Kandinsky en une leçon

Lorsqu’il a peint son  » Tableau avec un cercle « , en 1911, Wassily Kandinsky n’aimait pas cette oeuvre à laquelle il ne comprenait rien. Il a même fini par s’en débarrasser – et il l’a beaucoup regretté par la suite, en réalisant qu’il avait non seulement créé le premier tableau abstrait de l’Histoire, mais aussi posé les fondements d’un nouveau courant artistique. La toile est actuellement exposée à Bruxelles avec une cinquantaine d’autres Kandinsky (tous datés de 1901 à 1922) et une centaine d’oeuvres russes qui ont influencé le maître – des icônes, de l’art populaire, mais aussi des oeuvres de Larionov ou Malevitch.

De prime abord, l’oeuvre de Kandinsky peut sembler quelque peu inaccessible. Marianne Knop, guide et spécialiste en histoire de l’art, nous propose un petit cours express pour mieux comprendre le peintre russe.

L’authenticité

L’authenticité est vraiment un concept-clé chez Kandinsky, qui s’est efforcé à la fois de la visualiser et de la décrire, souligne d’emblée la spécialiste. L’artiste a notamment réalisé une série d’expériences sur la manière dont la répétition de certains mots pouvait provoquer une véritable transe.

Vibration intérieure

Pour Kandinsky, l’artiste est ni plus ni moins qu’un prophète dont la mission est de permettre au public de transcender la réalité visible et consommable immédiate. Il insiste également beaucoup sur l’importance du temps, et avant tout du temps qu’il faut au spectateur pour contempler un tableau et se défaire de tout ce que qu’il pensait savoir ou connaître. S’il y parvient, il devrait ressentir une vibration intérieure comparable à l’expérience sonore ressentie en se tenant devant une oeuvre d’art les yeux fermés. L’expérience visuelle à elle seule doit suffire à lui donner la chair de poule.  » Ce n’est pas évident « , rassure la spécialiste.  » D’ailleurs moi-même, je n’y suis jamais parvenue. « 

Forme et couleur

Kandinsky distingue par ailleurs deux éléments formels : le point (la base) et la ligne (l’élément dynamique, le mouvement). Le pendant de la forme est l’insaisissable couleur, une réalité qui échappe à toute description... et que Kandinsky a pourtant cherché à saisir en attribuant à chaque teinte un certain nombre de caractéristiques. On retrouve notamment souvent chez lui la combinaison du bleu et du jaune ; le mélange de ces deux couleurs associées respectivement au détachement et à l’agressivité donne du vert, qui évoque la paix mais aussi l’ennui et l’apathie. Une autre opposition très importante chez Kandinsky est celle du noir et du blanc, qui symbolisent tous deux le rien absolu – à la différence près que, si le blanc reste malgré tout porteur d’une infinité de promesses, ce n’est pas du tout le cas du noir. Enfin, un troisième contraste fréquent chez le peintre russe est celui du rouge bleuté et du rouge-jaune, de la pourpre froide et de l’orange chaleureux.

Composition

La genèse d’une oeuvre se déroule en trois phases : l’impression, l’improvisation et la composition. Ces trois étapes sont clairement visibles dans les oeuvres présentées à Bruxelles. Pour Kandinsky, l’objectif suprême était la composition, le développement riche de tensions de l’improvisation.

Enfin, Kandinsky estimait que tout était permis... à condition d’émaner d’une  » nécessité intérieure « , conclut Marianne Knop.

Kandinsky & la Russie. Jusqu’au 30/6 aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Rue de la Régence 3 à Bruxelles. Mar-dim de 10 à 18h30 (jusqu’à 20h le mercredi). Entrée : ?14,50 mar-jeu, ? 13 ven., ? 17,5 sam-dim (12,5 ?/ 11,5 ? /15,5 ? pour les plus de 65 ans). Plus d’informations au 02.508.33.33 ou sur www.expo-kandinsky

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