Goethe et Schiller sur la Theaterplatz. © IMAGESELECT

Weimar, une excursion dans l’Allemagne d’hier et d’aujourd’hui

Flâner dans les rues de Weimar, c’est comme feuilleter un livre d’histoire européenne. Ce n’est pas un hasard si cette ville au charme discret attire depuis toujours les grands penseurs et les artistes en tous genres.

Du réformateur Luther au romancier Goethe en passant par le philosophe Nietzsche sans oublier le célèbre architecte belge Henry Van de Velde et les avant-gardistes de Bauhaus, tous ont séjourné et créé dans la modeste cité de Weimar. Cette ville de l’ancienne Allemagne de l’Est n’a pourtant rien d’un musée en plein air. Au contraire, Weimar est une bourgade très animée du fait de la présence de nombreux étudiants, représentative de l’Allemagne d’aujourd’hui et d’hier avec ses quartiers qui n’ont rien perdu de leur charme romantique de l’époque de Goethe. Voici quatre sites à ne manquer sous aucun prétexte.

L’UNIVERSITÉ BAUHAUS

Apparu à Weimar il y a une centaine d’années, le courant architectural Bauhaus a laissé son empreinte indélébile à la Bauhaus Universität, dont les bâtiments restent d’un modernisme époustouflant. Le fondateur, l’architecte allemand Walter Gropius, aspirait au fonctionnalisme qui fusionnait architecture et arts appliqués, considérés comme des arts mineurs. Gropius y a ouvert une école d’architecture et une école d’arts et métiers. Inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco, les deux bâtiments se font face. L’université Bauhaus a su attirer des professeurs célèbres comme Paul Klee et Vassily Kandinsky à ses débuts.

La visite commence au Bauhaus Atelier qui donne accès au hall d’entrée du bâtiment central. Au pied du magnifique escalier en spirale, on découvre une oeuvre du sculpteur français Rodin. Baptisée Eve, c’est un cadeau de Rodin à son ami Henry Van de Velde. Les bâtiments sont conformes à l’esprit Bauhaus : modernistes, multifonctionnels et intelligemment conçus, avec des bas-reliefs, des peintures murales et des ornementations spéciales. Des visites guidées sont organisées par les étudiants. Clou de la visite : le bureau de direction de Walter Gropius.

Conçu pour l’exposition de 1923, c’est une combinaison astucieuse de cubes et de modèles mathématiques. La place et la taille de chaque meuble, de chaque objet ont été minutieusement calculées. Déplacer quoi que ce soit serait un sacrilège ! Cette pièce d’exposition avait pour but de choquer les contemporains conservateurs, adeptes du style Biedermeier. Pour admirer d’autres constructions Bauhaus, rendez-vous de l’autre côté de la ville où un nouveau musée éponyme a été récemment inauguré.

L'entrée de l'université Bauhaus.
L’entrée de l’université Bauhaus.© GETTY IMAGES

LE PARK AN DER ILM

En face de l’université s’étend le Park an der Ilm, le poumon vert de la ville. À l’entrée se dresse la maison du compositeur Franz Liszt qui a séjourné ici à l’instar de Bach et de Mozart. La cohabitation de cet immeuble classique et des bâtiments modernistes du Bauhaus résume à elle seule le double visage de Weimar : à la fois conservateur et bourgeois, pionnier et avant-gardiste.

Le Park an der Ilm, jardin à l’anglaise aménagé le long de la rivière éponyme, abrite un trésor historique. En son centre trône une grande maison d’été, cadeau de la duchesse Anna Amalia à Goethe pour l’attirer à Weimar. Mécène dans l’âme, Anna Amalia a tout fait pour que la ville devienne au XVIIIe siècle un foyer intellectuel, artistique et culturel capable d’attirer les penseurs, les poètes et les artistes les plus talentueux de leur temps. Goethe était l’un d’eux... L’écrivain y a passé une bonne partie de sa vie et écrit  » Faust  » dans sa chambre avec vue imprenable sur la rivière Ilm. Après sept ans, Anna Amalia a mis à sa disposition une maison plus spacieuse en plein centre-ville, aujourd’hui transformée en maison de Goethe et musée national Goethe.

