Berlin 25 ans après la chute du mur

Vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, nous sommes allés dans la capitale allemande pour nous immerger dans son passé encore si proche.

Berlin, le 9 novembre 1989. Les gardes est-allemands ouvrent les postes-frontière séparant Berlin-Est de Berlin-Ouest. Plusieurs brèches déchirent le fameux mur. Un quart de siècle plus tard, Berlin a changé du tout au tout. Mais la ville n’a pas fait table rase de son passé. Plusieurs musées et expositions célèbrent aujourd’hui ce jubilée. Itinéraire en cinq étapes...

1 Prenzlauer Berg et Bernauer Strasse

« Prenzlauer Berg était en zone est-allemande (RDA) et est restée à l’état de ruines jusqu’en 1989, raconte notre guide, Hans Boekhorst. Aujourd’hui, les maisons de maître ont retrouvé leur splendeur et ce quartier est devenu hype. » Hans nous conduit Bernauer Strasse où, le 13 août 1961, les habitants se sont réveillés face à une frontière infranchissable juste devant leur porte. Les maisons se situaient sur la ligne de démarcation destinée à stopper les passages de l’Est à l’Ouest. Une pierre commémorative rappelle que c’est là qu’est tombée la première victime d’une tentative de fuite.

Les balises commémoratives qui se succèdent tout au long de la rue gardent ce passé proche bien vivace. On a conservé ici 120m des 155km du mur d’origine. Plusieurs façades sont ornées de photos grandeur nature en noir et blanc, représentant des scènes d’époque marquantes. Un peu plus loin, de hauts piquets rouillés de la hauteur du mur évoquent la construction du « mur de la honte ». « La reconstruction d’une partie du mur s’est heurtée à une opposition terrible mais, en 1998, on a pu en ériger un petit morceau, le Mémorial du mur de Berlin », précise Hans.

Le guide nous conseille de grimper jusqu’au point de vue, du côté Ouest. De là haut, le no-man’s land de 90m de large avec le Todesstreifen (« ruban de la mort ») et l’intérieur du mur côté Est. Au centre s’élève une tour de contrôle. Ceux qui tentaient d’escalader le mur afin de passer à l’Ouest étaient froidement abattus. Sueurs froides garanties, tandis que nous passons devant une fenêtre-souvenir aménagée en 2010 avec les photos des malheureux fugitifs.

Nous avons parcouru le Walking Tour avec Berlin on Bike, Knaackstrasse 97, Kulturbrauerei. Prix : 17? p.p. Infos et réservations : www.berlinonbike.de

2 Le tour de la ville en Trabant

La fameuse voiture emblématique de la RDA fête ses 50 ans. Nous prenons place dans un modèle de 1989 qui semble tout droit sorti de l’entre-deux guerres. « On trouve des Trabant sur Ebay à partir de 1.000 ? », nous glisse le chauffeur en nous tendant une bouteille de Wostok, sorte de Coca Cola russe.

Nous avons opté pour le Wall Ride de deux heures, qui permet de remonter la Karl Marx Allee. Ce boulevard de 89m de large voyait défiler à l’époque toutes les parades du régime militaire est-allemand. Nous faisons halte devant le Café Moskou, désormais désert, où se retrouvaient les pontes du parti.

L« East Side Gallery, dans la Mühlen -strasse (quartier Kreuzberg), se trouve également sur notre parcours. Avec son 1,3km, il s’agit du plus long vestige de mur encore debout. Il donne sur la Spree et a été recouvert en 1990, côté Est, par les oeuvres de 120 artistes du monde entier. Il symbolise désormais le souvenir et la liberté.

Trabi Safari avec Trabi World, Zimmerstrasse 97, www.trabi-world.com. Plusieurs itinéraires possibles. Prix : 34 à 79 ? p.p.

3 La vie en RDA

Nous nous dirigeons vers le Kulturbrauerei, dans le quartier de Prenzlauer Berg. Brasserie du régime jusqu’en 1967, l’endroit abrite désormais un centre culturel. Une exposition y met en scène plus de 800 objets relatant la vie quotidienne en Allemagne de l’Est avant 1989. Notre guide Gabriële Zurn nous attend. « On manquait de tout, même si les entreprises d’Etat planifiaient la production. Résultat, les files s’allongeaient devant les magasins presque vides...  » Nous observons, fascinés, les linéaires d’un supermarché reproduits à l’identique, avec ses conserves de haricots, ses boîtes de riz et ses bocaux de confitures. Nous pénétrons ensuite dans un appartement typique de la RDA. « Les gens s’en contentaient « , précise Gabriële. Je lui demande si certaines personnes n’ont pas la nostalgie de l’Allemagne de l’Est. « Oui, cela arrive, il y a des gens qui ont du mal à se faire à notre mode de vie contemporain. »

Altag in der DDR. Expo permanente, Museum in der Kulturbrauerei, Knaackstrasse 97, www.hdg.de Ouvert du mardi au dim. de 10 à 18h. Le jeudi de 10 à 22h. Entrée libre. Alternative : DDR-museum, www.ddr-museum.de

4 Le Black Box

Le mythique Checkpoint Charlie dans la Friedrichstrasse, l’unique poste frontière par lequel les étrangers pouvaient pénétrer dans Berlin-Est, abrite le Black Box, premier musée consacré à la Guerre froide. Il s’y installera de manière définitive en 2015. Une visite incontournable pour qui souhaite mieux comprendre les méandres du contexte international. Le musée relate les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les alliés ont découpé Berlin, la création de la RDA en 1949, la course à l’armement entre les USA et la Russie, la perestroïka de Gorbatchev et la chute du bloc de l’Est. Cette histoire, encore très récente, s’enrichit d’archives télévisées.

Black Box, Zimmerstrasse, www.visitberlin.de Du lundi au dim., de 10 à 18h. Prix : 5 ?.

5 Emotions au Tränenpalast

Sous le régime communiste, certains se voyaient délivrer à titre exceptionnel un visa pour voyager en Occident. Ils partaient souvent de la gare de Friedrichstrasse, où se trouvait un poste de contrôle. Le hall des départs a été surnommé Tränenpalast, palais des larmes, car les gens en partance savaient qu’ils ne reviendraient pas, qu’ils ne reverraient pas leur famille ni leurs amis. L’exposition permanente évoque avec force l’histoire et l’émotion des protagonistes. On s’arrête aussi aux bulletins d’infos des années 50 et 60, qui reflètent les visions de l’actualité d’alors, tant du point de vue de la RFA que de celui de la RDA.

Tränenpalast. Reichstagufer 17, Du mardi au vend., de 9 à 19h, le WE de 10 à 18h. Entrée libre.

Pratique

Infos :www.visitberlin.de

Y aller : Plusieurs compagnies aériennes proposent des liaisons directes Bruxelles-Berlin (1 h 20 de vol). Le train offre une bonne alternative. La Deutsche Bahn relie Bruxelles et Berlin en 6 h. Correspondance à Cologne.

Infos : www.bahn.de

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