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Les mystères de Pompéi

Le ciel s’est chargé de nuages noirs. L’orage menace puis éclate dans la rue de l’Abondance, l’artère principale de Pompéi. La silhouette du Vésuve, floutée par le rideau de pluie, renforce l’atmosphère étrange du lieu. On se prend à comprendre l’effroi qui saisit les quinze mille habitants de cette cité prospère, proche de la Méditerranée, quand le volcan se réveilla subitement en l’an 79. Ceux qui partirent aussitôt, abandonnant tout sur place, sauvèrent leur vie. Une minorité. Les autres s’enfermèrent dans leurs maisons pour se protéger de la pluie de pierres ponces. Quand les gaz et les cendres brûlantes s’abattirent sur Pompéi, il était trop tard pour fuir. La plupart des habitants périrent asphyxiés ou brûlés, tandis qu’à Herculanum, à moins de dix kilomètres, ils furent emportés par une immense coulée de boue qui recouvrit la ville d’une coque de vingt-cinq mètres d’épaisseur. » Partout régnait la nuit la plus sombre et la plus épaisse sillonnée par des lueurs et des feux de toute espèce...  » écrit Pline le Jeune à son ami l’historien Tacite. Alors âgé de 16 ans, il observa l’éruption depuis le cap Misène, dans le nord de la baie de Naples, et son oncle, Pline l’Ancien, mourut en tentant de porter secours aux Pompéiens.Une trace indélébileSur le forum, dans les halles de la vieille cité, l’homme qui gît sur le dos paraît entre deux âges. Pas très grand, un mètre soixante environ, la taille moyenne des anciens Romains, et le front dégarni par la chute précoce des cheveux au-dessus d’un nez relevé en pied de marmite.Nul ne sait comment il s’appelait : Marcus, Decius, Paris, qui étaient parmi les prénoms les plus donnés en Campanie ? Peut-être. Son visage, son allure auraient dû disparaître à tout jamais. Pourtant, notre inconnu – comme deux mille autres, hommes, femmes, enfants, esclaves et matrones, patriciens et artisans – a laissé la trace indélébile de son corps tel qu’il était au moment de sa mort, il y a près de vingt siècles !  » Quitte à paraître cynique, je crois que la chance de Pompéi a été d’être enfouie sous les cendres du Vésuve « , assure la guide Esther De Martino, qui vit dans la ville nouvelle de Pompéi.  » Si rien n’était arrivé, la cité, comme tant d’autres, aurait disparu au fil des siècles « .À part Herculanum, sa voisine, il n’existe pas d’autre endroit au monde où l’Antiquité dévoile ses mystères avec autant de réalisme et d’authenticité.Victime du Vésuve, qui trône à huit kilomètres à vol d’oiseau, Pompéi n’a pas livré tous ses secrets :  » Pendant très longtemps, la recherche des objets d’art a concentré l’essentiel des fouilles, on ne s’est vraiment intéressé à la ville elle-même que depuis une quinzaine d’années « , considère Nicolas Montex, archéologue, qui a dirigé une campagne de fouilles de l’École française de Rome. Il nous reste beaucoup à apprendre sur Pompéi. Mais ça bouge !  » Manger sur le pouceÀ Pompéi, ville de commerce, six cents magasins et ateliers ont été répertoriés, et les routes dallées de basalte portent les sillons laissés par les roues ferrées des charrettes.Çà et là, le comptoir de marbre d’un thermopolium retient le regard. Ces boutiques étaient les fast-foods de l’époque. Devant la fresque des dieux protecteurs, Vénus et Mars, les gens du peuple mangeaient sur le pouce des soupes chaudes et des bouillies de pois chiches ou de blé, accompagnées d’un pichet de vin coupé à l’eau de mer et aromatisé de miel, car les crus du Vésuve, très âpres, ne pouvaient se consommer purs.Ce sont eux aussi, pauvres et esclaves, qui fréquentaient les lupanars de la ville, comme l’établissement du Vicolo Storto où, pour deux as, ils obtenaient les faveurs de prostituées grecques et orientales. Des graffitis en argot latin ont perpétué le nom de quelques-unes : Palmyre, Aglaé, Maria... Sur les murs intérieurs, les fresques érotiques ne laissent aucun doute sur la destination du lieu. Les riches, chez eux, avaient leurs propres esclaves pour satisfaire leurs appétits. Leurs villas somptueuses ont révélé les plus belles mosaïques, statues et peintures qui nous soient parvenues. Les découvreurs leur ont donné des noms fantaisistes et évocateurs : la maison des Chastes-Amants, la maison du Poète-Tragique ou la maison du Faune, l’une des plus grandes de Pompéi, à cause de la statuette de bronze d’un faune dansant découverte à l’entrée, dans l’atrium.Un volcan toujours actiifQue dire enfin de la villa des Mystères, qui, jadis, s’ouvrait sur la baie de Naples, au nord-ouest de Pompéi ? Elle était à la fois une magnifi que maison patricienne et une vaste exploitation agricole. Elle a conservé son pavage de marbre noir et blanc et surtout une somptueuse fresque qui couvre une pièce entière et raconte, telle une grandiose bande dessinée, l’initiation aux rites mystérieux au dieu Dionysos. Sur un fond de peinture rouge vif, le fameux  » rouge Pompéi « , une femme, la maîtresse de maison, apparaît aux différents âges de sa vie.À condition de suivre un rite complexe de purifi cation, elle sera promise dans l’au-delà au bonheur éternel sous le regard bienveillant de Dionysos, dieu du Vin.L’ultime mystère de Pompéi réside dans le cratère du Vésuve, toujours actif. Si, en latin, il n’existait pas de mot pour dire  » volcan « , on sait aujourd’hui qu’une nouvelle éruption se produira, qui pourrait balayer à nouveau Pompéi et menacer la grande ville de Naples, toute proche. Mais au XXIe siècle, malgré nos progrès scientifiques, personne ne peut prévoir quand le volcan se réveillera.Renseignements Office National Italien de Tourisme Place de la Liberté 12 1000 Bruxelles Tel 02 647 11 54, brussels@enit.it www.enit.it,.Y ALLER ? Vols Bruxelles-Naples avec Brussels Airlines ou Alitalia à partir de 200 ?.SE LOGER ? Pompéi : hôtel Forum. Agréable 4* installé à proximité des fouilles. À partir de 110 ?. Via Roma, 99. Tél. : (39) 081 850 11 70.? Herculanum : hôtel Miglio d’Oro. L’un des meilleurs hôtels à proximité des fouilles À partir de 120 ?.Corso Resina, 296. Tél. : (39) 081 739 99 99.? Naples : hôtel Santa Lucia, 4*. À partir de 180 ?. la nuit. Via Partenope, 46. Tél : (39) 081 764 06 66.À VISITER ? Le Musée archéologique de Naples : une splendeur accueillant toutes les pièces importantes trouvées dans les cités du Vésuve : statues, fresques, lampes à huile, objets du quotidien.A la recherche d’autres destinations romantiques, historiques, en pleine nature ou culturelles ? Vous les trouverez dans le hors-série Plus Voyages, en vente dans toutes les librairies.

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