Passez une nuit de luxe dans la maison d’un architecte

Passer la nuit dans une villa dessinée par l’architecte Frank Lloyd Wright ? Un rêve qu’on peut réaliser à la Palmer House à Ann Arbor dans le Michigan...

Tapie dans un quartier paisible d’Ann Arbor, la Palmer House s’étend sur un domaine de près d’un hectare. Ville universitaire animée, Ann Arbor est située dans le sud-est du Michigan. Le couple Palmer, premiers propriétaires de la Palmer House, a fait l’acquisition, en 1948, d’un vaste terrain dans la partie de la ville qu’ils préféraient. Leur flair ne les a pas trompés : l’emplacement est idéal, noyé dans la verdure et bordé de hauts arbres.

 » Bienvenue sur le sentier de la découverte « , lance Sue Cox, qui gère la propriété avec son mari, Gary, tandis que nous grimpons les marches menant à la porte d’entrée. Il est rare qu’une maison de Frank Lloyd Wright dévoile sa porte d’entrée depuis la route ou le sentier d’accès, il faut prendre la peine de la découvrir. Le revêtement de sol commence ici et se poursuit à l’intérieur. L’architecte a voulu faire entrer la nature dans la maison. Les larges baies vitrées y contribuent aussi. « 

Une cliente particulière

La Palmer House fait partie des oeuvres tardives de Frank Lloyd Wright, puisque l’homme a 83 ans lorsqu’il en dessine les plans en 1950. Sachant très bien ce qu’elle veut, Mary Palmer réussit à convaincre l’architecte de changer l’orientation de la future maison et d’ajouter une cave, un garde-manger et un feu ouvert dans la chambre à coucher principale.

Frank Lloyd Wright a modifié à jamais l’architecture américaine et a pavé la voie au style résidentiel contemporain de l’aprèsguerre. Les carports, les plans largement ouverts, les living-rooms : ces créations avant-gardistes résultent de sa vision radicale. Ses oeuvres les plus célèbres, du Musée Guggenheim de New York à la superbe Maison sur la Cascade (Falling Water), appartiennent à l’inconscient collectif culturel. Mais l’architecte a surtout construit des demeures unifamiliales (connues sous l’appellation Prairie Houses, puis, plus tard, maisons usoniennes). Il s’est efforcé de proposer aussi des maisons relativement abordables, accessibles aux classes moyennes. Certains éléments typiques reviennent comme un leitmotiv : lignes horizontales en façade, toits bas et plats à large débordement, vitrages rythmés, utilisation du béton, de la brique et du bois, bannissement impitoyable de tout ornement superflu. Wright était aussi perfectionniste que minutieux : il dessinait jusqu’au mobilier et à l’électroménager.

Back to 1952

 » Bienvenue en l’an 1952, m’annonce Sue Cox en ouvrant la porte d’entrée. Un long vestibule étroit mène à un grand espace de vie aux plafonds hauts et aux murs entièrement vitrés. On ne s’attarde pas dans le petit vestibule, et c’est voulu. Les chambres, petites, servent juste à dormir. Il y a en général peu de rangements dans les maisons du maître. Selon lui, un garage, une cave et un grenier ne servent qu’à accumuler du désordre.  » Mary a obtenu sa cave mais pour s’y rendre, il faut sortir de la maison ! « 

Les Palmer ont vécu ici près de cinquante ans. Après leur décès, la maison a été mise en vente intacte, mobilier et aménagement compris. Les nouveaux propriétaires sont de grands fans de Frank Lloyd Wright. Ils se considèrent comme les gardiens de cette tranche exceptionnelle d’histoire de l’architecture, et entendent la partager. La Palmer House peut être louée le temps d’un week-end ou de quelques jours de vacances, mais il faut respecter un règlement. Logique quand on séjourne dans un musée !

 » Nous accueillons des visiteurs du monde entier, se réjouit Sue Cox. Des architectes, des fans de Wright... Certains ont les larmes aux yeux en entrant ici. Et je ne vous ai pas encore dit que Frank Lloyd Wright lui-même a séjourné ici à deux reprises, alors qu’il rendait visite aux Palmer. «