Adaptez votre alimentation

Pour beaucoup de personnes atteintes du syndrome du côlon irritable, s’alimenter est source de stress. Un régime adapté peut faire des miracles !

Ces dernières années, les cas de syndrome du côlon irritable (SCI) se sont multipliés. Il semble que l’affection gagne du terrain, entre autres à cause de notre importante consommation de fibres.  » Les fibres sont excellentes pour la plupart des gens et je comprends qu’on conseille leur consommation. Mais elles ne conviennent pas à ceux qui manifestent une hypersensibilité de l’estomac et des intestins, ce qui est le cas de celles atteintes du SCI. Chez elles, les fibres peuvent provoquer des douleurs ou les exacerber « , analyse Danny De Looze, gastro-entérologue.

PAS D’ANOMALIES

Le SCI révèle un défaut de fonctionnement du tube digestif.  » Lors d’examens on ne décèle pas d’anomalie ou d’inflammation, même si les patients présentent des douleurs abdominales chroniques.  » Typiquement, la douleur s’atténue après les selles. Autre caractéristique : l’urgence de se rendre aux toilettes.  » Les patients ressentent souvent un besoin soudain et, s’ils ne trouvent pas immédiatement de toilettes, ils sont incapables de retenir leurs selles. Certains souffrent de constipation, d’autres de diarrhée, quand ce n’est pas des deux. Chez les personnes âgées, la diarrhée est plus fréquente. Parmi les autres symptômes, on peut encore citer des problèmes de ballonnement et de flatulences et un ventre visiblement gonflé. « 

DES INTESTINS ÉTIRÉS

Les personnes présentant une hypersensibilité intestinale ressentent des choses qui passent généralement inaperçues chez les autres.  » La douleur résulte presque toujours de l’étirement des intestins, car les récepteurs de la douleur sont situés dans la paroi intestinale. Des tests lors desquels on gonfle un ballonnet dans les intestins ont montré que les patients atteints de SCI ont un seuil de la douleur très abaissé. Avant, on pensait, à tort, que des gaz s’accumulaient du fait d’avoir avalé trop d’air. Mais la cause première est la fermentation, qui intervient lorsque les bactéries intestinales digèrent les aliments, libérant de l’énergie « , poursuit le Pr De Looze. Les gaz sont un sous-produit de cette fermentation et l’organisme les élimine par des vents ou par l’expiration. Mais une production trop importante de gaz ou le fait de retenir ses vents provoque la dilatation des intestins. En cas de SCI, les douleurs sont intenses. Ceci explique pourquoi les aliments riches en fibres, amplifient le processus de fermentation.

LE RÔLE DE L’ALIMENTATION

Le meilleur traitement consiste à modifier son alimentation.  » Cela signifie opter pour des aliments qui produisent moins ou aucun gaz dans les intestins. Voilà pourquoi un régime sans gluten donne de très bons résultats. Mais il ne s’agit pas tant de supprimer le gluten que de réduire les quantités de pain brun, de riz complet, etc. qui amplifient le phénomène de fermentation. Un régime sans gluten permet d’éliminer automatiquement quantités de fibres de blé et d’autres aliments du même type. On conseille aussi d’éviter le lactose, contenu dans les produits laitiers, qui provoque beaucoup de gaz « 

RÉGIME PAUVRE EN FODMAP OU SIMPLE BON SENS ?

On a longtemps recommandé le régime pauvre en FODMAP (Fermentescibles, Oligosaccharides, Monosaccharides (and) Polyols). Ce régime exclut de très nombreux produits fermentescibles, tels que les céréales, certains fruits et légumes, les légumineuses, les produits laitiers, l’ail et le miel, etc.

 » Le problème de ce régime est qu’il est très restrictif et presque impossible à suivre à long terme. De plus, du fait des interdits qu’il comporte, il appauvrit à terme la flore intestinale. Aujourd’hui, on lui préfère un régime sain dont des recherches en double aveugle ont montré qu’il est aussi efficace. Faites l’inventaire de ce que vous mangez habituellement et éliminez le plus possible de fibres et de produits provoquant des gaz. Etant donné que tous les organismes réagissent différemment au SCI, il n’y a pas d’autre moyen que de procéder par essais et erreurs en se basant sur la liste des produits riches en FODMAP. Bien entendu, les quantités jouent également un rôle ! « 

LES TRAITEMENTS

Si le changement d’alimentation ne suffit pas, le médecin prescrira des médicaments.  » En cas de constipation, des laxatifs en lieu et place des fibres. En cas de diarrhée, le lopéramide peut ralentir le transit tandis que des fibres d’ispaghul, qui ne produisent pas de gaz, permettent de raffermir les selles. « 

Les transplantations fécales, elles, n’ont pas permis d’obtenir d’amélioration durable.  » En revanche, les médicaments à base de bactéries intestinales, qui sont en plein développement, semblent prometteurs. Le SCI est traité par manipulation du microbiote ou de la flore intestinale elle-même. « .

Conseils diététiques

Le pain brun léger, les pâtes blanches, la laitue, les tomates, le concombre sont (généralement) autorisés

Les fibres de certains fruits provoquent peu de fermentation. Le kiwi est recommandé, surtout en cas de constipation. Mais il faut se montrer plus prudent avec les fruits riches en FODMAP, comme les pommes par exemple et particulièrement la peau.

Prudence également avec les jus de fruits et les boissons gazeuses qui contiennent beaucoup de sirop de fructose qui attise la fermentation. Le café (caféine) provoque la contraction du côlon et stimule le transit. Peu recommandé en cas de diarrhée.

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