© Photo Frédéric Raevens

Thuin, perle médiévale de la Sambre

Des jardins suspendus, les ruines fantomatiques d’une abbaye... Thuin en impose dès le premier coup d’oeil. Mais au-delà de son cachet indéniable, la cité hennuyère et ses environs recèlent d’autres merveilles!

Pour peu que le soleil soit de la partie, c’est plutôt le genre de petite ville qu’on imaginerait croiser au Sud de la France, ou dans la campagne italienne. Un ensemble hétéroclite de bâtiments agrippés à un éperon rocheux, d’où dépassent une imposante tour, quelques clochers, et autour desquels se devinent encore des pans de muraille. Un entrelac de venelles escarpées, tour à tour ombragées et baignées de lumière. Des coteaux tapissés de jardins en terrasse, où poussent, à l’abri du froid, pieds de vigne et arbres fruitiers. En réalité, seule l’architecture, bien de chez nous, rappelle que nous sommes en Belgique.

Les jardins suspendus de Thuin, dominés par l'imposant beffroi.
Les jardins suspendus de Thuin, dominés par l’imposant beffroi.© Photo Frédéric Raevens
Les ruines fantomatiques de l'abbaye d'Aulne.
Les ruines fantomatiques de l’abbaye d’Aulne.© Photo Frédéric Raevens

Il n’empêche: aux yeux du visiteur de passage, Thuin s’avère directement atypique. À cause de son beffroi, déjà. « Il se voit de très loin, d’où qu’on vienne, opine Swamini Decuir, guide à l’office du tourisme. Il ne fait « que » soixante mètres, mais comme il a aussi été bâti soixante mètres plus haut que la Sambre en contrebas, il est impossible de le manquer! » C’est aujourd’hui le point central de la ville, autour duquel la cité s’est construite depuis près de mille deux cents ans, multipliant les ruelles tortueuses et les petites maisons serrées les unes contre les autres. Mais si l’éperon rocheux a longtemps constitué un refuge sûr, la prospérité de la ville tient plutôt au fond de la vallée et à la rivière qui coule à ses pieds. « Thuin est historiquement une ville de bateliers, qui transportaient les marchandises sur la Sambre. » Aujourd’hui, un quartier des bateliers existe toujours au bord des flots, au nord de la ville, même s’il n’abrite plus que quelques rares mariniers retraités. Les lieux n’en gardent pas moins une atmosphère bien à eux, où des éléments de bateaux servent à décorer de minuscules maisonnettes, anciens pied-à-terre de ces marins d’eau douce.

De l’autre côté de la colline, côté sud, le décor change du tout au tout. C’est ici que s’élèvent, depuis le Moyen Âge, les jardins suspendus de la cité, classés patrimoine exceptionnel de Wallonie. « Il est possible d’y accéder via des visites guidées, explique Swamini Decuir. Les habitants de Thuin, eux, ont souvent leur accès propre, via des souterrains partant de leurs caves et passant sous les rues. » Petit conseil: si la visite de jardins s’avère intéressante, c’est de loin, notamment sur la colline du « Chant des oiseaux », que ceux-ci sont les plus jolis. Ces espaces verts emmurés bénéficient d’un tel microclimat que, depuis 2001, des vignes y ont été replantées et permettent d’obtenir un vin rouge doux, le « Clos des Zouaves », qui se consomme à l’apéritif.

Les jardins suspendus de Thuin, dominés par l'imposant beffroi.
Les jardins suspendus de Thuin, dominés par l’imposant beffroi.© Photo Frédéric Raevens
La Sambre et l'ancien quartier des bateliers, tout en constraste avec le reste de la ville.
La Sambre et l’ancien quartier des bateliers, tout en constraste avec le reste de la ville.© Photo Frédéric Raevens

Y pas de mal à se faire du bien

Et puisqu’on parle d’apéritif, sachez que les environs de Thuin abritent la distillerie de Biercée, la seule distillerie de fruits frais de Belgique. établis dans une ancienne ferme abbatiale, au sein du joli village de Ragnies, les maîtres distillateurs y confectionnent encore liqueurs, pékets et eaux-de-vie, selon un savoir-faire artisanal: tout se fait à l’odorat et au goût, à partir de superbes alambics de cuivre!

Histoire de dissiper les vapeurs d’alcool fruitées, voire plus, si vous vous êtes laissés tenter par une dégustation, pourquoi ne pas revenir à Thuin pour vous lancer dans une petite balade à vélo? En suivant la Sambre, vous atteindrez en quelques dizaines de minutes la majestueuse abbaye d’Aulne, brûlée par les révolutionnaires en 1793.

De ce monastère, autrefois plus grand que celui de Villers-la-Ville, il ne reste que des ruines, mais quelles ruines! D’immenses arches de pierre s’élançant à l’assaut du ciel, des portails écrasants de majesté dominent encore des murs envahis de plantes grimpantes. Pour peu que vous y accédiez en dehors des jours de grande affluence, il s’en dégage une atmosphère quasi mystique. « Il faut savoir que l’abbaye s’étend aussi sous nos pieds: les cisterciens ont bâti un réseau hydraulique souterrain de plus de trois kilomètres, pour irriguer les champs, faire tourner les moulins... et évacuer les déchets des latrines! » Toujours existantes, ces galeries abritent aujourd’hui des colonies de chauve-souris, dont une espèce désormais unique en Belgique.

L'ancienne bibliothèque de l'abbaye d'Aulne.
L’ancienne bibliothèque de l’abbaye d’Aulne.© Photo Frédéric Raevens
Les impressionnants alambics de cuivre de la Distillerie de Biercée.
Les impressionnants alambics de cuivre de la Distillerie de Biercée.© Photo Frédéric Raevens

En voiture!

Sur le trajet du retour, vous remarquerez peut-être des rails au niveau du sol: il s’agit des reliquats du vicinal, ancien chemin de fer secondaire qui parcourait autrefois la Belgique. Pendant près d’un siècle, des tramways ont parcouru ces 5.500 kilomètres de voies, qui desservaient jusqu’aux plus petits patelins. Envie d’en savoir plus? Thuin abrite justement le Musée du tramway vicinal. En pousser les portes, c’est pénétrer dans un lieu où règnent les odeurs douceâtres de rouages graissés, du vernis des banquettes en bois et de la vieille peinture. Gérés par des bénévoles, qui passent leurs week-ends à bichonner d’antiques machines, les lieux ont des allures de caverne aux merveilles: on y trouve une trentaine de trams des XIXe et XXe siècles – encore affublés de leurs vieilles publicités et de panneaux soulignant l’interdiction de cracher à bord! La sensation de faire un bon dans le passé est totale, et les passionnés ne sont jamais loin pour partager anecdotes et explications techniques. Clou du spectacle: la plupart des motrices et des wagons sont encore en état de marche. Les dimanches et jours fériés, il est possible d’embarquer à bord, pour une promenade à travers la campagne thudinoise. Aller jusqu’à Thuin, c’est décidément opter pour un voyage des plus dépaysants, sans quitter le pays!

Mais sans vouloir jouer aux rabats-joie, terminons tout de même par un avertissement: vous l’aurez compris, le relief de la ville et de ses environs est assez escarpé. Il se prête donc assez mal aux personnes à mobilité réduite ou ayant des difficultés à de déplacer. Mieux vaut prévenir...

Le Musée du tramway vicinal possède une trentaine de motrices et wagons de tram, parfaitement restaurés.
Le Musée du tramway vicinal possède une trentaine de motrices et wagons de tram, parfaitement restaurés.© Photos Frédéric Raevens

Pratique

Infos: tourismethuin.be – Nos bonnes adresses sur www.plusmagazine.be/thuin

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