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Choisir un contre-expert

Après un sinistre, un contre-expert mandaté renégocie avec l’assureur une indemnisation supérieure aux indemnités préalablement fixées. Une contre-expertise qui peut être couverte à 100% par votre propreassurance!

Un sinistre s’est déclaré chez vous. Un expert envoyé par la compagnie d’assurance estime les dommages mais la somme proposée ne vous satisfait pas. Il serait peut-être intéressant de faire appel à un contre- expert technique pour vous épauler dans vos démarches. Une pratique de plus en plus courante qui permet de contester une décision défavorable ou une proposition d’indemnisation insuffisante. Après les inondations qui ont ravagé la Belgique en juillet 2021, entre 20 et 25% des dossiers de sinistres assurance ont fait l’objet d’une contre-expertise.

« Nous intervenons pour des sinistres à partir de 25.000 ? »

Pourquoi faire appel à un contre-expert en cas de sinistre? Cette question nous l’avons posée à Adrien Bajart, expert au sein du bureau d’Expertises EAB. « C’est simple à comprendre, précise-t-il, les experts envoyés par les assurances travaillent pour les compagnies et non pour les assurés, ce qui n’enlève rien à leurs compétences. Mais leur client, c’est d’abord la compagnie. Vous n’imaginez pas vous rendre au tribunal sans avocat. Eh bien, nous sommes les avocats des sinistrés en matière d’incendie, de catastrophe naturelle, de dégât des eaux...

Les personnes sinistrées se retrouvent souvent fort démunies face à l’étendue des démarches à entreprendre pour recevoir une juste indemnisation. Il faut savoir que l’assuré a le libre choix de son expert en cas de sinistre. Et cela se fait sur la base d’un simple mandat. Le contre-expert va donc endosser le rôle de conseiller technique et représenter l’assuré auprès de la compagnie, du courtier, de l’autre expert... »

Une vision globale

« Ce qui nous différencie de l’expert de la compagnie, poursuit Adrien Bajart, c’est que nous voulons davantage coller aux pertes matérielles réelles. Nous ne sommes donc pas appréciés de toutes les sociétés d’assurances dont certaines déconseillent à leurs assurés de prendre contact avec un contre- expert, prétextant que cela va faire durer la procédure. Le fait est que nous défendons les intérêts de nos clients et que nous gagnons aussi notre vie. »

Adrien Bajart estime que le conseiller technique de l’assuré doit tenir compte de l’ensemble des perturbations engendrées par le sinistre et chiffrer minutieusement tous les dommages pour approcher au maximum de toutes les pertes: chômage immobilier, pertes au niveau du contenu, relogement et même des mesures spécifiques comme le déblaiement, la reconstruction, etc.

Quel est le coût?

Pour un gros sinistre de 100.000 ? en reconstruction totale, le coût de la contre-expertise avoisinerait les 5.000 ?. « Nos honoraires sont pris en charge par compagnie d’assurances à hauteur de 50 à 60%. La majorité des contrats incendie prévoient dans leurs conditions générales un barème d’intervention forfaitaire. Mais si vous avez souscrit la garantie protection juridique dans votre police incendie, vous pouvez, souvent sans frais, faire appel à votre propre expert à quelques exceptions près (Ethias, Belfius). Ces honoraires sont aussi pris en charge à 100% si vous avez souscrit une protection juridique globale, par exemple chez DAS, ARAG, etc. Le coût du contre-expert est alors généralement couvert.

Ludovic Donnet, avocat du Barreau de Charlerloi
Ludovic Donnet, avocat du Barreau de Charlerloi

« Méfiez-vous des offres trop alléchantes! »

Ludovic Donnet, avocat du Barreau de Charleroi, est spécialisé dans les questions d’assurances.

Utile ou pas un contre-expert?

Précisons d’abord que le terme de contre-expert en assurance n’existe pas légalement. C’est un problème. Car n’importe qui peut s’attribuer ce titre. Pour le reste, faire appel à un bon expert compétent est généralement utile après un sinistre. C’est l’avocat du sinistré, il va apporter un contrepoids aux experts mandatés par la compagnie d’assurances. Donc, pour répondre à la question, oui c’est utile et rentable.

Comment « bien » le choisir?

Comme tout le monde peut se targuer d’être contre-expert en la matière, je conseille des bureaux qui ont pignon sur rue et qui ont fait leurs preuves. À mes yeux, la formation des experts est également importante: ingénieurs, architectes, personnes réellement formées au métier et possédant des compétences techniques. Le client ne doit pas hésiter à demander ses titres à l’expert qui va l’épauler. Les compétences techniques sont essentielles. Prenons l’exemple d’un sinistre incendie, un contre expert lambda verra sans doute les dégâts apparents, mais verra-t-il cette poutre porteuse qui semble en bon état, mais qui a pourtant été endommagée? D’où l’importance de confier son dossier à de véritables spécialistes.

Les pistes pour bien choisir?

Les compétences! Ensuite, il peut y avoir une astuce tout en sachant qu’il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. Le type de rémunération de l’expert (pourcentage, prestation à l’heure) est pour moi un gage de sérieux. On connaît des histoires d’agents immobiliers qui gonflent le prix d’une maison pour faire espérer aux clients une vente qui sera alléchante. Et puis, petit à petit, le prix de l’habitation va devoir être revu à la baisse, car il était bien trop élevé. En attendant, l’agent immobilier qui avait fait croire à un prix de vente élevé va probablement conserver la vente malgré la décote et engranger malgré tout une commission. Il aura néanmoins évincé un collègue concurrent qui, au départ, proposait une offre de prix plus conforme à la réalité du marché. Le client aura aussi été pénalisé, car son bien sera resté plus longtemps en vente. Il en va de même pour certains contre-experts payés au pourcentage et qui vont faire miroiter à leurs clients une importante indemnisation pour obtenir un contrat. Personnellement, je conseillerais davantage des experts dont les tarifs sont des honoraires à l’heure facturés selon la mission.

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