Une île flottante faite de roseaux sur le lac Titicaca. © ERIC VANCLEYNENBREUGEL

C’est le Pérou!

Peu de pays arrivent à autant mêler les genres, les couleurs et les paysages que le Pérou. Des côtes désertiques et embrumées aux plateaux des Andes illuminés de ciels sursaturés, nous vous invitons à un fabuleux voyage de 0 à 4.000 mètres!

Il est à peine 6 heures du matin et les surfeurs sont déjà nombreux à chercher la vague sur le spot réputé de Lima. Plus au nord, à Chicama, la « gauche la plus longue du monde » est même depuis peu la première vague protégée par la loi dans le monde.

Niveau 0 – Lima dans la brume

Comme presque chaque jour aussi en cette saison, le ciel est brumeux: la « garúa » enveloppe d’ouate le désert côtier dans lequel est bâtie la capitale. Les courants froids qui remontent de l’Antarctique ont une autre conséquence: ils limitent l’évaporation et à Lima, les dernières vraies pluies sont tombées en... 2017! La guide est en tout cas formelle: « Ici, aucune hésitation, ne prenez pas de parapluie pour partir en promenade! »

Pour rejoindre le coeur historique, il suffit de suivre le boulevard Larco, direction la Plaza Mayor, là où Pizarro jeta les fondations de la ville moderne. Celle qui devint capitale de l’immense empire espagnol deux siècles durant recèle des merveilles. Cathédrale, Palais Archiépiscopal, Hôtel de Ville, la Casa del Oidor avec son long balcon vert et surtout le Palais présidentiel, devant lequel la foule s’agglutine chaque jour à midi pour admirer en musique la relève de la garde et s’étonner du final sur « El Condor pasa « . Autre curiosité: le palais de Justice. Edifié en 1921, il est une copie réduite de celui de Bruxelles, coupole en moins.

Niveau 3.400 – La ville rouge

Le vol vers Cuzco traverse la majeure partie des Andes avant de littéralement plonger pour se poser sur les contreforts de la Cordillère orientale, à une altitude de 3.400 m. Du ciel, son surnom de « ville rouge » prend tout son sens au vu de l’océan de tuiles. On imagine l’émerveillement des Espagnols découvrant la capitale inca: quadrillée de rues pavées et surplombées de temples couverts d’or (qui symbolisaient les larmes du soleil) et d’argent (les larmes de la lune), Cuzco était l’une des plus belles villes du Nouveau Monde.

« Les Incas accordaient de loin plus de valeur à certains coquillages qu’aux métaux et ne comprenaient pas l’avidité des Espagnols, » détaille notre guide. Après l’or et l’argent, les conquistadores reprirent les pierres des temples et des palais pour édifier des églises au même emplacement. Cent ans furent par exemple nécessaires pour construire la cathédrale sur les ruines du palais du Huitième Inca. On doit l’intérieur, de toute beauté, aux artisans venus de toute l’Europe. Mais les 380 tableaux qui habillent les murs ont, eux, été peints par l’Ecole de Cuzco. Un peintre italien enseigna aux Incas les techniques propres à la Renaissance. Les oeuvres sont en majorité anonymes mais trahissent la culture de leurs auteurs: c’est ainsi que l’on retrouve dans une « Dernière Cène » un cochon d’Inde et une mangue. Le Christ est assimilé au soleil et Marie à la Pachamama, la Terre Mère. La Plaza de Armas dégage une atmosphère réellement envoûtante. Bordée d’églises, de palais et de monastères somptueux, elle est superbement éclairée dès la nuit tombée. Coup de coeur aussi pour le temple du soleil, le Coricancha. En restent les murs aux pierres parfaitement emboîtées, aujourd’hui phagocytées par le couvent de Santo Domingo. A chaque solstice, plus de 2.000 figurants y célèbrent le Soleil lors d’une cérémonie haute en couleur, l’Inca étant représenté par un descendant issu de la lignée impériale.

Le train qui mène au lac Titicaca.
Le train qui mène au lac Titicaca.© ERIC VANCLEYNENBREUGEL

Niveau 3.000 – L’altiplano inca

Cuzco est une excellente base de départ pour découvrir la Vallée Sacrée et ses nombreux sites archéologiques tels que Tombomachay, Q’enqo ou Sacsahuayman, une forteresse aux blocs de pierre colossaux. Sur les hauteurs – un altiplano qui flirte avec les 4.000 m -, s’essaiment quelques villages du bout du monde, comme Chinchero. Un véritable décor de western et une église dont les murs intérieurs sont couverts de fresques peintes sur l’argile. D’où son surnom de petite chapelle Sixtine des Andes. En ce dimanche matin, les paroissiens se pressent pour suivre la messe en quechua. Les chefs d’ayllu (communauté), les varayocs, sont habillés comme leurs ancêtres incas.

