Cela fait des siècles que les colonnes de marbre ne supportent plus aucune voûte. Écrasés de soleil, caressés par la brise marine, ces ultimes témoignages d'une basilique paléochrétienne continuent pourtant à s'élever vers le ciel, vaille que vaille, vigiles d'un monde depuis longtemps disparu. Autour de nous, aucun bruit, si ce n'est le clapotis des vagues et le tintement aigrelet d'une cloche, pathétique appel d'un oratoire perdu sur un îlot voisin. L'espace d'un moment, près de ces vestiges de l'église Saint-Etienne de Kefalos (IVe s.), tout semble s'arrêter. Instant magique. On dira ce qu'on voudra des Grecs anciens, on peut difficilement nier qu'ils avaient le chic pour inscrire leurs bâtiments dans des paysages à couper le souffle.
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Cela fait des siècles que les colonnes de marbre ne supportent plus aucune voûte. Écrasés de soleil, caressés par la brise marine, ces ultimes témoignages d'une basilique paléochrétienne continuent pourtant à s'élever vers le ciel, vaille que vaille, vigiles d'un monde depuis longtemps disparu. Autour de nous, aucun bruit, si ce n'est le clapotis des vagues et le tintement aigrelet d'une cloche, pathétique appel d'un oratoire perdu sur un îlot voisin. L'espace d'un moment, près de ces vestiges de l'église Saint-Etienne de Kefalos (IVe s.), tout semble s'arrêter. Instant magique. On dira ce qu'on voudra des Grecs anciens, on peut difficilement nier qu'ils avaient le chic pour inscrire leurs bâtiments dans des paysages à couper le souffle.Bienvenue à Kos, petite île du Dodécanèse toute proche de la côte turque, à quatre kilomètres à peine de la ville de Bodrum. Durant les mois d'été, c'est l'une des stations balnéaires les plus populaires de Grèce : chaque année, des centaines de milliers de vacanciers accourent pour profiter de ses plages de sable blanc, de ses hôtels-clubs aux activités multiples et de ses nuits endiablées. En dehors de cette période d'affluence, l'île affiche un tout autre visage. C'est au printemps ou à la fin de l'été, quand les touristes sont moins nombreux mais que le climat reste clément, que Kos dévoile ses facettes les plus charmantes.Dès notre arrivée, le relief particulier de Kos saute directement aux yeux : une montagne posée sur la mer. Son sommet dépasse les 800 mètres alors que la largeur maximale des terres émergées n'atteint qu'une dizaine de kilomètres ! La nature y est luxuriante : champs, vignes et résineux odorants défilent le long de la route... Même lorsque la végétation a été brûlée par le soleil estival - c'est le cas au moment où nous effectuons ce reportage, début octobre - on devine que l'île doit être particulièrement fertile. La mer, elle, s'avère ensorcelante : azurée vue de loin, elle devient limpide lorsqu'on s'en approche, tandis qu'en arrière-plan, se devinent les ombres bleutées du continent.Ci et là, de petits villages s'accrochent à flanc de colline. La plupart ont gardé une belle authenticité, même si quelques-uns semblent avoir cédé au chant des sirènes du tourisme de masse, multipliant restaurants et boutiques de souvenirs. Mais en cette basse-saison, les lieux retrouvent un peu de leur sérénité d'antan. Le " coucher de soleil de Zia ", visible depuis les hauteurs de cette petite bourgade et vanté par les guides touristiques, n'a ce soir que peu de spectateurs. Il n'en est que plus beau.Si les panoramas de l'île s'avèrent nombreux et souvent grandioses, il serait dommage d'assimiler Kos à une simple carte postale géante. L'île possède une riche histoire. Déjà mentionnée dans l' llliade d'Homère, elle est surtout connue durant l'Antiquité pour son Asclépéion, gigantesque sanctuaire consacré au dieu de la médecine Asclépios. L'étendue de ses ruines laisse entrevoir un complexe d'une taille étonnante, abritant thermes, temples, hôpitaux... La médecine dispensée à Kos était l'une des plus réputées du monde antique. Et pour cause : c'est dans cette île qu'est né et a pratiqué le célèbre Hippocrate, auteur d'un serment déontologique que prêtent encore aujourd'hui les médecins fraîchement diplômés.Juste en contrebas de l'Asclepeion, la capitale de l'île, elle aussi appelée Kos, s'étend jusqu'aux rivages de la Mer Egée. La ville a réussi à préserver tout son charme et propose un condensé d'histoire locale, mêlant sans transitions ruines gréco-romaines (dont une luxueuse villa aux fresques et mosaïques d'excellente facture), forteresse des chevaliers hospitaliers, minarets ottomans (l'île, rattachée jusqu'en 1912 à l'empire ottoman, abrite encore une communauté musulmane), belles demeures italiennes, rues piétonnes, marché couvert, restaurants et bars branchés.Les pépites patrimoniales ne se cantonnent pas à la capitale et sont disséminées un peu partout sur l'île : lagune d'eau salée de Tigaki, prisée des oiseaux, églises orthodoxes aux dômes bleutés si caractéristiques... Il serait dommage ne de pas partir à l'aventure ! Même en dehors de la période d'affluence, il est très facile de louer une voiture, un scooter, un vélo... voire un cheval.En parfait néophyte, nous optons pour cette dernière solution : nous passerons sous silence notre allure ridicule et nos angoisses passagères pour ne retenir qu'un immense sentiment de liberté. Juste nous, le pas des chevaux, le soleil sur la grève et le bruit de la mer. Bref, le bonheur, quoi !