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Stonehenge, le mystère résolu ?

Ann Heylens Journaliste

L’archéologue de renommée mondiale Mike Parker Pearson dévoile sa vision du mystérieux site de Stonehenge dans une exposition à ne pas manquer au musée gallo-romain de Tongres.

C’est sur une lande battue par les vents, à Salisbury, dans le sud de l’Angleterre, que s’élève le site de Stonehenge. Ce cercle de mégalithes hauts de 7 mètres, élevés vers l’an 3.000 avant J.C., a suscité au fil des siècles d’innombrables théories, des plus scientifiquement étayées aux plus farfelues : il s’agirait d’une machine astronomique préhistorique, d’une construction réalisée par Merlin l’Enchanteur, d’un temple druide celtique... Cette dernière supposition compte parmi les mythes qui ont la vie dure. Elle a d’ailleurs été relancée au XVIIIe siècle et perpétuée par les néo-druides qui se rassemblent chaque année à Stonehenge, le 21 juin, à l’occasion du solstice d’été. Pourtant, le site n’a rien d’un temple druidique : les druides celtes ne sont apparus qu’aux environs de l’an 500 avant notre ère, alors que Stonehenge existait déjà depuis deux mille cinq cents ans.

Des objets en terre, en cuivre, en or ou en silex.
Des objets en terre, en cuivre, en or ou en silex.

Alors quelle est la signification de ce cercle de pierres ? Mike Parker Pearson, dont les résultats de recherches sont reconnus par la communauté scientifique, dévoile sa Grand Theory dans une exposition dont il est le commissaire et qui se tient au musée gallo-romain de Tongres. Première certitude : Stonehenge a servi de cimetière. On a retrouvé sous terre des dizaines de tombes et, par ailleurs, 50 tumuli donnent sur le site. Dans nombre de cultures, la pierre symbolise la mort par son aspect durable et quasi indestructible. Stonehenge était donc un monument élevé aux morts.

Des objets en terre, en cuivre, en or ou en silex.
Des objets en terre, en cuivre, en or ou en silex.

Pearson est parti de l’idée que s’il y avait un site dédié aux morts, il devait aussi y avoir un endroit dédié aux vivants. Au début du XXe siècle, on a retrouvé, à 3,2 km au nord-est de Stonehenge, les vestiges d’un autre cercle néolithique : Woodhenge. Le bois, qui est un matériau périssable, symbolise, lui, la vie. Voici quelques années, Mike Parker Pearson a décidé d’y mener des fouilles avec son équipe. Son intuition était bonne : il a mis au jour les traces de dizaines d’habitations préhistoriques à Durrington Walls, ainsi que de nombreux objets usuels et des ossements d’animaux. C’est là que devaient vivre les hommes qui ont bâti Stonehenge. Stonehenge et Durrington Walls sont, selon lui, les deux moitiés d’un même complexe symbolisant la vie et la mort. Depuis Woodhenge et Stonehenge, une route menait à la rivière Avon qui devait revêtir une signification particulière.

des objets en terre, en cuivre, en or ou en silex.
des objets en terre, en cuivre, en or ou en silex.

À 240 km de là...

L’exposition met en lumière cette théorie à l’aide d’animations, de reconstitutions, de figurines et de bijoux retrouvés dans les tombes et sur le site de Durrington Walls. Certains n’ont encore jamais été exposés et viennent des réserves archéologiques. Le Pr Pearson et son équipe éclairent leurs trouvailles par des documentaires et des vidéos. Ils répondent aux nombreuses questions que soulève le fameux cercle de monolithes, tout en admettant que le site conserve encore quelques mystères. Des célébrations rituelles avaient-elles lieu à Stonehenge ? C’est possible. On n’a jamais retrouvé d’objets qui le prouveraient mais il n’est pas exclu que les habitants de Durrington Walls soient venus y rendre hommage à leurs ancêtres. Et pourquoi cette obsession du solstice ? Le cercle de mégalithes désigne le soleil lors de son couchant au solstice d’hiver. L’orientation des cercles à Durrington Walls indique, en revanche, le lever du soleil au solstice d’été : soit la mort et la vie.

Enfin : comment expliquer que Stonehenge exerce sur nous bien plus de fascination que tout autre cercle préhistorique en Europe ? Et il y en a plus d’un ! Rien qu’en Irlande et en Angleterre, on en compte plus de 800. Une partie des mégalithes de 24 tonnes – les bluestones – viennent du Pays de Galles, à 240 km de distance ! Comment un tel prodige a-t-il été possible au néolithique ? L’exposition vous le révèle. Et surtout : pourquoi n’a-t-on pas utilisé des pierres des alentours ? Nous n’allons pas tout vous dévoiler mais sachez que l’exposition vous réserve bien des surprises.  » N’allez pas chercher trop loin l’explication. Ces gens étaient comme nous à bien des égards. En fin de compte, seules 250 générations nous séparent d’eux « , conclut le Pr Pearson.

Stonehenge – Au-delà du mystère. Jusqu’au 21/04/2019 au musée gallo-romain de Tongres. Ouvert du mardi au vendredi, de 9 à 17 h. Entrée 10€. www.galloromeinsmuseum.be

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