Sombre dimanche, d’Alice Zeniter

Sombre dimanche est une chanson culte en Hongrie. Sa mélodie aux accents désespérés donne son titre à ce roman qui retrace la vie d’une famille hongroise de 1978 à nos jours.

La famille Mandy habite depuis cinq générations dans la même maison de bois, posée au bord des rails près de la gare Nyugati à Budapest. Chez ces gens-là, la vie se passe au rythme des déchets balancés dans le jardin par les fenêtres des trains.

Il y a le grand-père alcoolique et colérique portant le poids d’une faute tue à jamais. Et que Staline recrève dans sa tombe est le leitmotiv traditionnel à sa saoulerie.

Puis il y a le père et le poids de ses silences.

Les enfants, Imre et Agi, grandissent en rêvant de liberté, d’une certaine idée de l’Ouest.

Les mutations en Hongrie n’amèneront pas de changements dans leur vie, c’est toujours la même chanson qui les accompagne... » une chanson triste que me chantait mon grand-père « .

Les révoltés d’hier deviennent les résignés d’aujourd’hui. Ilsaspirent au bonheur mais semblent volontairement s’en couper, comme s’ils avaient compris que la malédiction familiale pesait sur leurs épaules.

Le passé se mélange au présent tout au long du roman, retraçant petit à petit les événements qui permettront de lever le voile et de comprendre pourquoi cette famille reste immobile dans cette maison si proche d’une gare et de ses mille possibilités d’évasion.

Ce récit sombre et plein de secrets nous touche. C’est remarquablement écrit, avec intensité sans fioritures ni excès. Un univers remplit de tendre mélancolie, à lire en douceur.

Sombre dimanche, d’Alice Zeniter. Ed. Albin Michel, 288 pages

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