Malines, la ville des enfants

Du Musée du Jouet au parc animalier de Planckendael, en passant par un riche patrimoine historique, Malines ne manque pas de charmes.

Regarde, Martin, c’est un houla-hop, explique une jeune grand-mère, venue au Musée du Jouet avec son petit-fils. Après un rapide coup d’oeil alentour, pour s’assurer que personne ne la regarde, elle s’empare du cerceau en plastique et entreprend une démonstration. Un peu plus tôt, un couple est venu fêter l’anniversaire de sa progéniture et jouer au Monopoly géant à même le sol...

Le Musée du Jouet, à deux pas de la gare Nekkerspoel, à Malines, est un merveilleux terrain de rencontre entre générations. « Nous avons parfois plus de mal à prier les adultes de sortir à l’heure de la fermeture que les enfants », s’amuse le conservateur Jozef Heylen. Ici tout est prétexte au divertissement. Jeunes et moins jeunes s’amusent sans complexes. On fait le grand écart entre une poupée grecque d’époque socratienne et un jeu vidéo, entre un Viewmaster des années 50 et un jeu de l’oie version années 70. À ne pas manquer, le précurseur belge des briques Lego (en papier mâché !), la bataille de Waterloo avec ses petits soldats... Votre patience sera mise à l’épreuve dans la salle des casse-tête ! Les trains miniatures valent à eux seuls le déplacement.

La ville aux tours inachevées

Mais Malines recèle bien d’autres trésors. Unique en Belgique, le centre Technopolis dévoile le côté ludique des sciences et techniques par le biais de 250 installations interactives. Les enfants adorent. Ils s’essaient au vélo sur un câble tendu à 5 m du sol, s’allongent sur un lit à clous, ont les cheveux qui se dressent sur le crâne par la magie des champs magnétiques...

Si vous n’êtes pas accompagné d’enfants, vous pouvez déambuler en ville, à la découverte de pans d’histoire, de culture et de patrimoine toujours étonnants. Pendant un bon demi-siècle, de 1477 à 1530, Malines a été la capitale des Pays-Bas bourguignons sous le gouvernement de femmes fortes, au premier rang desquelles Marguerite d’York et Marguerite d’Autriche. La ville sur la Dyle était leur lieu de résidence privilégié. D’ailleurs, l’an passé, la grande exposition Femmes d’exception leur a rendu hommage. Elles ont régné au nom de l’Empereur habsbourgeois sur une région parmi les plus prospères de l’époque.

Pour revivre ce morceau d’histoire, on allie deux itinéraires au c£ur de Malines, la Promenade historique et la Promenade de la Dyle, soit 6 km au total. Sur la Grand-Place presque totalement interdite au trafic (ses terrasses comptent parmi les plus belles du pays), on peut admirer l’un des hôtels de ville les plus curieux de Belgique. Il est constitué de trois édifices accolés, datant des XIVe et XVIe siècles, tous construits dans des styles différents. Le faible hauteur du bâtiment central (le Beffroi) et du bâtiment de droite (la halle aux draps) en témoignent avec leurs tours inachevées. Le palais gothique flamand à main gauche l’a finalement été mais il aura fallu attendre 1911...

Le clocher aux 514 marches

L’hôtel de ville n’est pas le seul à valoir à Malines son titre de « ville aux tours inachevées ». Il suffit de lever les yeux sur le clocher de la cathédrale Saint-Rombaut... Légèrement mégalomanes, les pères de la ville avaient décidé, au temps de l’âge d’or des Pays-Bas bourguignons de doter la cathédrale d’une tour de 167 m. Elle devait leur permettre de damer le pion aux Anversois, dont le clocher de Notre-Dame culmine à un petit 123 m. Le manque de fonds et des ennuis techniques ont bridé le projet qui n’a jamais dépassé les 97 m. Pourtant, pour parvenir à son sommet, il faut grimper pas moins de 514 marches (ouvert au public dès Pâques).

L’intérieur de la cathédrale n’a rien de spectaculaire mais il abrite une toile de Van Dijck, ainsi qu’une chaire en bois sculpté (figures animalières). Cette façon de travailler le bois est d’ailleurs une fierté nationale.

Des lofts dans les anciennes brasseries

Dans la Keizersstraat, n’hésitez pas à franchir le portail du palais de justice, vous découvrirez ainsi un charmant jardin clos, avec vue sur l’ancien palais de la régente Marguerite d’York. Durant son règne, cette adresse était son « 16 rue de la Loi ». Elle s’adressait à ses sujets depuis la jolie loggia située à l’arrière du bâtiment. Le jardin est demeuré intact, une merveille !

Le parcours réserve encore d’autres surprises, dont le pied-à-terre du cardinal Daneels sur le Marché aux laines (Wollemarkt), la pittoresque galerie de Klapgat et l’église Saint-Jean avec son fameux tryptique de Rubens, L’Adoration des rois mages. L’église jésuitique Saint-Pierre-et-Paul abrite quelques beaux exemples d’ébénisterie de Malines. Les toiles y sont dédiées à saint François-Xavier, le fondateur de l’ordre des Jésuites.