Cuzco, une des plus belles villes du Nouveau Monde. 3.
Cuzco, une des plus belles villes du Nouveau Monde. 3.© ERIC VANCLEYNENBREUGEL

En poursuivant la route vers Maras, on tombe en arrêt devant un spectacle inattendu: des milliers de taches blanches étincellent sur la cordillère. A flanc de montagne, 3.500 bassins sont alimentés par un rio salé. Des centaines de familles en vivent et récoltent à la main les précieux cristaux légèrement rosés, perpétuant un savoir-faire et des gestes répétés depuis les temps préincaïques.

Niveau 2.400 – La cité des nuages

Le trajet pour rejoindre la cité perdue de Machu Picchu est déjà une aventure en soi: d’abord prendre le train, celui-là même qu’emprunte l’ours Paddington pour traverser le Pérou, puis grimper, en bus ou à pied, à flanc de montagne, une route vertigineuse. Ensuite, le scénario diverge rarement: quasiment chaque matin, la brume masque complètement le site puis, tout d’un coup, les nuages sont évacués et la ville fantôme apparaît d’abord par pièces, puis dans sa totalité.

Posé entre deux énormes cônes rocheux, cerclé par la forêt et léché en contrebas par le rio Urubamba, Machu Picchu invite à la contemplation. Murailles, terrasses et rampes gigantesques sculptent les escarpements rocheux dont elles paraissent le prolongement. Les théories à propos de ses origines divergent: cité religieuse habitée par des prêtres, résidence impériale, ultime capitale inca... on n’en sait trop rien, si ce n’est que les Espagnols l’ont ignorée et qu’elle avait été désertée avant la conquête.

Niveau 4.000 – La civilisation du roseau

De Cuzco, la plus belle façon de rejoindre le lac Titicaca, c’est en train. Un fantastique parcours d’une journée à travers l’altiplano. Avec une seule halte à près de 4.330 mètres d’altitude à la chapelle de La Raya, rendue célèbre par le film « Le Grand Bleu »: à côté, quelques lamas et un marché indien où faire quelques emplettes. En traversant Juliaca puis en arrivant à Puno, le train se faufile entre les maisons et la foule. Les marchands qui ont disposé leur étal entre les rails retirent les auvents pour les remettre immédiatement après le passage du dernier wagon.

On frôle à nouveau les 4.000 mètres d’altitude à l’approche du lac, résidu d’une gigantesque mer préhistorique dont le sel a percolé vers les lacs inférieurs devenus les fameux salars. La plus belle façon de l’expérimenter, c’est de séjourner et partager la vie des communautés aymaras qui vivent sur le Titicaca, en réalité sur des îles flottantes faites de totora ! Poser le pied sur cette couche de 3 mètres de roseaux tressés donne l’impression de marcher sur un matelas. 2.500 personnes vivent dans cette Venise péruvienne, en étroit contact avec le lac, de l’élevage de truites et de canards mais aussi de l’artisanat. Un mode de vie unique au monde, l’occasion de se poser entre ciel étoilé et lac, prisonnier volontaire pour une nuit (ou plus) de cette étrange civilisation du roseau.

La récolte des cristaux de sel à Maras.
La récolte des cristaux de sel à Maras.© ERIC VANCLEYNENBREUGEL

PRATIQUE

Y aller : Spécialiste belge de l’Amérique latine, Sudamerica Tours propose des circuits en groupe ou itinéraires individuels à la carte. www.sudamericatours.be. Plusieurs compagnies aériennes assurent des vols vers Lima, mais pas au départ de Bruxelles. Compter sur 1 escale et +/-14 h de voyage.

Infos : www.peru.travel/fr.

Des paroissiens devant l'église de Chinchero.
Des paroissiens devant l’église de Chinchero.© ERIC VANCLEYNENBREUGEL
Un site archéologique sur l'altiplano.
Un site archéologique sur l’altiplano.© ERIC VANCLEYNENBREUGEL
Une fillette sur une embarcation en roseaux tressés.
Une fillette sur une embarcation en roseaux tressés.© ERIC VANCLEYNENBREUGEL
Machu Pichu, posée entre deux énormes cônes rocheux.
Machu Pichu, posée entre deux énormes cônes rocheux.© ERIC VANCLEYNENBREUGEL

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