Les souvenirs de Théophile (1)

Dans l’article  » A la recherche de vos ancêtres en 14-18  » (Plus Magazine de janvier), nous vous racontions brièvement l’histoire de Théophile De Boeck, soldat belge interné en Hollande en 1914. Nous vous proposons de découvrir ici le cheminement parcouru par une de nos collègues, Ariane De Borger, pour retracer l’histoire de son arrière-grand-père.

 » Mon arrière-grand-père n’a pas eu la possibilité de me raconter sa vie de soldat durant la Première Guerre mondiale, explique notre collègue néerlandophone Ariane De Borger. Mais, à partir de ce que ma grand-mère m’a transmis, qu’il s’agisse d’objets ou de récits de sa jeunesse, j’ai pu reconstituer la Grande Guerre de mon aïeul. Ici, pas de récits de tranchées : le destin a envoyé mon arrière-grand-père dans une autre direction... « 

 » Je dispose notamment de trois boutons, chacun frappé d’un ‘2’, retrouvés parmi la centaine de boutons que ma grand-mère conservait... car on ne sait jamais, ils auraient pu resservir ! Les trois boutons devaient provenir de l’uniforme de ‘parrain’ – c’est comme cela que mon père appelait Théophile. En effet, dans son livret militaire, il est indiqué que Théophile De Boeck faisait partie du ‘2e régiment de ligne de forteresse’. Le livret mentionne également que Théophile a commencé son service militaire le 1er octobre 1901. « 

Pas de chance...

Jusqu’en 1909, le service militaire n’était pas obligatoire pour tous en Belgique. Dans leur 21e année, les hommes non-mariés (excepté les handicapés et les ecclésiastiques, notamment) devaient participer à une loterie, qui déterminait par tirage au sort qui était appelé sous les drapeaux. Le tout se déroulait dans une ambiance festive : dans une salle communale, un préposé officiel tournait un tonneau où, chacun à leur tour, les jeunes hommes venaient tirer un numéro. Suivant celui-ci, l’individu était directement fixé sur son sort.

Les personnes échappant au service s’empressaient alors d’épingler le bulletin chanceux sur leur casquette, tandis que les malheureux élus ne manquaient pas de se faire payer des coups à boire, pour noyer leur chagrin. C’est que le service militaire signifiait non seulement un départ temporaire pour la caserne, mais aussi le fait de devoir reprendre plus tard l’uniforme si la patrie était menacée... En cas de menace de guerre, les classes en cours de service et les six classes les plus jeunes rejoignaient l’armée ordinaire, les classes plus âgées (jusqu’à 35 ans) étaient par contre réunies dans des  » régiments de forteresse « , théoriquement chargés d’aider à la défense de places fortifiées.

Contrairement aux apparences, le système de tirage au sort n’était pas tellement démocratique : toute personne tirant un mauvais numéro pouvait se payer un remplaçant... à condition d’en avoir les moyens. Les jeunes gens issus de familles aisées étaient donc clairement favorisés. Et, malheureusement pour lui, Théophile De Boeck provenait d’un milieu modeste.

Retour incertain

Si Théophile De Boeck était célibataire au moment de son service, ce n’était plus le cas en 1914, lorsqu’il est remobilisé. Vu son âge, il est versé dans un régiment de forteresse.  » Il était alors marié et père de deux filles, Céline – l’aînée, ma grand-mère alors âgée de cinq ans – et Blondine, détaille Ariane De Borger. Il a dû être inquiet : qui ferait bouillir la marmite, désormais ? Sa famille pourrait-elle subsister avec le petit lopin de terre qu’elle cultivait ? Et dans quel état découvrirait-il les récoltes à son retour ? Enfin... s’il revenait... « 

A suivre...

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