Roland Giraud :  » La retraite ? Jamais ! « 

Des éclats de rire, voilà ce que promet Roland Giraud qui nous revient au théâtre dans la pièce « Joyeuses Pâques ». Plus Magazine l’a rencontré à Bruxelles.

Pendant le week-end de Pâques, à la suite d’une grève d’avions sauvage, Sophie revient chez elle et surprend son mari Stéphane avec Julie, une jolie fille de 25 ans... Poussé dans ses retranchements, Stéphane finit par présenter Julie comme la fille d’un précédent mariage dont il n’avait jamais parlé... Au programme de cette pièce  » Joyeuses Pâques  » : du quiproquo, de l’inattendu et surtout du rire ! C’est Roland Giraud qui endosse le rôle du mari volage et celui de sa femme revient à sa véritable épouse Maaike Jansen. Plus Magazine a rencontré le très sympathique comédien français avant son passage sur les planches à Auderghem (Bruxelles).

Plus Magazine: Quel sentiment cela vous procure-t-il d’être, une nouvelle fois, sur les planches avec votre épouse ?

Roland Giraud: C’est assez curieux... Nous nous aimons beaucoup mais ma femme ne me supporte pas facilement dans le travail. Nous étions obligés de nous faire répéter l’un l’autre puisque nous avons le rôle du mari et de la femme. C’était pratique mais, elle, cela ne l’enchantait pas. Je la comprends parce que j’ai eu du mal à apprendre ce texte de cent soixante pages. Il est difficile car le phrasé de Jean Poiret est très particulier, il emploie des mots très châtiés.

Vous vous êtes beaucoup disputés pendant les répétitions ?

Beaucoup oui, pour des conneries mais cela ne dure jamais ! Le problème, c’est que je suis quelqu’un d’hyperactif et je veux que ça aille vite.Du coup, ma femme trouve parfois que je devrais plus m’appliquer pendant les répétitions, être un peu plus sérieux, alors que moi j’aime dire des bêtises de temps en temps, me détendre un peu. Nos disputes font énormément rire les camarades et nous finissons aussi par en rire ! Jusqu’ici nous n’avons joué que cinq fois cette pièce qui dure 2h15 et nous la répétons encore ensemble tous les jours. C’est de moins en moins tendu ! (rires) Au final, c’est un concours de mensonges, d’hypocrisie et de mauvaise volonté, qui fait beaucoup rire. Un thème irrésistible de drôlerie au théâtre !

Vous avez d’autres sujets de conversation que le théâtre en ce moment ?

Nous avons énormément de sujets de conversation ! Mon épouse étant très croyante, nous parlons beaucoup de religion et des choses essentielles de la vie, aussi des actualités. Nous adorons notre métier et en parlons beaucoup mais ce n’est pas le but essentiel de notre vie. Ma femme, que j’adore, est un modèle de moralité.

Dans la vraie vie, vous vous reconnaissez un petit peu dans ce rôle de Stéphane ?

Oui, je ne suis pas parfait. Ce qui est sûr, c’est que j’ai des convictions dont je ne démords pas. Je suis fidèle à Maaike, la femme de ma jeunesse que je connais depuis 47 ans. Je n’ai jamais connu la situation de la pièce, dieu merci !

Est-ce compliqué d’incarner au théâtre un rôle déjà joué par Jean Poiret puis Pierre Arditi ?

Cela m’a posé problème car je ne voulais pas tomber dans le panneau. C’est la première fois que je joue une pièce qui n’est pas une création, qui a donc déjà été jouée. Je me demandais si j’allais être à la hauteur de mes prédécesseurs. Finalement, je prends énormément de plaisir à jouer cette pièce et je vois que les gens rient toujours autant, donc je ne me pose plus la question !

La pièce originale a déjà trente ans. A-t-elle bien vieilli ?

Oui. Simplement, à un moment donné, nous parlons d’internet pour vérifier les horaires de trains sur une tablette. Par ailleurs, à l’époque, il n’y avait pas de portable. Cependant, je ne voulais pas qu’il y en ait ici dans la pièce tellement cela m’insupporte de voir les gens sans arrêt occupés à envoyer des sms et autres. On utilise dès lors un téléphone sans fil. Les adaptations sont donc vraiment minimes.

Vous avez 71 ans. Songez-vous à la retraite ?

Jamais, non ! Je prends toujours plaisir à jouer et les rencontres que nous faisons en tournée ou à Paris sont formidables. Je pense qu’un jour je vais avoir une petite défaillance, perdre la mémoire ou faire un petit AVC, ou je ne sais quoi d’autre, et que je m’arrêterai parce que j’y serai contraint.

Avez-vous encore des projets au cinéma ?

Oui, on m’a proposé de tourner un film à Jérusalem cet été. C’est une histoire assez intellectuelle mettant en scène deux Israéliens. Ce sera l’occasion pour moi de découvrir ce pays !

Préférez-vous le théâtre ou le cinéma ?

Disons que je suis plus convaincu d’exercer un métier en faisant du théâtre et que le fait de jouer dans un film une fois par an, comme je le fais, en tant que  » guest  » me convient très bien. Au cinéma, je ne suis pas responsable de ce que je fais. Ce sont le metteur en scène, les effets spéciaux, le maquillage, la musique, les lumières, etc. qui font que je peux être bon sans être bon ou mauvais alors que je veux être bon. Au théâtre, je suis totalement responsable.

Où vous sentez-vous le mieux : dans la vie réelle ou sur scène ?

Sur scène, évidemment, car je sais ce que je ferai, où j’irai et comment ça finira.

Est-ce que jouer la comédie constitue pour vous un moyen de surmonter un tant soit peu la perte de votre fille Géraldine, tuée en 2004 ?

Oui cela a aidé, bien sûr parce que ce sont des moments agréables. Il faut savoir profiter de ce qu’on a, c’est toujours cela de pris. Mais de toute façon, un événement aussi épouvantable, aussi rare, c’est un cataclysme. On continue à vivre mais on ne s’en remet pas. Ma femme a une foi très forte. Et puis, comme nous sommes très croyants, nous nous disons que ce qui nous arrive était peut-être écrit ainsi.

Comment trouvez-vous le public belge ?

Excellent ! Les Suisses et les Belges sont les meilleurs publics, j’en suis sûr. Ils sont moins critiques que les Français, ils sont plus de bonne volonté.

Que diriez-vous à nos lecteurs pour les inciter à venir voir cette pièce ?

Qu’ils ne regretteront pas le prix de la place, les gens disent que cette pièce est formidable, qu’elle leur a fait du bien. C’est un spectacle drôle sans message particulier si ce n’est ce que dit ma femme dans la pièce : il vaut mieux rester à sa place, ne pas en dévier.

Roland Giraud :

www.cc-auderghem.be

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