© frédéric raevens

Alexandre Hannesse réalise des portraits en mégots

Lors de la visite d’une exposition, en 2006, à Bruxelles, j’ai vu une enseigne « No smoking » réalisée à base de bouts de cigarettes. Une révélation! Depuis, j’utilise cette matière pour créer des portraits », explique le plasticien et photographe Alexandre Hannesse, 51 ans.

« Mon premier tableau, c’était le visage de Che Guevara conçu avec environ 25.000 mégots récupérés cendrier par cendrier, ici et là. De fil en aiguille, j’ai ramassé ces déchets dans les cendriers publics bruxellois pour réaliser d’autres portraits exploitant le thème de la nocivité. Concrètement, j’étale les mégots sur une grande table, je les épluche et je les traite au polyester pour neutraliser leur odeur nauséabonde et les coller sur une plaque de bois ou sur une toile. L’encadrement comprend des morceaux de vinyle s’il s’agit de chanteurs, mes modèles préférés.

J’ai notamment fait des portraits de Johnny Hallyday et de Serge Gainsbourg en mégots. Ces oeuvres font mouche puisque le sujet et la matière sont fusionnels. On ressent presque l’ambiance de la scène! En règle générale, je crée le portrait de personnes ayant une mauvaise hygiène de vie. La nocivité, omniprésente, constitue une source d’inspiration incroyable et le résultat est top! Il s’agit, en réalité, de pixellisation de mégots. Transformer le rebutant en art me passionne... Je réalise d’ailleurs aussi des tableaux à base de particules fines que je récupère dans les pots d’échappement. A l’aide de ces rejets de CO2 et d’un simple coton tige, j’ai fait le portrait de la militante écologiste suédoise Greta Thunberg ou encore de l’ex-pdg de la société pétrolière ExxonMobil pour dénoncer la pollution. J’appelle ces oeuvres des « smographes » (smog). Des dizaines de fois, j’ai exposé mes photos portant sur les herbicides, les ogm, le dopage, l’alcoolisme, etc. ainsi que mes tableaux en mégots et mes « smographes ». J’aime étonner les visiteurs et leurs retours positifs me nourrissent. Je suis le seul à faire du Nocif’Art, le fruit artistique d’une société malade de ses effroyables excès, de son système de surconsommation. Mon rêve serait que cet art soit reconnu comme un mouvement. »

INFOS: www.nocifart.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire