© getty images

5 stars belges sous la loupe

Est-ce le moment pour l’investisseur de s’intéresser à des fleurons comme AB InBev, bpost, KBC, Proximus et D’Ieteren?

Au cours des quinze dernières années, de 2007 à 2021, le Bel 20 a affiché un recul de 2%. Un piètre bilan à expliquer de différentes manières. La première est structurelle. Le Bel 20 a pâti d’une surexposition aux valeurs financières (KBC, Ageas et ING jusqu’en mars 2021) et d’un manque d’actions technologiques.

La deuxième explication est individuelle avec certaines valeurs qui ont déçu comme AB InBev. Le géant mondial de la bière a peiné à digérer la reprise de son plus proche poursuivant, SAB Miller, pour 106 milliards $. Fin 2021, le groupe belgo-brésilien affichait toujours une dette brute de plus de 76 milliards $. Les plongeons de bpost, qui a quitté l’indice en 2019, et de Proximus ont aussi pesé sur le Bel 20.

Un Début de reprise

Au cours de l’année dernière, la tendance a toutefois semblé s’inverser pour notre Bourse. Elle fait même partie des bons élèves du début d’année, ayant mieux résisté à la rechute des marchés alors que les géants technologiques ont perdu de leur superbe. Est-ce le signe qu’on peut s’attendre à une reprise des grands perdants des dernières années sur Euronext Bruxelles? Nous avons sondé les marchés et les analystes.

AB InBev

Avec une capitalisation boursière de près de 100 milliards ?, AB InBev demeure LA valeur de référence sur Euronext et le seul représentant belge de l’Eurostoxx 50 (indice des 50 principales actions de la zone euro). Le groupe écoule près d’une bière sur cinq dans le monde. Toutefois, cette domination est aujourd’hui plutôt pesante.

Dans les pays occidentaux, les volumes écoulés diminuent nettement et les consommateurs privilégient les bières artisanales. Les marchés autrefois porteurs comme la Chine ou le Brésil connaissent aussi une stagnation, voire une baisse. Les brasseurs doivent innover sans cesse pour éviter de perdre des parts de marché, ce qui engendre des surcoûts. Confronté au recul de ses résultats, AB InBev s’est séparé de son patron historique, Carlos Brito, et a revu son organisation. Le nouveau chief growth officer sera chargé de relancer la dynamique commerciale du groupe, notamment en misant sur la bière sans alcool.

Aujourd’hui, la majorité des analystes recommande le titre à l’achat. Pour Fernand de Boer de DegroofPetercam, les chiffres des derniers trimestres démontrent que « la stratégie d’expansion, lancée début 2018, commence à porter ses fruits ». Il estime ainsi que le groupe va pouvoir réduire son lourd endettement grâce la croissance de 17% par an de ses bénéfices jusqu’en 2023.

bpost

Introduit en Bourse en 2013 au prix de 14,50 ? par action, bpost a connu des débuts idylliques avec une progression du cours et de généreux dividendes. En 2017, l’opérateur postal rachète le groupe américain Radial (logistique pour l’e-commerce). Mais la fête s’arrête le 14 mars 2018. bpost plonge en Bourse après avoir prévenu qu’il devait revoir ses perspectives de résultats en raison de la chute accélérée des volumes de courrier et des chiffres mitigés de Radial. Le groupe n’est pas encore parvenu à redresser la tendance depuis et a été évincé du Bel 20 en 2019.

Le scepticisme reste de mise du côté des analystes, la majorité ayant un avis neutre/conserver. Malgré l’amélioration observée chez Radial, Marc Zwartsenburg, analyste chez ING, épingle les défis de bpost: la disparition du soutien de la pandémie (livraison de colis), l’indexation des salaires, la baisse des subventions, la concurrence croissante d’Amazon et l’impact de la TVA sur les échanges transfrontaliers.

KBC

Même si elle n’a pas pu renouer avec ses sommets de 2007 en Bourse, KBC est la grande banque belge à s’être le mieux sortie de la crise financière de 2008 et la seule toujours cotée sur Euronext Bruxelles. La remontée des taux en cours depuis l’année dernière est en principe une bonne nouvelle pour les banques qui peuvent ainsi améliorer leurs revenus d’intérêts sur les crédits octroyés. Cependant, le ralentissement économique provoqué par l’inflation élevée et la hausse des faillites après les moratoires entraînent une hausse des non-remboursements et donc des pertes sur crédits. Cette conjonction de facteurs contraires incite les analystes à la prudence et à des avis neutres.

Proximus

Proximus alterne le bon et le moins bon depuis son introduction en 2004. Le titre connaît des périodes fastes, mais ne parvient jamais à confirmer ses gains. Les marchés espéraient que les investissements dans les nouveaux réseaux (fibre optique, 5G) lui permettraient d’améliorer ses revenus, mais ce n’est pas le cas. De par la position de la Belgique, Proximus était aussi cité comme cible potentielle d’un grand opérateur en cas de consolidation du secteur au niveau européen. Mais cela n’a jamais véritablement démarré en raison des interventions des autorités de la concurrence. La dynamique des résultats reste atone. Le rendement du dividende est certes attractif à plus de 7% brut, mais les activités de Proximus ne génèrent pas assez de trésorerie pour le payer. En simplifiant, l’opérateur doit donc s’endetter pour payer son dividende. Sans surprise, les analystes sont donc très méfiants et ,fait assez rare, la majorité a même un conseil négatif (réduire ou vendre).

D’Ieteren, le chouchou des analystes

Le chouchou des analystes est D’Ieteren, les conseils sont à l’achat. Le groupe diversifié est le distributeur des marques Volkswagen en Belgique, l’actionnaire majoritaire de Belron (Carglass), le propriétaire des carnets de note haut de gamme Moleskine et un actionnaire de référence de TVH, un des principaux distributeurs mondiaux de pièces détachées pour les équipements de manutention, de construction, industriels et agricoles. D’Ieteren a pour objectif de quasiment doubler son profit avant impôt ajusté à 950 millions ? en 2025.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire