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Vrai ou faux ? Les plantes dépolluantes en 7 questions

En ville ou à la campagne, l’air que nous respirons est de plus en plus pollué. Et, selon certaines études, celui de nos maisons n’a rien à lui envier. Est-ce dès lors une bonne idée d’introduire des plantes vertes réputées dépolluantes dans son intérieur ?

A notre époque soucieuse de renouer avec les remèdes naturels, on a envie de croire à cette théorie séduisante. Parce que notre air intérieur, dans lequel nous passons 70 à 90 % de notre temps, est objectivement de plus en plus pollué par les produits que nous consommons (cosmétiques, fumée de cigarette, émanations de chauffage, parfums et bougies d’ambiance...) et par ceux que nous utilisons pour construire, décorer, mais aussi, meubler nos maisons. Et le fait que nous vivions dans des bâtiments de mieux en mieux isolés amplifie ce phénomène de saturation de l’air intérieur.

Le  » syndrome des bâtiments malsains « 

Cela ne fait plus aucun doute que la plupart des matières et matériaux qui nous entourent et que nous utilisons produisent des composés volatiles (aux doux noms de formaldéhyde, toluène, benzène...) qui sont toxiques pour la santé, provoquant ce que l’Organisation Mondiale de la Santé appelle le « syndrome des bâtiments malsains ». A forte concentration, ces polluants peuvent se révéler cancérigènes. A plus faible dose, ils génèrent allergies, crises d’asthme ainsi que maux de tête et la nervosité.

Aérez !

Devant un tableau aussi sombre, faut-il paniquer ? Non, à condition d’y être attentif. En réduisant, quand c’est possible, les causes de la pollution intérieure, en privilégiant l’utilisation de produits ménagers simples et naturels, en optant pour des matériaux écologiques... et, surtout, en aérant ! Pour éviter cet effet de confinement et renouveler l’air, c’est en effet essentiel aujourd’hui plus que jamais d’aérer nos intérieurs, quotidiennement. Un léger courant d’air de quelques minutes modifie déjà la qualité de l’air en profondeur, y compris en hiver!

Vrai ou faux ? Les plantes dépolluantes en 7 questions
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Les plantes dépolluantes en 7 questions

On lit de plus en plus que certaines plantes peuvent venir à notre rescousse pour purifier l’air de nos maisons. Elles absorberaient les composés volatils avec leur feuillage, les filtreraient et les digéreraient par leur racine pour les convertir en matières organiques parfaitement saines.

1. Les plantes d’intérieur améliorent-elles la qualité de l’air ? Oui !

Il est prouvé que la concentration de polluants dans un espace clos diminue en présence de plantes. Celles-ci absorbent ces composés volatils avec leurs feuilles mais aussi avec leurs racines. Par le processus dit de transpiration, les feuilles rejettent par ailleurs de la vapeur d’eau qui améliore la qualité de l’air dans la maison et le taux d’oxygène. Il est également établi que l’effet est proportionnel à la taille de la plante et à la surface des feuilles qui attirent la poussière en suspension.

2. L’effet des plantes sur l’air intérieur est-il déterminant ? Non !

En fait, il existe très peu d’études scientifiques sur la question, et très peu de scientifiques qui ont creusé la question. La seule grande étude dont tous les articles actuels s’inspirent encore est celle qui a été réalisée pour la Nasa dans les années 70-80 dans le but de trouver un moyen d’assainir l’air dans les capsules spatiales. L’idée n’a pas été retenue pour les navettes mais le Docteur Wolverton a démontré la capacité dépolluantes des plantes. Le taux des polluants diminuait légèrement en présence de plantes. Mais il l’a fait dans des conditions d’expérimentation si particulières (forte concentration de polluants, système d’aspiration de ceux-ci pour les concentrer...) que ses observations sont jugées peu concluantes pour un milieu normal.

Des chercheurs français ont tenté de les vérifier en conditions plus réalistes. La conclusion, c’est que les plantes captent des substances polluantes mais de manière trop marginales que pour avoir un effet déterminant sur l’air que nous respirons. Donc, oui aux plantes mais sans faire l’économie d’une bonne ventilation et d’une aération quotidienne.

