Le sanctuaire shinto de Dazaifu. © INGRID HANNES

À Kyushu, quand les traditions se marient à la modernité, le passé se conjugue au présent

Greet Van Thienen Journaliste

Modernité et traditions ancestrales se fondent dans un mariage étonnant sur l’île japonaise de Kuyshu. Temples anciens, ryokans, cérémonies du thé, bâtiments futuristes...

Le ryokan de Monsieur Shimizu se trouve dans le petit village de Yunohira, au bord d’un torrent, dans la partie orientale montagneuse de Kyushu. Dans cet hôtel japonais traditionnel, on dort sur un futon déroulé chaque soir sur le tatami. Dans le hall d’entrée, des chaussons attendent les hôtes car pas question de rentrer avec la poussière du monde extérieur sur ses chaussures.  » Désolé pour la poussière dans la voiture, s’excuse-t-il en venant nous prendre à la gare. Un volcan est entré en éruption et les cendres sont retombées très loin à l’intérieur du pays. « 

Fukuoka affiche une modernité impressionnante.
Fukuoka affiche une modernité impressionnante.© GETTY IMAGES

Au Japon, on apprend à se plier aux lois de la nature. Pendant notre séjour, nous avons essuyé un typhon, la terre a tremblé à Osaka et le volcan Aso a fait parler de lui. Est-ce la raison pour laquelle les Japonais attachent autant d’importance à la fragilité des choses, que ce soit dans l’ultime raffinement de l’ikebana, l’art de la composition florale, ou de la cérémonie du thé ? Enlevez ne fût-ce qu’un élément et l’harmonie est irrémédiablement rompue.

La ville portuaire de Fukuoka, elle, est l’une des plus accueillantes du Japon. On est toujours chaleureusement accueilli dans les yatai, ces stands ambulants de restauration qui fleurissent tous les soirs. Un chef nous fait goûter son saké spécial et ses bouchées. Impossible d’échapper au hakata ramen, un délicieux potage aux nouilles à base de bouillon de porc, la fierté de la ville.

Une oasis de tranquillité

Le mariage de la modernité et des vieilles traditions intrigue : un des plus vieux temples zen du Japon, Shofukuji, se trouve dans un parc en plein centre de Fukuoka. Nous avons la chance d’assister au rituel célébrant la récolte du thé en automne. Nous y croisons également un moine et un joueur de flûte en bambou. Une sensation d’éternité flotte dans cette oasis de tranquillité. Nous déambulons dans la ville qui nous fait l’effet d’un labyrinthe magique. Une superbe boutique de kimonos attire notre attention dans une ruelle étroite. La propriétaire nous invite à une séance de kimonologie. C’est qu’il faut un sacré savoir-faire pour se parer de ces mètres de tissu et nouer tous ces rubans. En banlieue, on est rattrapé par la modernité. Le Grin Park de l’architecte Toyo Ito symbolise les dernières tendances architecturales. Cette étrange bâtiment vitré abrite notamment un jardin de papillons.

À une petite demi-heure de train de Fukuoka, la petite ville de Dazaifu est célèbre pour le sanctuaire shintoïste de Tenmangu. Devant le sanctuaire shinto se trouve le célèbre jardin zen du temple de Komyozenji. Depuis des siècles, les sentiers sinueux de sable blancs sont consciencieusement ratissés, tels de petites rivières qui louvoient entre les îlots de mousse. Les érables flamboient. Au sanctuaire shinto de Dazaifu, les parents viennent célébrer le troisième, cinquième ou septième anniversaire de leur rejeton, vêtu d’un superbe kimono pour l’occasion, des moments-clés dans la vie de l’enfant. Des classes entières d’étudiants viennent prier ici pour la réussite de leurs prochains examens.

L'incontournable thé matcha se déguste accompagné de cakes à la farine de riz.
L’incontournable thé matcha se déguste accompagné de cakes à la farine de riz.© INGRID HANNES

À l’arrière du domaine, un escalator (assez incongru dans le paysage) mène au Musée National de Kyushu, au sommet de la colline. L’édifice moderne ressemble étrangement à un dragon de verre ou à un tatou géant. Les arbres et les nuages se reflètent dans l’étrange façade vitrée, comme si le ciel se prolongeait à l’intérieur. Les vitrines abritent de précieuses collections d’art japonais ancien et classique.

Une prêtresse hors du commun

Hiroko Takayama est la première femme prêtre shinto du sanctuaire de Dazaifu. Diplômée de l’université de Tokyo, elle a été pom-pom girl et a travaillé des années comme expert IT pour IBM, ce qui lui a permis de voyager dans le monde entier. Mais au bout de onze ans, elle s’est découvert une nouvelle vocation et s’est mise à l’étude du shintoïsme.

 » Chez IBM, on réfléchit exclusivement à court terme. Ici, on réfléchit en périodes de 500, voire 1.000 ans ! Mon travail me procure beaucoup de satisfaction. Le shinto n’est pas une religion, c’est un mode de vie. Le respect de la vie, de l’homme, de la nature. Si cette tradition venait à se perdre, un pan entier de notre culture disparaîtrait.  » Sa tante Noriko, elle aussi ex-ingénieure IT, officie comme prêtre au sanctuaire de l’île de Shikanoshima, au large de Fukuoka. Noriko nous emmène dans un restaurant avec vue sur mer. Assis à même le sol, jambes croisées, nous nous délectons d’un délicieux repas de poisson et de crustacés tandis que les bateaux défilent au loin.

Pratique

Tourisme Japon : www.jnto.go.jp

Tourisme Fukuoka : https://www.fukuoka-now.com

Y aller : ANA (All Nippon Airways) propose des vols directs Bruxelles-Tokyo, et de là à destination de Fukuoka. www.ana.co.jp

Contenu partenaire