Au milieu du XIXe siècle, la tuberculose ravage l'Europe. En 1853, le médecin allemand Alexander Spengler se rend compte que la maladie est peu présente à Davos. A quoi estce dû ? Le spécialiste l'ignore, mais il est convaincu que l'explication se trouve dans l'air ou le climat local. Il décide dès lors de créer une station thermale pour les patients atteints de tuberculose, soutenu par le Néerlandais Willem Jan Holsboer, un millionnaire dont l'épouse a succombé à la maladie. C'est d'ailleurs ce dernier qui fait construire une ligne de chemin de fer vers Davos pour que les patients puissent s'y rendre.
...

Au milieu du XIXe siècle, la tuberculose ravage l'Europe. En 1853, le médecin allemand Alexander Spengler se rend compte que la maladie est peu présente à Davos. A quoi estce dû ? Le spécialiste l'ignore, mais il est convaincu que l'explication se trouve dans l'air ou le climat local. Il décide dès lors de créer une station thermale pour les patients atteints de tuberculose, soutenu par le Néerlandais Willem Jan Holsboer, un millionnaire dont l'épouse a succombé à la maladie. C'est d'ailleurs ce dernier qui fait construire une ligne de chemin de fer vers Davos pour que les patients puissent s'y rendre.Nous empruntons un téléphérique depuis le centre de Davos. Il nous emmène 300 mètres plus haut, sur un plateau montagneux entièrement piétonnier. Holsboer aura mis deux ans pour découvrir cet endroit extraordinaire, destiné à devenir la plus prestigieuse des stations thermales de la région. Et de fait, la vue sur les Alpes suisses est à couper le souffle.Le sanatorium de luxe, construit dans le style Art nouveau, a été inauguré le 21 décembre 1900. Le bâtiment n'a pas changé depuis. Le Schatzalp a mis tout en oeuvre pour que ce passé continue à vivre. C'est aujourd'hui un hôtel, mais des guides nous ramènent un siècle en arrière avec enthousiasme.Ce retour en arrière ne nécessite toutefois pas une grande imagination. Près de la moitié de la décoration d'intérieur est toujours d'origine. C'est en raison de ce charme d'antan que deux longs-métrages y ont récemment été tournés (Youth avec Michael Caine et Mal de Pierres avec Marion Cotillard). La réception en bois d'acajou, la cage d'ascenseur et la centrale téléphonique en fer forgé sont tels que les hôtes les découvraient au siècle dernier, alors qu'en piteux état, ils franchissaient le seuil du sanatorium. " Imaginez ce que ces patients devaient ressentir en pénétrant dans ces lieux, souffle notre guide Timothy Nelson. Ils étaient submergés par le décor somptueux et le panorama impressionnant. Mais ils ignoraient si c'est en vie qu'ils quitteraient les lieux. "La station thermale drainait une clientèle cosmopolite, principalement issue de la haute bourgeoisie. Le service était à la hauteur de leurs exigences afin de leur procurer entièresatisfaction. La salle du petit déjeuner disposait par exemple d'un côté entièrement vitré, avec vue sur un panorama d'exception, tandis que l'autre côté était décoré de peintures murales, donnant l'impression de se trouver constamment en pleine nature. Au sanatorium, les repas étaient d'une grande importance : les hôtes se retrouvaient à table sept fois par jour. " Quand ils pénétraient dans cette salle, ils avaient la sensation que tout allait mieux ", confie Timothy Nelson.Le sol en mosaïques, les plafonds, les luminaires de style Art nouveau, les vitraux d'origine : tout est resté en place et intact. Toutes les chambres de l'hôtel sont les anciennes chambres des patients. Notre guide attire notre attention sur les grandes terrasses. On ne peut s'y tromper : nous sommes dans un ancien sanatorium. Les patients devaient passer de longues heures sur le balcon pour absorber un maximum de lumière et profiter du calme. Avant la guerre, les antibiotiques étant inexistants, la thérapie était basée sur l'idée que l'abondance de lumière et l'air pur des Alpes avaient un pouvoir de guérison. Parfois, cela fonctionnait, parfois pas, reconnaît le guide. Cela dépendait de l'état d'avancement de la maladie et de la période de l'année durant laquelle arrivaient les patients.Des années plus tard, il a été prouvé que les tuberculeux présentaient une carence en vitamine D parce qu'ils vivaient souvent en ville, dans des maisons sombres. La lumière, très vive au-dessus du Schatzalp, était utilisée comme luminothérapie. Les effets étaient souvent favorables. Timothy Nelson dirige notre regard sur les portes des chambres destinées aux femmes. Elles sont un rien plus larges que les autres pour pouvoir laisser entrer ces dames d'un certain standing et ... leur crinoline.Nous approfondissons l'histoire de Davos lors de notre visite au musée de la médecine et au musée des sports d'hiver, qui se trouvent côte à côte dans le centre-ville. Le Dr Peter Flury gère le premier, qui retrace toute l'histoire des sanatoriums. En 1910, Davos en comptait au moins 26, nous apprendil. Les cures ont ici connu un véritable succès. Vers 1947, les sanatoriums sont devenus inutiles avec l'arrivée des antibiotiques. Dans les années 1950, la plupart ont été transformés en hôtel, raison pour laquelle Davos était prête à accueillir sans attendre les vacanciers et devint l'une des premières stations de ski. Il n'empêche qu'aujourd'hui encore, la ville la plus haute d'Europe attire de nombreux patients souffrant d'asthme ainsi que des chercheurs en médecine qui apprécient son air particulièrement pur.