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Le charme désinvolte du jardin à l’anglaise

Le jardin à l’anglaise refuse les compositions géométriques et préfère le désordre habilement orchestré qui invite à la rêverie. Il puise son inspiration dans le romantisme et reflète l’amour des Britanniques pour le jardin.

Il se compose comme un tableau, privilégiant l’harmonie des volumes, des couleurs et des matières. Il se conçoit véritablement comme une oeuvre pittoresque, ouvrant sur des points de vue variés. Ceux-ci sont des lieux où un peintre aimerait poser son chevalet. Voilà donc pourquoi les premiers concepteurs de tels jardins étaient des peintres! Ces points de vue mettent en évidence un élément de la nature: un arbre centenaire, un autre dont la rareté attire le regard, un étang, un ruisseau, un tronc torsadé, etc.

Non à la symétrie et à la rigueur

Ce style paysager s’impose dans les jardins à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, en opposition aux parcs et jardins à la française avec leur symétrie parfaite, leurs boules de buis finement taillées et leur labyrinthe soigné. Les jardiniers britanniques du début du XVIIIe siècle façonnent le paysage en y ajoutant des éléments construits. Ils n’entendent pas recréer la nature, mais bien la sublimer. Les codes établis et la rigueur ne sont plus les bienvenus et pour la première fois, le jardin évolue avec les saisons et les moments de la journée, offrant ainsi des sensations et des vues différentes. C’est un art rigoureux, mais étudié pour laisser vivre la nature dans son état sauvage.

Allées, chemins et plates-bandes

Sous ses airs frivoles, le dessin du jardin à l’anglaise est précis et sa vision parfaitement réfléchie. Il privilégie les allées et les chemins sinueux dévoilant de nombreux paysages. De cette conception sont nés le paysagisme et le métier de paysagiste. Les plates-bandes mixtes (mixed borders) voient ainsi le jour grâce à la célèbre paysagiste Gertrude Jekyll (1843-1932). Elles se caractérisent par un amas de vivaces habilement mélangées: narcisses, anémones, ligulaires, echinaceas, hostas, heuchères, ... Toutes ces plantes s’adaptent à un même sol, à savoir une terre fraîche, légère, pas trop argileuse, humide avec un emplacement mi-ombre. Il ne faut pas hésiter à planter entre 4 et 6 plants par m2, afin d’assurer un recouvrement complet des plates-bandes. La principale difficulté est leur organisation et le mariage des couleurs qui doit être parfait d’octobre à mai.

Oui aux défauts naturels

Si les plantes-bandes débordent de végétation, la pelouse est quant à elle toujours coupée rase et présente un vert saturé. Le gazon joue donc un rôle important dans la composition car il doit mettre en valeur les autres végétaux. Le jardin à l’anglaise est accidenté et les buttes, les ravines, les rochers sont exploités plutôt que corrigés. Il laisse une large place aux allées ondulantes, bordées de pavés ou stabilisées par des briques. On recrée des étangs, on installe des bancs dans les coins retirés. Le paysage est sculpté de massifs qui créent la profusion.

Des couleurs tendres

L’ajout de quelques meubles – bancs, balancelles, tabourets de pierre – confèrent à l’ensemble un côté romantique. La composition du jardin oscillera entre des coloris tendres: rose, mauve, lavande, bleu. Sont rarement présents dans les jardins à l’anglaise, les tons rouges vifs ou les oranges (sauf pour composer des ensembles monochromes). Les roses, grimpantes et remontantes, sont absolument nécessaires dans ces jardins romantiques. Elles seront mises en évidence par une arcade de plantes grimpantes, lierre, vigne vierge ou clématite. Les plantes herbacées permettent également de camoufler les tiges nues des rosiers et embellissent la composition d’ensemble.

Des chambres thématiques

Autre caractéristique de ces jardins, ils sont composés de sections séparées par des murs ou des haies taillées, déclinant des thèmes particuliers: herbes, roses, automne, printemps, chambre monochrome, ... Même si le jardin à l’anglaise n’a pas pour objectif d’attirer les insectes, leur curiosité est toutefois attisée par cette abondance végétale. Abeilles et papillons contribuent à la pollinisation des lieux, tandis que les coccinelles et les mouches luttent contre les nuisibles.

L’Angleterre en Belgique

On trouve en Belgique quelques jardins à l’anglaise, dont une partie du parc Josaphat à Schaerbeek, les Jardins d’Aywiers ou encore le parc du Château de Beez. Pour ne citer que ceux-là.

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