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Paphos, capitale des cultures

Située au sud-ouest de Chypre, Paphos a été désignée capitale européenne de la culture 2017. C’est ici qu’Aphrodite a vu le jour, que de riches Romains ont érigé leurs villas, que l’apôtre Paul est venu en mission d’évangélisation et que les Byzantins, les Francs, les Vénitiens et les Ottomans se sont livré d’âpres batailles.

Paphos, capitale des cultures
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Selon la légende, le sculpteur Pygmalion serait tombé fou amoureux de Galatée, l’une de ses sculptures en ivoire. Aphrodite, née au large de Paphos, aurait donné vie à la statue. De l’union de Pygmalion et Galatée est née une fille, Paphos. C’est le fils de celle-ci qui a créé la ville et y a érigé un temple en l’honneur d’Aphrodite.

Pendant un bon millier d’années, Paphos a été la capitale de Chypre, jusqu’à ce que Nicosie, au Xe siècle, ne lui ravisse ce rôle. Mais les nombreux dirigeants qui s’y sont succédé ont bien saisi les atouts de cette belle cité portuaire méditerranéenne au climat idyllique et aux coteaux fertiles. Les vieilles pierres ont été ensevelies sous la poussière de l’histoire récente mais, depuis l’indépendance de Chypre, en 1960, les nouvelles découvertes archéologiques s’y multiplient.

Pour pouvoir préserver ces vestiges exceptionnels de toute nouvelle détérioration, Paphos est intégralement inscrite dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1991.

Vue sur mer

Paphos, capitale des cultures
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La ville se divise en gros en deux parties. D’un côté, Kato Paphos, la partie qui longe la mer, où des sites archéologiques d’une valeur inestimable côtoient les resorts touristiques et lieux festifs nocturnes. Dans le parc archéologique qui jouxte le port, on peut passer au moins une demi-journée à découvrir les vestiges de la ville antique et à imaginer à quoi elle ressemblait.

Nous optons pour une visite de la Maison de Dionysos aux mosaïques remarquablement conservées. Le dieu de la vigne et du vin y est représenté en ange, preuve que la chrétienté était déjà bien présente dans l’esprit des insulaires aux IIe et IIIe siècles. C’est au Ve siècle que l’Eglise orthodoxe chypriote fut reconnue. Ses fondateurs sont les apôtres Paul, Marc et Barnabé qui sont venus en mission d’évangélisation à Chypre en 45 après J.-C. Un peu plus loin, la colonne de Saint-Paul et les ruines de la basilique byzantine rappellent les sévices subis par l’apôtre avant qu’il réussisse à convertir le proconsul romain.

Quelques centaines d’années plus tôt, quand Chypre était encore une province d’Egypte, la dynastie des Ptolémée avait choisi l’endroit pour y installer ses tombeaux. Creusés dans la roche, ils font penser aux pyramides où les morts se voyaient offrir une maison avec atrium, puits, piliers d’entrée... Ces constructions ont par la suite été utilisées par les Romains avant d’être victimes de pilleurs chrétiens et anglais.

Paphos 2017, l’art à ciel ouvert

En 2017, Paphos est capitale culturelle européenne, titre qu’elle partage avec la ville danoise d’Aarhus. Paphos tient avant tout à valoriser son histoire en tant que carrefour de cultures. Les organisateurs veulent aussi démontrer que la culture a aussi sa place ailleurs que dans les grands théâtres et musées, peu nombreux dans une petite ville. A Paphos, on bénéficie de journées ensoleillées en abondance... Sous le titre Open Air Factory, quelque 350 artistes chypriotes et étrangers vont venir exposer leur art en plein air avec, pour toile de fond, le rocher d’Aphrodite, la citadelle féodale, les tombeaux des rois, le centre-ville rénové... La plupart des événements sont gratuits. Seuls les billets pour les manifestations exceptionnelles comme les concerts du Berlin Philarmonic et de Luiz Cazal sont payants mais à prix très démocratiques.

Programme et tickets sur www.pafos2017. eu

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L’art de vivre chypriote

La ville  » haute « , Pano Paphos ou Ktima Paphos, est le centre commercial de la ville. Ici, on peut faire du shopping au marché couvert et dans les ruelles voisines. Pour rendre la ville digne de son rôle de capitale culturelle 2017, le vieux centre a été adapté. Toute la zone de l’hôtel de ville a été rendue piétonne. Et on y a concentré des petites boutiques tenues par des artisans et producteurs de denrées artisanales. Le soir, nous rejoignons une taverne traditionnelle pour une soirée chypriote typique. Nous dégustons un délicieux mezze décliné en un nombre incalculable de plats pendant que des jeunes gens nous invitent dans leurs danses populaires.

Paphos, capitale des cultures
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Des montagnes magiques

Paphos est la base idéale pour explorer le massif du Troodos. A une demi-heure de la côte, on arrive, via d’excellentes routes, dans la montagne d’une jolie couleur rouille. Là, les possibilités de randonnée dans les fraîches forêts de pins sont nombreuses, enrichies au passage de la découverte de la flore exceptionnelle que cette île recèle (environ 1.800 espèces, dont 140 plantes endémiques). Nous avons opté pour le tour en voiture à la découverte de petits villages authentiques. En chemin vers la montagne, nous faisons un stop à Petra Tou Romiou pour admirer le rocher d’Aphrodite. C’est dans cette baie idyllique qu’Aphrodite est née de l’écume de la mer. Je regarde l’eau azur qui clapote contre la roche claire et je crois voir Aphrodite apparaître sur un coquillage tiré par trois dauphins.

Nous poursuivons notre route à l’intérieur du pays. Certains villages, comme Lofou, désertés par les habitants, ont été réhabilités en hébergements pour l’agrotourisme. Omodos, le village du vin, s’est construit autour du monastère de la Sainte-Croix. Détruit au XVIIe siècle, celui-ci a été restauré il y a quelques années, à commencer par ses belles boiseries, sols et charpentes. Dans la petite église orthodoxe qui appartenait au monastère, brûlent les bougies allumées par les fidèles pour honorer de magnifiques icônes serties de bois.

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Dans une taverne comble, nous dégustons avec plaisir un autre mezze. Les différentes manières dont on peut préparer le halloumi, fromage de chèvre chypriote, sont étonnantes : ici, simplement grillé, avec du miel et une croûte aux graines de sésame. Quand on commande un mezze, on ne reçoit jamais deux fois la même chose. Agréablement rassasiés, nous partons ensuite à la découverte des ruelles du village où on peut acheter des produits locaux. Je goûte le pastellaki, sorte de nougat fait de noix concassées au sirop de caroube, ces fruits produits par les caroubiers, omniprésents sur l’île. J’ai bien fait de renoncer aux trois derniers plats du mezze qui vient de nous être servi....

Infos pratiques

Y aller : vols Ryanair deux fois par semaine de Bruxelles National à Larnaka (prévoir encore 1h30 de route jusqu’à Paphos). Le vol dure environ 4 heures.

D’avril à octobre, vols charters directs vers Paphos organisés par TUI Fly et Thomas Cook Airlines.

Se loger : nous avons séjourné à l’Aphrodite Hills, un resort situé près du rocher d’Aphrodite (www.aphroditehills.com) ainsi qu’à l’Athena Beach Hotel à Kato Pafos (www.athena-cbh.com).

Infos : office du tourisme de Chypre, www.visitcyprus.com

Par Ellie Maerevoet

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