Cécile Bolly entre dans l’intimité des arbres

L’arbre m’accompagne depuis toujours, dans toutes sortes de dimensions de ma vie », confie Cécile Bolly, 64 ans. Son éventail est riche: ayant débuté sa pratique comme médecin de campagne, elle est devenue psychothérapeute et travaille aussi au centre de formation continue Ressort de la Haute Ecole Robert Schuman à Libramont. Guide-nature, écrivaine, photographe, elle a publié notamment « Arbre mon frère » et « L’arbre qui est en moi » (éditions Weyrich).

« Les arbres sont pour moi un moyen de ressourcement et d’inspiration qui m’aide beaucoup dans ma vie de médecin et dans les formations en éthique que j’anime. Le matin, j’aime partir avec mon appareil photo, avoir un peu de temps pour moi, et – comme disait Cartier-Bresson – me laisser prendre par une photo, plutôt que d’en prendre une. Même s’il fait brumeux, plutôt que de rester à l’intérieur, je m’équipe pour pénétrer dans la brume. Toutes les couleurs qu’elle contient finissent par apparaître, mais aussi des formes qui étaient invisibles par temps clair.

Je suis souvent à la recherche d’une forêt à traverser car contempler un arbre nous renvoie à notre paysage intérieur et à notre lien avec l’univers tout entier. Lors de journées « Arbre et conscience » que j’anime, je pars avec des petits groupes d’adultes à la rencontre des bouleaux, des frênes, des érables, pour marcher lentement dans la forêt et entrer dans l’intimité des arbres, accueillir ce qu’ils nous renvoient en écho. J’aime l’idée que c’est à eux que nous empruntons notre verticalité d’êtres humains. Cela nous rend complices, frères même: l’homme a besoin de l’arbre et l’arbre a besoin de l’homme. Chacun donne et reçoit, dans un véritable échange, une possibilité de transformation mutuelle, une invitation à la fraternité. En tant qu’êtres humains, nous avons là une grande responsabilité par rapport à la nature dont nous faisons partie ».