Brigitte Everling sauve les batraciens

J’ai toujours trouvé que les grenouilles étaient de jolies bestioles. En voir une écrasée me fend le coeur », confie Brigitte Everling, 68 ans. Forte d’une formation de guide nature, l’ex-professeur de gymnastique a rejoint l’association Natagora en 2014. Elle coordonne l’opération de sauvetage des batraciens au parc de Woluwe (Bruxelles), durant leur migration de fin février à début avril.

« Au début de la saison, je place des panneaux d’avertissement dans le parc et des grillages sur les avaloirs, puis je donne rendez-vous sur place, chaque soir, aux différents bénévoles qui m’ont contactée. Nous sommes parfois jusqu’à une quinzaine, équipés d’un gilet jaune, de gants, d’une lampe de poche et d’un seau. Je donne d’abord une brochure de Natagora et des informations pour reconnaître les espèces aux participants avant de ramasser les batraciens dispersés dans le parc et de les déposer près de la mare où ils se reproduiront. Notre but est de les aider à franchir les obstacles comme les bordures et d’éviter qu’ils se fassent écraser.

Heureusement, les voitures sont interdites dans ce parc depuis deux ans mais il y a les trottinettes électriques, les vélos, les joggeurs... Nous leur faisons des signes de ralentir et nous leur montrons, dans la paume de notre main, un magnifique triton alpestre, par exemple, pour les sensibiliser à regarder où ils posent leurs roues ou pieds. Et ça marche! Je me souviens entre autres d’un cycliste revenu le lendemain en famille pour nous aider. C’est génial!

Les enfants sont d’ailleurs toujours émerveillés lors de cette opération. Je fais le comptage précis des différentes espèces, vivantes et hélas mortes, que je transmets à Natagora. Certains soirs, je ne trouve aucun batracien mais il m’arrive de recueillir une centaine de grenouilles rousses, vertes, de crapauds communs et de tritons. Plus j’en trouve, plus je suis contente, comme une gosse! Je me sens utile, responsable de la vie de ces batraciens. Je les adore, mais je n’irais pas jusqu’à embrasser un crapaud sur la bouche car j’ai mon prince charmant à la maison! »