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Biotechs, attention au mirage!

Combiner rendement financier élevé et soutien au développement de nouveaux médicaments, la promesse des investissements dans les biotechnologies semble idyllique. Mais le rêve peut rapidement se transformer en cauchemar.

Si vous aviez investi en 2019 dans BioNTech, vous auriez multiplié votre investissement par 10 en plus d’avoir contribué à la résolution de la crise du covid, le vaccin développé par la société allemande ayant été commercialisé par Pfizer. Le pionnier américain des biotechnologies, Amgen, vaut quasiment 800 fois plus qu’il y a quarante ans. Si vous vous intéressez au secteur biotechnologique, c’est le genre d’anecdote que vous verrez fleurir régulièrement. Vous y fier aveuglément peut toutefois vous coûter très cher, ces réussites étincelantes ne devant pas masquer les très nombreux échecs. Notamment sur Euronext Bruxelles qui est devenue une Bourse en vogue dans le secteur des biotechnologies, en partie grâce à un régime fiscal favorable.

Piètres performances belges

Oxurion était par exemple promise à un avenir radieux en 2013 quand elle s’appelait encore Thrombogenics. Son cours dépassait les 40 ? alors que son traitement oculaire innovant, le Jetrea, devait devenir un blockbuster. Hélas, les ventes n’ont jamais décollé et le titre ne vaut plus que quelques cents... Plus récemment, c’est la biotech liégeoise Mithra qui a déçu. Fondée par François Fornieri et Jean-Michel Foidart, elle se concentre sur le développement de traitements hormonaux à partir d’estetrol, une hormone naturelle. La pilule contraceptive commercialisée à partir de mars 2021 n’a toutefois pas reçu l’accueil espéré. Le cours de la biotech liégeoise s’est effondré de 83% l’année dernière.

Et on pourrait citer bien d’autres exemples. Celyad, MDxHealth, BioSenic, DMS Imaging ou Biocartis ont sombré sous 1 ? en Bourse. Seule la biotech d’origine gantoise ArgenX semble ainsi pleinement répondre aux promesses jusqu’à présent, avec un cours multiplié par 20 en 6 ans.

Un Secteur en plein boom

Un faible taux de réussite qui n’est certainement pas propre à la Belgique. Selon une méta-analyse de trois chercheurs du MIT publiée en 2018, seuls 6,9% des programmes lancés en études cliniques débouchent sur une commercialisation. Et seule une fraction de ces 6,9% génère des ventes importantes.

Malgré ce niveau de risques énorme, les perspectives de croissance sont réelles. Selon Acumen Research & Consulting, le marché des biotechnologies devrait croître de 15% par an à 1 345 milliards $ en 2030 grâce notamment au développement des immunothérapies, de l’ARN messager (comme les vaccins contre le covid), des thérapies géniques...

Des percées sont notamment attendues dans le traitement et la prévention du cancer, des maladies rares, du virus respiratoire syncytial (première cause d’infection respiratoire grave chez les nourrissons), de la malaria ou encore des maladies neurodégénératives (les laboratoires Eisai et Biogen devraient demander l’autorisation de commercialiser un premier traitement contre Alzheimer en 2023).

Diversifier largement

Pour soutenir ces recherches et profiter du potentiel du secteur des biotechnologies, la principale consigne est de diversifier vos investissements, par exemple via un fonds (voir encadré). Espérer sélectionner uniquement les bons numéros semble tout bonnement impossible. Même les analystes confirmés, cumulant souvent un bagage financier et des études scientifiques, n’y parviennent pas. Pas plus que les sociétés elles-mêmes.

En 2009, le groupe américain Merck avait par exemple hérité d’un anticancéreux expérimental auquel il ne croyait pas, au point d’interrompre le développement. Il l’a relancé en 2010 à la suite des bons résultats cliniques d’un programme basé sur le même mécanisme. Baptisé Keytruda, ce médicament a changé la donne dans le traitement de nombreux cancers et a généré des ventes de plus de 20 milliards $ en 2022...

Les fournisseurs d’équipement

À l’image des vendeurs de pelles et de pioches qui ont été les grands gagnants de la ruée vers l’or, la seconde solution pour profiter des perspectives favorables des biotechs est de miser sur leurs fournisseurs. Selon une étude réalisée par deux professeurs de la KU Leuven et de la London School of Economics, le coût moyen de développement d’un médicament est de 1,3 milliard de dollars...

Sartorius Stedim Biotech (SSB), coté sur Euronext Paris, est un des principaux fournisseurs mondiaux de solutions intégrées pour la recherche, la production et le contrôle qualité dans le secteur biopharmaceutique. Affichant une capitalisation de près de 30 milliards d’euros, il reste assez peu connu des investisseurs, car il est contrôlé à près de 74% par le groupe allemand Sartorius. Ses performances n’en demeurent pas moins remarquables. SSB vise un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros en 2025, plus du double de 2020 et près du quadruple de 2017, tout en maintenant ses marges bénéficiaires à un niveau élevé.

Le leader du secteur est Thermo Fischer Scientific (Bourse de New York), 40e entreprise mondiale en Bourse. Ces quinze dernières années, son chiffre d’affaires a quasiment quintuplé grâce à sa croissance organique et des rachats. Le groupe américain est actif tant dans les équipements que les services (analyses, production en sous-traitance, formulation...) pour l’ensemble du secteur pharmaceutique.

Fonds d’investissement sur les biotechnologies

? iShares Nasdaq US Biotechnology (ISIN: IE00BYXG2H39 ; Bourse de Francfort ; frais annuels de 0,35%) est un fonds indiciel investissant dans les sociétés biotechnologiques cotées sur le Nasdaq américain et donc très exposé aux leaders américains ayant déjà développé et commercialisé plusieurs traitements comme Gilead ou Amgen.

? Xtrackers MSCI Genomic Healthcare Innovation (ISIN: IE000KD0BZ68 ; Bourse de Francfort ; frais annuels de 0,35%) est aussi un fonds indiciel, mais ciblant les entreprises actives dans les thérapies géniques au niveau mondial.

? Candriam Equities L Biotechnology (ISIN: LU0574798848 ; frais annuels de 2,41%) est le fonds actif le mieux noté par l’agence Morningstar dans le domaine des biotechs, il est géré par Rudi Van den Eynde depuis plus de vingt ans et affiche un rendement annualisé de près de 15% au cours des dix dernières années.

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