Dinant © GETTY IMAGES

Au sommet des citadelles mosanes

Elles ont fière allure, perchées sur les contreforts de la Meuse, dominant les villes qu’elles protégeaient autrefois. Mais les citadelles de Namur, Dinant, Huy et Liège méritent-elles toujours la visite ?

Depuis toujours, la Meuse constitue une voie de communication de première importance. A partir du Moyen-Âge, elle devient aussi frontière entre comté de Namur et principauté de Liège et, plus globalement, entre puissances européennes. Jusqu’à une époque récente, le fleuve est un point de passage obligé sur le chemin des invasions.

Au fil des siècles, des positions fortifiées s’établissent tout au long du fleuve. La plupart ont aujourd’hui disparu, ont été transformées en château de plaisance ou n’existent plus qu’à l’état de ruine. Seules les places fortes de Dinant, Namur, Huy et Liège gardent très longtemps une importance stratégique. En 1815, les Néerlandais prennent possession de la future Belgique : sous leur domination, les quatre citadelles sont profondément transformées et acquièrent grosso modo leur forme actuelle. Depuis lors, ces quatre  » dames de pierre  » ont connu des destins variables, entre renouveau touristique et lente dégradation.

Namur la renaissance de la termitière

Initialement lieu de vie des comtes de Namur, la Citadelle connaît un destin tourmenté entre le XVe et le XVIIIe siècle : elle est assiégée à de nombreuses reprises, notamment par Don Juan d’Autriche et Louis XIV. Les plus grands ingénieurs miliaires de l’époque, parmi lesquels Vauban, s’acharnent en vain à en faire une place imprenable. A tel point qu’au XVIIIe siècle, Namur devient l’une des plus grandes forteresses d’Europe, avec 80 ha de fortifications en surface. Selon la légende, Napoléon l’aurait qualifiée de  » termitière de l’Europe  » car, sous les murailles, s’étendent des kilomètres de souterrains. En grande partie démilitarisée par Léopold II, qui désire en faire une attraction touristique, la citadelle devient très fréquentée par les nantis de la Belle-Epoque.

Namur
Namur© ARIAL MEDIA

Ces derniers temps, les lieux connaissent un regain de dynamisme : nouvel éclairage LED et réfection – bien nécessaire – des murailles, nouveau musée, installation d’une oeuvre monumentale de Jan Fabre et, dernière nouveauté, parcours scénographique des souterrains, accessible depuis octobre dernier. Si vous n’avez plus posé le pied sur la citadelle depuis des années, et malgré les nombreux échafaudages, n’hésitez pas : la visite en vaut la peine.

On a aimé : le nouveau parcours dans les souterrains, où le video mapping vient renforcer les explications du guide : les murs s’animent d’images de synthèses et de personnages, donnant un aperçu clair des fonctions des souterrains ou encore de leur fabrication. Bluffant !

Pratique : Citadelle de Namur, accès via Terra Nova, Route Merveilleuse 64, 5000 Namur. Horaires en basse saison : parcours extérieur accessible 7j/7 de 10 à 17 h. Musée fermé le lundi. Visite des souterrains les mercredis, week-ends et jours fériés. Plus d’infos : www.citadelle. namur.be ou 081 65 45 00

Dinant plongée dans le passé

Dinant
Dinant© WBT.S.NITTENBOL

Dinant, ville-frontière appartenant historiquement à la principauté de Liège, a longtemps abrité l’un des rares ponts sur la Meuse. Dans ce contexte, on comprend vite que l’histoire de la ville et de sa citadelle fut mouvementée ! Avec, de temps à autres, de véritables carnages : en 1466, Charles le Téméraire n’hésite pas à jeter 800 Dinantais dans la Meuse, attachés deux par deux. Bien plus tard, en 1914, soldats français et allemands s’y battent, avant que l’envahisseur ne provoque – encore ! – un massacre.

Dinant
Dinant© G.F. / NICOLAS EVRARD

L’histoire des lieux est donc riche, mais la visite nous a laissé un goût de déception : la scénographie est très vieillotte (Ah, ces mannequins poussiéreux dont les cheveux se décollent...) et assez avare en informations. On espère que les visites guidées gomment un peu ces défauts.

