Balade à cheval dans le bois de Stambruges.. © CORALIE CARDON-VISITWAPI.BE

Un automne en Wallonie picarde

Mer de sable, forêt inondée, drèves interminables... A l’ouest du Hainaut, le Parc naturel des Plaines de l’Escaut offre des paysages surprenants, magnifiés par les couleurs de l’automne.

C’est un point de vue sur la forêt auquel on est peu habitué. Celui des écureuils et des oiseaux, à hauteur de la canopée, 15 mètres au-dessus du sol. En cette saison, environné de feuilles aux couleurs flamboyantes, l’expérience est plaisante !

Le  » Promenoir des cimes « , passerelle de métal louvoyant entre les arbres, conclut en beauté la visite de l’Escale forestière, parcours didactique situé à l’orée de la forêt de Bon-Secours. Il constitue également une bonne porte d’entrée pour le Parc Naturel des Plaines de L’Escaut. Créé en 1996 en Wallonie picarde (ouest du Hainaut), ce dernier s’étend sur plus de 46.000 hectares le long de la frontière française, entre la métropole lilloise et le Borinage.

Le promenoir des cimes, en forêt de Bon- Secours
Le promenoir des cimes, en forêt de Bon- Secours© VISITWAPI – SERGE BRISON

Qu’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas ici d’une réserve naturelle à proprement parler, mais d’un territoire rural dont la forte identité et les paysages ont été jugés dignes d’être protégés. Si les bois recouvrent près de 20% de sa surface, on y retrouve aussi quantité de plaines humides, de bocages, de zones horticoles et de petits villages caractéristiques.  » La zone est même relativement peuplée, concède Valérie Vanoudewater, chargée de mission au parc. Mais de nombreux aménagements ont été créés pour mettre en valeur la nature, et développer au mieux la flore et la faune. Le concept de parc tient aussi compte des habitants, en promouvant l’agriculture durable, les produits locaux... « 

Un automne en Wallonie picarde
© CORALIE CARDON-VISITWAPI.BE

Si une route paysagère, à parcourir en voiture, permet d’en avoir un bon aperçu global, il serait dommage de ne pas quadriller la région à pied, à vélo ou à cheval. Son réseau cycliste de points-noeuds est l’un des premier à avoir été créé en Wallonie et plus de 500 kilomètres de sentiers y ont été balisés, émaillés de curiosités. C’est que la main de l’homme a influencé le paysage local. Des aménagements anciens, donnant parfois d’étranges résultats. Les marais d’Harchies en sont le parfait exemple : ici, le sol s’est affaissé par endroits, fragilisé par d’anciennes galeries de mine laissées à l’abandon. Autant de dépressions petit à petit envahies par l’eau, conférant aux lieux des allures de mangrove, couverte de troncs blanchis par des années d’intempéries. Avec le temps, certains se sont affalés au milieu des roseaux, tandis que d’autres continuent à percer la surface des flots, droits comme des sentinelles. Ils sont occupés en cette saison par quantité d’oiseaux migrateurs, au grand bonheur des passionnés d’ornithologie.

Fouette, cocher !

D’où viennent les bulles et les remous de la Fontaine bouillante ? Selon la légende, il y a de cela bien longtemps, une princesse avait rendez-vous avec le Prince de Ligne au château de Beloeil. Pressée d’arriver à bon port, elle exhorta son cocher à accélérer dans la forêt bordant le domaine. Négligeant toute prudence, celui-ci fit verser le carrosse dans un plan d’eau, tapissé de sables mouvants. L’équipage, les chevaux et la princesse y disparurent à tout jamais, condamnés à s’y noyer pour l’éternité.  » Chaque vendredi saint, on entendrait le cocher fouetter désespérément ses chevaux pour tenter de sortir le carrosse de l’eau, ajoute en souriant Carmelina Ricotta, chargée de communication à l’Oice du tourisme de Beloeil. Mais je n’ai jamais été vérifier... « 

L’ARBRE QUI SOIGNAIT LES MAUX

A quelques encablures de là, la forêt de Stambruges garde elle aussi d’étonnantes traces du passé. Les plaines humides asséchées et les anciennes carrières, exploitées dès l’Antiquité, ont contribué à façonner un paysage de landes atypique et tourmenté. Il s’ouvre sur une étendue sablonneuse incongrue,  » la Mer de sable « , à proximité de laquelle se trouve l’un des derniers arbres à clous du pays. Une tradition, dont l’origine remonte à l’époque païenne, veut qu’on y cloue des vêtements appartenant à un malade, afin que l’arbre  » absorbe  » la maladie et provoque la guérison. Au vu du nombre de chaussettes, manteaux et autres bonnets accrochés, la croyance semble toujours vivace ! Cette forêt sent décidément le mystère et le soufre, puisqu’on y trouve aussi une  » Fontaine bouillante « , petit plan d’eau d’où s’échappent continuellement de fines bulles. S’il s’agit simplement d’eau et de gaz remontant au travers d’une faille, les anciens expliquaient le phénomène par une tragédie mettant en scène les Princes de Ligne, les châtelains du château de Beloeil tout proche.

En haut à gauche, les Marais d'Harchies. À droite, le village d'Aubechioes.
En haut à gauche, les Marais d’Harchies. À droite, le village d’Aubechioes.© NICOLAS EVRARD

La demeure princière et son joli parc à la Française, parfois qualifiés de Versailles du Nord, sont inaccessibles à la mauvaise saison, mais il est possible d’en avoir un aperçu en parcourant la drève qui faisait autrefois partie du domaine et qu’empruntaient les carrosses. Faute de pouvoir aller plus loin, rien ne vous empêchera ensuite de pousser jusqu’au village tout proche d’Aubechies.

Célèbre pour son Archéosite – qui reconstitue fidèlement des habitats néolithiques, gaulois et gallo-romains – le patelin est aussi classé parmi les plus beaux villages de Wallonie. A raison : difficile de ne pas être charmé par ses fermes de caractère et sa place bucolique. Bordée par son église romane, construite sur un site antique, et une auberge au style suranné, elle offre un véritable paysage de carte postale. De quoi s’en mettre une dernière fois plein les mirettes et profiter du grand air, avant d’affronter les frimas de l’hiver !

Des balades à la carte

La Maison du tourisme de la Wallonie picarde propose de nombreuses combinaisons de points-noeuds ou d’itinéraires pédestres gratuitement téléchargeables sur www.visitwapi.be. Elles sont aussi disponibles à la vente en format papier, notamment sous la forme d’une box (Wapibox) reprenant 50 circuits. Bon à savoir : plusieurs balades ont été expressément prévues pour un public familial ou les marcheurs occasionnels. Deux de ces  » randofamili  » concernent justement la Fontaine bouillante et les Marais d’Harchies.

Pratique

Maison du Parc Naturel des plaines de l’Escaut, rue des Sapins 31, 7603 Péruwelz. 069779810 ou plainedelescaut. be

D’autres bons plans sur : www. plusmagazine.be > Escaut

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