GUY LEGRAND ANCIEN RÉDACTEUR EN CHEF DE CASH! © FRANK BAHNMÜLLER

Ce fameux rapport qualité-prix...

C’est une association de consommateurs qui, voilà un demi-siècle déjà, popularisa cette notion franchement judicieuse. Elle justifiait en même temps son rôle, car si le prix saute aux yeux de l’acheteur, il lui est souvent malaisé de juger la qualité. D’autant qu’à l’époque, les ingrédients ne figuraient guère sur les emballages des produits alimentaires.

Par ailleurs, le public connaît mal le fonctionnement et les astuces de l’industrie. Certains vous affirment d’un air entendu que  » ces biscuits sortent de l’usine d’une grande marque « . Oui, bien sûr, ce sont les mêmes machines, mais pas nécessairement les mêmes ingrédients ! Ou encore que telle marque reconnue a une réputation à défendre, alors que celle-là,  » Je ne la connais pas et je n’ai donc pas trop confiance « . En réalité, si les vrais produits de luxe sont réellement de qualité supérieure, les marques  » à la mode  » se contentent parfois d’apposer leur logo sur un produit standard. Réalisé à l’occasion d’une émission télévisée, l’examen attentif de deux jeans a ainsi révélé que celui vendu sous une marque  » tendance  » était rigoureusement le même que celui commercialisé sous la marque d’un distributeur. Les journalistes ont même été vérifier dans l’usine, en Italie. Le premier était par contre vendu trois fois plus cher ! A défaut d’être glamour ( ? ), le second pouvait donc prétendre à un excellent rapport qualité-prix.

Le meuble ancien, champion du rapport qualité-prix.

Les consommateurs ne sont, il est vrai, pas toujours sensibles à ce dernier, ou pas dans tous les domaines, restant parfois braqués sur le prix dans l’absolu. Combien ne poussent-ils pas des cris d’orfraie quand on évoque un menu gastronomique à 85 ?, constitué de mets de qualité travaillés avec soin, qu’on ne pourrait guère réaliser chez soi ? Les mêmes dépensent pourtant pas mal d’argent en fréquentant assidûment de petites gargotes où ils paient 25 ? pour un spaghetti basique accompagné d’une piquette, le tout ne valant pas le dixième de la note. Le but est peut-être simplement de se retrouver entre amis, mais quel rapport qualité-prix désastreux !

Personne n’est évidemment obligé de se focaliser sur ce fameux rapport, ni même de s’y intéresser. Quelle satisfaction cependant de se dire  » J’en ai eu pour mon argent « . La notion peut du reste s’étendre au-delà des produits de consommation. Ainsi, la cote des meubles anciens s’est effondrée. La plupart des buffets, dressoirs et autres vaisseliers du XIXe sont aujourd’hui invendables.  » Si vous voulez vraiment vous en débarrasser, achetez un poêle à bois « , plaisante cyniquement un brocanteur...

Cette disgrâce touche aussi les meubles plus rares et plus anciens. Pour les quelques milliers d’euros que certains vous demandent pour un tableau insignifiant, vous pouvez aujourd’hui acquérir un meuble de  » qualité musée « , me confirment deux spécialistes. Impossible de savoir si ce sera un bon investissement, mais c’est aujourd’hui le meilleur rapport qualité-prix du marché de l’art !

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