l'envie d'y revenir et, pourquoi pas, d'y passer cette fois une nuit sous la tente bédouine. De retour sur le bateau, la fatigue de la visite et de la route s'estompe vite autour du cocktail servi par un équipage toujours prévenant, prélude à un dîner bistronomique où les mets orientaux alternent avec une excellente cuisine française. On se sent d'autant plus décontracté à bord que tout est inclus, y compris les sourires, l'accueil et l'hospitalité des membres d'équipage. Bateau à taille humaine construit en Belgique, La Belle de l'Adriatique offre néanmoins un vaste pont soleil. Les transats y invitent au repos ou à une paisible lecture autour du bar. Depuis les hauteurs qui surplombent les canyons de Pétra, on appréhende mieux l'immense vallée du Grand Rift qui balafre sur des milliers de kilomètres une bonne partie de l'Afrique et se prolonge jusqu'au Jourdain en passant par la mer Morte. Listée au patrimoine mondial de l'Unesco, l'antique cité du peuple nabatéen est une autre merveille que permet de découvrir cette croisière. Il y a 2.000 ans, c'était un carrefour des pistes caravanières par lesquelles transitaient l'encens, la myrrhe et les épices.Ingénieux, les Nabatéens ont modelé cet environnement pour en tirer le meilleur parti, exploitant son relief pour en faire une forteresse, creusant la roche pour dévier les eaux de pluie, perçant des tunnels et ciselant à même la montagne des habitations, des temples, des tombeaux et toutes sortes de monuments éblouissants. Oubliée du monde extérieur à partir du VIIe siècle de notre ère, la cité fut jalousement gardée durant des centaines d'années par les Bédouins qui éloignaient méthodiquement tout étranger. Ils y sont toujours d'ailleurs, immuables sentinelles des lieux transformées en marchands du temple. Pétra reste pour autant une double merveille, où s'entremêlent les beautés naturelles de ses canyons de grès aux nuances changeantes à celles de ses temples, chapelles, nécropoles et palais de pierre rouge. C'est à présent l'Egypte, promesse de nouvelles émotions, qui attend la centaine de passagers. Toute la matinée du lendemain, le bateau longe les côtes desséchées et tourmentées du Sinaï. Sous la surface, l'alternance des tonalités turquoises avec une large palette de bleus trahit la présence de champs de corail et de bancs de sable clair. Prochaine escale: Sharm el-Cheikh, porte d'entrée de Ras Mohammed, l'un des parcs nationaux les plus emblématiques de la péninsule. Avec en point d'orgue de l'excursion du jour, un aquarium grandeur nature. Une explosion de couleurs et de vie que l'on approche au plus près avec palmes, masque et tuba, à quelques mètres du rivage désertique. Une navigation en bateau à fond de verre est proposée à ceux qui souhaitent admirer ces merveilles sans se mouiller. Pour célébrer ce retour en Egypte, la soirée sera... égyptienne, du repas au spectacle durant lequel musiciens, derviche tourneur et danseuses du ventre enflamment le salon bar. En début de nuit, notre bateau, la Belle de l'Adriatique reprend la mer pour rejoindre l'Afrique et Hurghada. Pas question de manquer l'autre événement du voyage: Louxor et la vallée du Nil. Une quête qui se mérite avec un départ à l'aube et plus de quatre heures de car mais, en récompense, le privilège de pénétrer d'abord quatre tombes dans la Vallée des Rois. Un déjeuner au bord du Nil plus tard, la plongée dans l'histoire se poursuit dans le complexe des temples de Karnak. Si le temps de la civilisation hiérarchisée et organisée des pharaons est loin, on ne peut que rester en admiration devant cette vallée du Nil constellée de champs méticuleusement cultivés et irrigués. L'itinéraire offre ainsi en une semaine à peine de croisière une étonnante confrontation de sites majeurs. Le tout sans changer de chambre et sans refaire ni défaire ses valises. Se faire dorloter du matin au soir et juste penser à se détendre, partir en excursion ou faire la sieste sous la caresse d'un vent léger. Socialiser, parfois se faire de nouveaux amis, profiter du temps qui suspend son vol au moment d'un interminable coucher de soleil, un verre de bulles à la main. Autant de petits plaisirs qui rendent un tel voyage encore plus inoubliable.