Chez le médiateur

Rétablir le dialogue entre des grands-parents et leurs enfants (ou parfois leurs petits-enfants). Créer une ouverture, aussi petite soit-elle. Tel est l’objet de la conciliation familiale.

Beaucoup ont tendance à s’adresser à la justice alors qu’une bonne discussion peut parfois résoudre le problème. C’est le premier pas qui est souvent le plus difficile. Et chaque avancée que nous accomplissons ensemble est importante, souligne Wilfried Mestdagh, médiateur familial.  » Lorsqu’un grand-parent recourt à la médiation, il a souvent déjà tout essayé. Dans ce cas, c’est à nous qu’il revient de contacter l’autre partie adverse, généralement le (beau-)fils ou la (belle-)fille. Je fais toujours preuve d’une grande prudence. Un coup de téléphone peut brusquer, un mail est très direct et peut disparaître parmi un tas d’autres. J’opte donc pour un courrier, que je fais toujours relire par le grand-parent avant de l’expédier.

Dans ce courrier, je précise que Monsieur ou Madame X est passé chez moi et aimerait avoir une discussion dans laquelle je servirai de médiateur. La partie demanderesse – ici le grand-parent – éprouve souvent plus de difficultés à traduire ses sentiments en mots. Il y a aussi beaucoup de chagrin. Il arrive également que le grand-parent me demande de ne pas envoyer la lettre. Même si cette lettre exprime exactement ses souhaits, il arrive qu’il ne la « sente » pas. En général, la lettre est envoyée et il faut attendre une réponse. En l’absence de réponse, je téléphone. Sans aucune garantie de résultat... « 

LA MÉDIATION N’EST PAS GRATUITE

 » Je conseille au grand-parent de prendre en charge le coût de la première discussion « , précise Wilfried Mestdagh. Je peux ainsi inviter le fils ou la fille à une rencontre gratuite. Ensuite, les frais seront partagés. Financièrement, la médiation peut bien sûr être un obstacle. La procédure n’est pas gratuite. Je demande 80 € par séance de maximum une heure, soit 40 € pour chaque partie. Le local de visite d’un centre d’aide sociale est une autre possibilité. Il est gratuit, mais demande des formalités. Et la liste d’attente est longue. « 

PETITE CAUSE, GRANDE RUPTURE

 » Les raisons pour lesquelles des grands-parents ne peuvent plus voir leurs petits-enfants sont très diverses, poursuit Wilfried Mestdagh. Quand on en discute avec les enfants, on remarque souvent que la rupture est la conséquence d’une accumulation de petites choses. Certains ne savent même plus quand ou pourquoi la situation s’est dégradée. Un nouveau conjoint est parfois à l’origine du problème – nouveau conjoint du fils ou de la fille, mais aussi du grand-père ou de la grand-mère. Mon rôle consiste à écouter et à traduire en mots. Je ne suis pas neutre, mais je prends partie tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre. Je ne place pas la barre trop haut. Le simple fait qu’une rencontre ait lieu est déjà une ouverture. Tant que la porte ne se ferme pas, les choses peuvent s’arranger. « 

LA CONVENTION

 » Quand tout va bien, la procédure aboutit à une convention dans laquelle le grand-parent convient avec son (beau-) fils ou sa (belle-)fille des jours et des heures où il peut voir son petit-enfant, et du nombre d’heures qu’il peut passer avec lui chaque mois, poursuit Wilfried Mestdagh. Dans le cas d’un divorce, l’accord de médiation sera homologué par le tribunal. Il passera alors en force de chose jugée et sera exécutable. Je ne le fais pas avec une convention qui règle le droit de visite de grands-parents. Car c’est une loi non écrite : un huissier de justice ne peut jamais emmener un enfant manu militari. « 

LE PETIT-ENFANT NE PEUT PAS S’ADRESSER À LA JUSTICE

 » Les grands-parents jouent un rôle très important dans la vie de leurs petits-enfants, conclut Wilfried Mestdagh. Je fais figurer dans chaque convention de divorce que les parents doivent laisser leurs enfants garder le contact avec la famille, et surtout les grands-parents. Il serait cependant préférable que les enfants mineurs – s’ils peuvent se former une opinion – puissent s’adresser eux-mêmes à la Justice. Une proposition de loi a été introduite dans ce sens, mais n’a pas été approuvée. La Convention internationale des droits de l’enfant prévoit que les enfants ont le droit de voir leurs (grands-)parents, mais ils ne peuvent pas imposer ce droit devant un juge. Il faudrait que les choses changent. « 

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