On a aimé : l’espace consacré au massacre de 1914, plus moderne et poignant. Plus cocasse : la reconstitution d’un abri bombardé, qui met notre sens de l’équilibre à l’épreuve.

Pratique : Citadelle de Dinant, Chemin de la Citadelle, 1, 5500 Dinant. Horaires en basse saison : tous les jours de 10 h à 16h30 (fermé en janvier hors week-ends et congés scolaires). Visites guidées durant les week-ends et congés scolaires. Plus d’infos : www.citadellededinant.be ou 082 22 36 70

Huy de sinistres geôles

Il fut un temps où le château de Huy était l’un des plus beaux de nos régions. Le richissime Erard de la Marck, Prince-évêque de Liège au XVIe siècle, en fit même sa seconde résidence. Il ne reste malheureusement plus rien de tout cela : le beau castel a été transformé en un fort inexpugnable et bien plus austère. En 1940, les Allemands y établissent l’un des pires bagnes de Belgique : plus de 7.000 personnes y sont incarcérées et/ou envoyées dans les camps.

Huy
Huy© BELGAIMAGE

Plus qu’une attraction touristique, la citadelle de Huy est avant tout un lieu de mémoire glaçant. Malheureusement, le manque de financement est criant : téléphérique en panne, scénographie vieillotte...

On a aimé : paradoxalement, le manque de moyen offre au fort de Huy une  » atmosphère  » très en raccord avec les propos sur l’emprisonnement et la déportation.

Pratique : Fort de Huy, chaussée Napoléon, 4500 Huy. Attention : l’accès à l’intérieur du fort est interdit du 1er novembre au 1er avril. Il reste possible de faire une balade autour du fort (30-40 minutes). Plus d’infos : www.huy.be ou 085 21 29 15

Liège un charme insoupçonné

Si les Princes-Evêques font construire une première forteresse sur les hauteurs de Liège au XIIIe siècle, ce n’est pas seulement pour protéger la Cité ardente...  » En réalité, ils veulent aussi tenir en respect la population liégeoise, souligne en souriant Fabrice Muller, de l’Office du Tourisme de Liège. Ces premières fortifications vont faire place à une citadelle pentagonale, qui ne jouera jamais un grand rôle militaire « .

Après l’indépendance belge, les soldats en garnison dans la forteresse partent régulièrement en goguette dans les estaminets en contrebas. Afin de ne pas trop déranger le voisinage, on construit pour eux un passage isolé et bien plus direct : la célèbre Montagne de Bueren, soit un escalier raide de plus de 374 marches ! A la fin des années 60, la citadelle est vendue au CPAS liégeois, qui n’hésite pas à détruire les fortifications pour y installer un hôpital flambant neuf.

Liège
Liège© G.F. / NICOLAS EVRARD

Il reste pourtant de nombreux vestiges encore visibles, au sein d’un espace vert désormais débarrassé des voitures. Celui-ci s’ouvre sur un superbe panorama, permettant d’embrasser du regard le centre-ville liégeois. L’un des bastions rescapés a par ailleurs été transformé en  » Enclos des fusillés « , où se trouvent les sépultures de plus de 415 personnes fusillées par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

On a aimé : ces ruines prises dans la végétation, s’ouvrant sur une campagne préservée (le  » Bois Fabry « ) et un point de vue imprenable par une belle journée d’hiver. Le tout à, à peine, 15 minutes à pied du centre-ville. On n’y passerait pas la journée, mais si vous êtes en visite dans la Cité ardente, n’hésitez pas à faire le crochet !

Pratique : Parc et coteaux de la Citadelle, boulevard du Troisième Génie, 4000 Liège. Parc accessible toute l’année, l’Office du tourisme organise plusieurs fois par an des visites à l’intérieur des vestiges. Elle propose par ailleurs des dépliants avec plusieurs itinéraires de balade pour découvrir les coteaux, notamment ceux de la citadelle (sentier bleu). Plus d’infos : www.visitezliege.be ou 04 221 92 21

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