Sur le Marché aux poissons (Vismarkt), brusque retour au XXIe siècle. On a d’ici une excellente vue sur le site Lamot, de l’autre côté de la Dyle. Les anciennes brasseries ont été restaurées et aménagées en lofts et appartements. Nombre de célébrités y ont acquis un logement. Mais c’est l’architecture du centre pour le patrimoine (Erfgoedcentrum) qui retient l’attention. La cheminée de l’ancienne manufacture subsiste au coeur du bâtiment de verre et d’aluminium. L’édifice compte aussi un grand café.

S’il vous reste un peu de temps, faites un détour par le Béguinage à l’atmosphère si particulière. Il est d’ailleurs classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Vous préférez vous adonner à une partie de shopping ? Rendez-vous sur le Bruul et dans l’IJzerenleen. Pour trouver d’excellents cigares, faites une halte chez Windels (IJzerenleen 48), où on les roule encore à la main. Au numéro 28, c’est le royaume de Harry Schockaert, l’un des meilleurs fromagers du pays. Il affine lui-même un grand choix de fromages au lait cru qu’il déniche en France et Italie. Il est possible d’y manger sur le pouce.

Ceux qui se passionnent pour la Seconde Guerre mondiale ne manqueront pas de visiter le Musée juif de la Déportation et de la Résistance, aménagé dans une aile de l’ancienne caserne Dossin dont certains espaces ont été aménagés en lofts. Plus de 25.000 Juifs y ont été emprisonnés par les nazis avant d’être déportés à Auschwitz. Le musée retrace l’histoire de la solution finale, ainsi que le destin des Juifs de Belgique. On ne peut que se recueillir dans les caves où sont exposées les photos d’enfants : parmi les bambins de moins de 13 ans arrachés à la ville de Malines, pas un seul n’est revenu des camps de concentration.

Borobodur à Muizen

Lorsque le soleil brille, une petite excursion au parc animalier de Planckendael, à Muizen (entité communale de Malines) s’impose. Et pourquoi ne pas vous y rendre par voie d’eau ? On embarque au pont Coloma, juste derrière la gare centrale de Malines, pour rejoindre en 25 minutes le parc animalier (et retour).

Ces dernières années, Planckendael privilégie l’expérience interactive en plein air. Les animaux sont plus captivants que jamais et participent activement aux attractions pour petits et grands qui mettent la nature à l’honneur. Dans le village africain, les cigognes passent en rase-mottes au-dessus des têtes. La promenade dans les arbres démarre sous les racines d’un énorme tronc et mène, via des escaliers et des passerelles, jusqu’à la couronne d’un tilleul majestueux. Ceux qui ont pu admirer les singes bonobo sur leur petite île le savent : Darwin n’avait pas tort ! Début juin, le coup d’envoi sera donné au plus vaste projet jamais imaginé ici. Le nouveau pavillon de l’Asie est actuellement en phase d’achèvement dans son édifice de verre, ce qui en fera une attraction idéale les jours de pluie. On y déambulera parmi les ruines d’un temple javanais où galopent des rats noirs bien vivants. Bâties en Indonésie, les ruines, inspirées de Borobodur, ont fait le voyage jusqu’en Belgique. Dans la jungle vous attendent pythons royaux, gibbons, calaos, lions et même des yuccas de plus de 150 ans. Rizières, pousse-pousse, chutes d’eau et cabanes en bambou complètent le paysage. Dépaysement assuré. Le nouveau restaurant prolonge la magie dans un décor de grande cité asiatique. Envoûtant...

Dernier conseil pratique : pour combiner une matinée à Malines et un après-midi à Planckendael, mieux vaut prendre vos billets d’entrée le matin, auprès de l’Office de tourisme. Vous éviterez ainsi la file d’attente à l’entrée du parc.

Plus d’info :

  • In&uit Mechelen : Hallestraat 2-4, 2800 Mechelen, Tél : 070 22 28 00, inenuit@mechelen.be, www.inenuitmechelen.be.
    Voir aussi le guide Malines en poche (2,50 ?).
  • Musée du Jouet : Nekkerspoel 21, 2800 Mechelen. Ouvert de 10 à 17 h (fermé le lundi), entrée 6 ?.
    Tél : 015 55 70 75 et
    www.speelgoedmuseum.be
  • Technopolis : Technologielaan, 2800 Mechelen (tout près de la E19, sortie 10). Ouvert tous les jours de 9 h 30 à 17 h, entrée 8,90 ? .
    Tél : 015 34 20 00 et
    www.technopolis.be
  • Parc animalier de Planckendael : ouvert tous les jours de 10 à 17 h 30 (mai, juin et septembre jusqu’à 18 h, juillet-août jusqu’à 19 h, de nov. à févr. Jusqu’à 16 h 45). Entrée 16 ? (3-11 ans et 60+: 10,90?).
    Tél : 015 41 49 21 et
    www.planckendael.be
  • Un bateau relie Planckendael du 1/4 au 30/9 les week-ends et jours fériés (Pâques et grandes vacances ts les jours). Prix : 5 ?
  • Musée juif de la Déportation et de l’Occupation : G. de Stassartstraat 153, 2800 Mechelen. Ouvert de 10 à 17 h (vend. 10-13 h, fermé le sam). Tél : 015 29 06 60

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