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La recette du succès viennois, ville considérée comme « la plus agréable au monde »

PlusMagazine.be Rédaction en ligne

La ville de Vienne, en tête du classement annuel des villes les plus agréables à vivre publié par « The Economist Intelligence Unit » (EIU), affiche des performances enviables dans de nombreux domaines – environnement, transports, éducation, logement.

Pour la deuxième année consécutive, la capitale autrichienne a obtenu un score de 99,1 points, devant Melbourne (98,4), resté des années première du palmarès, et Sydney (98,1). L’Australie et le Canada dominent le Top 10, avec trois villes chacun. Le Japon est également présent avec Tokyo et Osaka. Copenhague, seconde ville européenne, se classe neuvième au niveau mondial. Le rapport souligne que Paris perd six places (25e), en raison de l’impact du mouvement des gilets jaunes.

Ses infrastructures, la qualité de l’air, son offre culturelle, éducative et médicale frôlent la perfection, dans un contexte de stabilité enviable, analysent les auteurs.

Voici pourquoi il fait bon vivre dans la capitale autrichienne :

De l’eau, de l’air, du vert

Cinq fois moins dense que Paris, Vienne compte 1,9 million d’habitants, soit moins qu’en 1900. Si la population augmente rapidement ces dernières années, les infrastructures urbaines restent parfaitement dimensionnées.

A quelques stations de métro de la cathédrale gothique classée à l’Unesco, les Viennois peuvent aller piquer une tête dans le Danube ou marcher des heures dans la forêt. Près de la moitié de la ville est recouverte d’espaces verts.

Ils bénéficient d’un accès facile à la nature grâce à un réseau de transports fiable et très développé. Se déplacer en transports en commun ne coûte qu’un euro par jour grâce à une politique tarifaire qui a permis au nombre de cartes annuelles de transports de dépasser celui des voitures de la capitale.

De l’eau de source, non traitée, sort des robinets. Elle est acheminée directement depuis les Alpes.

Ville « inclusive »

Des places d’accueil en nombre suffisant pour les sans-domiciles en hiver, des demandeurs d’asile hébergés par les pouvoirs publics, des familles nombreuses en capacité de se loger: la politique sociale de Vienne favorise la mixité et freine la gentrification. Le coût de la vie se situe dans la moyenne des villes occidentales, le taux de criminalité est au plus bas depuis près de vingt ans.

Quelque 60% des Viennois résident dans un appartement à loyer plafonné, la capitale autrichienne restant le premier bailleur municipal d’Europe.

Plus de 20.000 cours, ateliers et cursus de formation pour adultes sont dispensés dans les Volkshochschule (VHS, « Ecoles populaires ») de quartier, institution municipale remontant au 19ème siècle.

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Alors heureux?

Neuf Viennois sur dix sont « contents » voire « très contents » de vivre à Vienne selon la dernière enquête de satisfaction réalisée par la municipalité, publiée en juin.

Une Viennoise interrogée par l’AFPTV, Barbara Zburny, cite aussi le « mélange de cultures qui cohabitent pacifiquement » dans une ville « sans ghetto » qui compte plus de 180 nationalités.

Pourtant les Viennois traînent une réputation d’indécrottables râleurs. Les manuels à l’usage des nouveaux arrivants sont remplis de conseils ironiques sur la meilleure façon de se « plaindre comme les Viennois » qui disposent d’ailleurs pour cela d’un verbe spécifique en dialecte local, « Raunzen ».

Quant aux expatriés, ils avaient classé la capitale au 65ème rang sur 72 des capitales « les plus accueillantes », dans un classement de 2018 qui avait suscité la consternation des médias locaux. La barrière de la langue était notamment mise en avant dans cette étude.

Un manifeste politique

Ville gérée par la gauche depuis plus d’un siècle, hormis la période austro-fasciste de la Seconde guerre mondiale, Vienne est considérée comme le « bastion rouge » et multiculturel d’une Autriche rurale plutôt conservatrice.

Chaque classement international flatteur pour la capitale est donc mis en avant par la municipalité comme une reconnaissance de ses choix politiques et sociaux alors que la droite et l’extrême droite ambitionnent de prendre la forteresse social-démocrate aux municipales de 2020.

Le gouvernement du conservateur Sebastian Kurz, au pouvoir jusqu’en mai, s’est régulièrement vu reprocher par l’opposition de pratiquer le « Vienne-bashing », notamment en lien avec le niveau de dépenses sociales.

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