Le Terelj National Park, véritable paradis pour les fans d'équitation. © MYRIAM THYS

Au bout du monde

La Mongolie est le pays le moins peuplé du monde, un des derniers paradis naturels encore intacts, préservé du tourisme de masse, où le temps semble s’être arrêté. En route pour un roadtrip inoubliable.

Embouteillages monstres et chauffeurs kamikazes. La surprise est totale à Oulan-Bator, capitale du pays réputé pour sa faible densité de population. Avant la prise de pouvoir par le parti du peuple mongol en 1921, la ville ne comptait qu’une seule maison en pierre en plus des palais et des temples. Depuis lors, la moitié des trois millions de Mongols y ont élu domicile et le réseau routier est resté quasi identique. Muselé sous Staline, le bouddhisme a su renaître de ses cendres et des lieux de culte comme le magnifique monastère de Gandantegchinlin, le temple de Choijin Lama et le palais d’hiver du Bogdo Khan font tout le charme de la cité. Pas question de quitter Oulan Bator sans voir, à une cinquantaine de kilomètres de là, la statue gigantesque de 40 mètres de hauteur de Gengis Khan, le héros national qui a fait de la Mongolie un des plus vastes empires du monde au XIIe siècle. Ensuite, cap sur le superbe parc naturel de Ghorki-Terelj parsemé d’edelweiss.

Les étonnantes formations rocheuses de Tsagaan Suvarga.
Les étonnantes formations rocheuses de Tsagaan Suvarga.© MYRIAM THYS

UN GRAND VIDE

Bye bye les embouteillages. Désormais, la vie sera rythmée par le pas des chameaux nonchalants, des chevaux sauvages, des chèvres et des yacks. Le désert de Gobi, l’un des plus grands du monde, est recouvert de steppes verdoyantes qui s’étendent à l’infini, avec de-ci de-là quelques yourtes qui évoquent des champignons blancs. L’herbe et le ciel fusionnent dans l’immensité et la beauté du « rien » me submerge.

DE QUOI PERDRE LE NORD

Dans ce grand vide surgissent tout à coup les formations granitiques de Baga Gazariin Chuluu surnommées les Rocheuses de Mongolie. Nous faisons confiance au sens de l’orientation de notre guide dans ce dédale de pierre. Heureusement, il y a toujours une yourte dont les habitants peuvent nous indiquer le chemin. Pas question de repartir sans prendre un grand bol d’ airag, du lait de jument fermenté. Mieux vaut ne pas vider son bol sans quoi, notre hôte se fait un plaisir de le remplir à nouveau. La communication passe assez bien grâce à notre guide. J’ai dormi comme un bébé cette première nuit passée dans une yourte. Les rondeurs de la tente procurent une formidable sensation de bien-être et de sécurité.

Des chevaux sauvages près des dunes de Khongoryn Els.
Des chevaux sauvages près des dunes de Khongoryn Els.© MYRIAM THYS

DÉTOX NUMÉRIQUE

Au loin j’ai l’impression d’apercevoir une vieille ville en ruines. Tsagaan Suvarga est un phénomène géologique unique en son genre. Ces formations rocheuses érodées par le vent s’élèvent comme par enchantement au-dessus de la vaste plaine verdoyante. Composés de différents minerais qui changent de couleur une fois exposés à l’air, les rochers sont tantôt blancs, tantôt roses ou orangés, et contrastent avec le grès rouge vif des falaises.

Des troupeaux de chameaux paissent dans ce paysage féerique. Les vautours, eux, se délectent des carcasses abandonnées. Cap sur la vallée des Rapaces où se dressent trois des plus hauts sommets de la région. Les pikas ou lièvres siffleurs gambadent allègrement dans le lit de la rivière et nous observent de loin. Notre destination finale est une rivière gelée et une chute d’eau dans un étroit canyon mais vu les chaleurs estivales de cette année, le spectacle n’est pas au rendez-vous. Un bon repas et du vrai café m’aident à oublier ma déception. Et la détox numérique me fait un bien fou. Aucune distraction wifi n’égale un aussi beau ciel étoilé.

DES DUNES MUSICALES

Plus au sud se dresse le matif montagneux de l’Altaï qui s’étend de la Sibérie à la Mongolie. Au pied de la montagne escarpée se trouvent de grandes dunes de sable, Khongoryn Els, le point le plus méridional de mon périple, non loin de la frontière chinoise. Le long de cette masse de sable de 100 km serpente une petite rivière où se désaltèrent les chevaux sauvages. Face à la plus haute, j’ai l’impression d’avoir atterri sur une autre planète. Surtout lorsque le vent fait chanter le sable qui tourbillonne inlassablement. Les chameaux que nous devions louer à une famille nomade sont en vadrouille depuis quelques jours. Qu’à cela ne tienne: la grand-mère enfourche sa moto pour partir à leur recherche. En attendant, une autre famille propose de nous dépanner. Même sans selle, les déplacements à dos de chameau sont assez confortables. J’ai vraiment l’impression d’être l’héroïne d’un documentaire.

Le vélo a aussi sa place dans la yourte.
Le vélo a aussi sa place dans la yourte.© MYRIAM THYS

LE JURASSIC PARK MONGOL

« C’est ici que Roy Chapman Andrews, le paléontologue dont s’inspire le film Indiana Jones, a trouvé des oeufs de dinosaure fossilisés il y a un siècle », explique le guide. Me voici à Bayanzag, la version mongole de Jurassic Park, un site que Roy Chapman a surnommé les Falaises enflammées. Les falaises de sable se teintent en effet de rouge vif au coucher de soleil. Avant d’attaquer une nouvelle journée, la yourte est dressée au bord de la rivière Ongi, non loin d’Ongyn Khiid, les ruines d’un ancien temple bouddhiste. Ma seule et unique chance de piquer une tête dans l’eau. Je ne me fais pas prier.

Pour fêter mon dernier jour dans le désert de Gobi, une éleveuse de chevaux m’invite à partager son déjeuner. Des milliers de souris des steppes rôdent autour de la yourte alors que quatre aigles tournoient au-dessus de nos têtes. Notre hôtesse prépare des dimsum. Qui sont accompagnés, bien sûr, d’un grand bol d’ airag! Le meilleur qui soit d’après notre guide qui vide pas moins de sept bols pour rendre hommage à notre hôtesse. Son frère est champion de lutte. La lutte et le tir à l’arc sont les deux sports les plus populaires en Mongolie. L’athlète qui se nourrit quasi exclusivement d’ airag est indéniablement très costaud. Il tient à sa tabatière comme à la prunelle de ses yeux mais il ne résiste pas au plaisir d’une cigarette venue tout droit de Belgique.

Le Bouddha du monastère de Gandantegchinlin à Oulan-Bator.
Le Bouddha du monastère de Gandantegchinlin à Oulan-Bator.© MYRIAM THYS

PRATIQUE

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SÉCURITÉ: sécurité sanitaire pays par pays, sur www.diplomatie.belgium.be/fr

Une petite fille nomade.
Une petite fille nomade.© MYRIAM THYS
Un camp de yourtes dans le désert de Gobi.
Un camp de yourtes dans le désert de Gobi.© MYRIAM THYS

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