Une histoire d’amour a connu une fin tragique au pied de l’escalier datant du temps de Goethe. Une jeune femme s’y est suicidée, le roman de Goethe  » Les Souffrances du jeune Werther  » dans les mains. Goethe en a été profondément bouleversé, dit-on. Le personnage principal de son livre cède à la main inspiratrice de la mort pour oublier son échec amoureux.

Les fresques murales de la cage d'escalier.
Les fresques murales de la cage d’escalier.© IMAGESELECT

LA MAISON DES HAUTS PEUPLIERS

Pour visiter la Haus Hohe Pappeln (Les Hauts Peupliers), direction la banlieue de Weimar. Cette maison ingénieuse, construite par l’Anversois Henry Van de Velde appartient aujourd’hui à la Klassik Stiftung qui en autorise la visite. Encore méconnu en Belgique, Henry Van de Velde s’est installé à Weimar à la fin du XIXe siècle pour participer à la modernisation de la ville. Directeur de l’École des Métiers d’Art, il a contribué à l’émergence du mouvement Bauhaus. Sa maison est un superbe exemple de sa conception avant-gardiste de l’architecture.

Cet immeuble est une oeuvre globale où chaque meuble, chaque détail a été pensé, du système de chauffage aux poignées de porte, du tissu des tentures aux couverts de table, des carrelages peints à la main au bac à parapluies, et même les vis ! Le tout dans un style épuré et hyper fonctionnel, avec des trouvailles géniales comme une installation d’aération. À l’intérieur, chaque pièce de la maison est conçue en fonction de son affectation, avec un balcon à chaque point cardinal pour profiter au maximum de la lumière du jour ! Van de Velde avait horreur des ornements inutiles : ce sont les matériaux qui constituaient les éléments décoratifs. L’architecte poursuivait aussi une mission sociale : améliorer les conditions de vie de chacun en encourageant la collaboration des arts dits nobles et de l’artisanat, le fondement de la production de masse.

La maison Hohe Pappeln, pensée dans ses moindres détails par Henry Van de Velde.
La maison Hohe Pappeln, pensée dans ses moindres détails par Henry Van de Velde.© GETTY IMAGES

LA THEATERPLATZ ET LE MARKT

Impossible de rater la Theaterplatz dans le centre historique de Weimar. Cette place où trônent les statues de Goethe et Schiller est une des plus photographiées d’Allemagne. Le premier était directeur du théâtre, le second dramaturge. Cette place a également servi de décor à la rédaction de la première constitution allemande au lendemain de la Première Guerre mondiale. La république de Weimar a été proclamée dans le modeste théâtre national, à l’ombre des statues. Un événement célébré dans le tout nouveau musée en face du théâtre.

En suivant les pittoresques ruelles piétonnes, on débouche au Markt où se dresse l’hôtel cinq étoiles Elephant, un des plus connus d’Allemagne. Entièrement rénové, l’hôtel est une véritable perle d’Art déco et de modernisme. Nul besoin d’y résider pour déguster une tasse de café dans un décor absolument grandiose. L’endroit était régulièrement fréquenté par Adolf Hitler qui avait fait de l’hôtel un de ses quartiers généraux et qui y a prononcé plusieurs discours depuis le balcon. À Weimar se côtoient la petite histoire et l’histoire avec un grand H.

Pratique

Y ALLER : située à 600 km de Bruxelles, Weimar est facilement accessible en voiture.

SE LOGER : nous avons séjourné au Statthotel, légèrement excentré, à quelques minutes à pied du centre. www.statthotel-weimar.de

À VOIR : le camp de Buchenwald se trouve en-dehors de la ville. www.buchenwald.de

INFOS : www.visitweimar.de, www.klassikstiftung.de/bauhaus-museum-weimar

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