3. Un Top-10 des plantes dépolluantes, est-ce crédible ? Non !

Les hit-parades des plantes dépolluantes sont très à la mode et récoltent un succès considérable. Hélas, ils ne sont pas crédibles ! La seule source qui est jamais citée est cette fameuse étude de la Nasa, qui a été effectuée sur une cinquantaine de plantes. Les plantes qui sont généralement nommées le sont parce que ce sont celles qui figuraient dans cette liste. Mais la vraie conclusion, c’était que toutes les plantes sont capables d’absorber à faible dose les composés volatils et autres polluants. Ce, dans des proportions variables selon leur taille, la température, le degré d’humidité... Toutes les plantes absorbent au minimum le formaldéhyde, principal polluant, et la plupart agissent contre le benzène, le toluène, l’ammoniac ou le xylène.

4. Les plantes d’intérieur sont-elles bonnes pour la santé ? Oui et non ...

Oui dans la mesure où elles purifient l’air ambiant (voir ci-dessus) mais de manière assez infime. Oui aussi, parce que c’est un peu de nature qui entre dans la maison, avec sa dose de vie, de zénitude et d’esthétique.

Mais pas de manière absolue si l’on tient compte de la dangerosité et toxicité de certaines d’entre elles, qui doivent notamment être tenues hors de portée des enfants, ou de leurs potentiels effets respiratoires ou cutanés sur les personnes allergiques. Le Ficus benjamina par exemple est souvent cité dans le déclenchement de crises d’eczéma. Par ailleurs, les plantes et leur terreau véhiculent pas mal de bactéries et de moisissures qui ne sont pas top pour la santé.

5. Peut-on se fier à l’étiquetage ‘plante dépolluante’ ? Non !

Ces plantes dépolluent, mais comme toutes les plantes, ni plus ni moins. L’Ademe, Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, aurait émis un avis défavorable à la volonté de certains groupes d’apposer une étiquette plante dépolluante sur les pots de plantes d’intérieur.

6. Les plantes d’intérieur absorbent-elles les ondes électromagnétiques ? Non !

D’après les informations que nous avons trouvées, affirmer que certaines plantes, comme le cactus, favoriseraient la dépollution électromagnétique ne repose sur aucun constat scientifique.

7. Est-ce déconseillé de dormir avec une plante dépolluante dans sa chambre ? Non !

On pense souvent que placer une plante verte dans une chambre est déconseillé. C’est une idée reçue à oublier au plus vite. Il est vrai que, dans la journée, sous l’action de la lumière, les plantes absorbent le gaz carbonique et rejettent de l’oxygène et que le phénomène s’inverse la nuit. Mais la quantité de CO2 qu’une plante rejette est infime par rapport à celle que rejette un être humain, et complètement inoffensive pour l’homme.

Les principaux polluants intérieurs et leurs sources

Benzène : parfums d’ambiance, peinture, produits d’entretiens, encres.

Formaldéhyde : colles, peintures, bois aggloméré, matériaux deconstruction, vernis à ongle, marqueurs feutres, produits isolants, fumée de cigarette, parfums d’ambiance, parquet stratifié, châssis PVC, papier peint, produits d’entretiens, moquette, textiles...

Toluène : mousse isolante, désodorisants, peintures...

Xylène : peintures, cires, encres.

Acétone : colles, peintures, cigarette, textiles.

Ammoniac : produits d’entretiens.

Trichloréthylène : produits d’entretiens et de bricolage, pesticides, textiles nettoyés à sec.

Monoxyde de carbone : feu ouvert, cuisinière, poêle à bois, chauffe-eau, cigarette, chauffage d’appoint...

Ondes électromagnétiques : télévision, wi-fi, chaîne hi-fi, téléphone sans sans fil, lavevaisselle, ordinateur, four à micro-ondes.

Les plantes vertes les plus souvent citées comme dépolluantes

Vrai ou faux ? Les plantes dépolluantes en 7 questions
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– Spatiphyllum (Fleur de lune)

– Aglaonema Anthurium (Flamant rose)

– Chamaedorea (Palmier bambou)

– Chlorophytum (Plante araignée)

– Dracaena (Dragonnier)

– Ficus benjamina (Figuier pleureur)

– Ficus elastica (Caoutchouc)

– Hedera (Lierre)

– Philodendron Scindapsus (Pothos)

Par Nicole Burette

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