Adieu le cash... ou pas ?

Parmi les nombreux phénomènes liés à la crise du coronavirus figure la très active promotion faite en faveur des paiements par carte bancaire, sans contact de préférence. Ou, mieux encore, au moyen d’une application sur son smartphone. Il s’agit en même temps d’une véritable campagne de dénigrement à l’égard de l’argent cash. Honnis soient les pièces et billets, ces diaboliques vecteurs de contamination !

Que la monnaie fiduciaire, puisque tel est son nom officiel, soit  » sale  » dans le sens hygiénique du terme tombe sous le sens et il m’a toujours surpris – je devrais écrire dégoûté – qu’un boucher prenne votre morceau de viande avec la main qui vient de rendre la monnaie au client précédent. Plus objectivement, une étude suisse réalisée en 2007 a démontré que le virus de la grippe pouvait coller à un billet de banque pendant trois jours. Certains estiment toutefois que  » la circulation de la monnaie contribue à entretenir l’immunité humaine face aux microbes bénins les plus courants « . Aussi vrai que l’excès d’hygiène rend très vulnérable. Soit.

Voilà plusieurs années que le monde bancaire belge plaide pour la (presque) disparition du cash. Avec, entre autres arguments, le fait que sa manipulation revient très cher. Febelfin, la fédération professionnelle du secteur, évoque un coût global de 129 ? par habitant et par an, ce qui serait effectivement considérable. Le Covid-19 sera-t-il donc le fossoyeur des pièces et billets ? La crise a clairement mis le turbo au mouvement en cours. Déjà très en pointe sur la question, le patron de Belfius en a remis une couche en juin, lors de l’accord signé avec Proximus :  » Les deux sociétés soutiendront l’évolution vers une société sans argent liquide « .

La résistance n’a toutefois pas (complètement) baissé les bras. Même le citoyen ne réalisant ni transaction délictueuse ni achat honteux peut en effet ne pas souhaiter pouvoir être complètement pisté dans ses achats, et du même coup dans ses déplacements. D’où le slogan : le cash, dernier rempart de ma liberté ! Autre argument : on imagine le désastre en cas de panne géante ou, pire, de cyber-attaque !

Les pièces et billets en circulation représentent environ 10 % du PIB dans la zone euro et plus encore en Allemagne et en Autriche. L’Europe germanique sera-t-elle donc le fer de lance de la résistance ? Surprise : voilà qu’elle arrive de Suède. Ce pays est, avec la Norvège, le roi des paiements numériques (même pour la quête dans les églises ! ) avec des espèces pesant 1 % à peine du PIB. Mais Stockholm a fait marche arrière : une loi votée à la fin 2019 impose aux banques de fournir aussi des services en argent liquide. Pour des raisons sociales, car le tout numérique creuserait les inégalités. Alors, le cash doit-il disparaître ou pas ? Il est vrai que 129 ? par an, c’est beaucoup. Certains considèrent toutefois que c’est le prix à payer pour éviter Big Brother.

Société ayant presque banni les espèces, la Suède a fait marche arrière.

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