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Vivre seul coûte souvent plus cher

Aujourd’hui, 35% des ménages belges sont composés d’une seule personne. En 2060, ce taux atteindra les 50%. Bien que ce groupe soit très diversifié, il est souvent confronté aux mêmes difficultés.

Le gouvernement fédéral est parvenu à un accord budgétaire pour l’année 2022. L’objectif: trouver un équilibre entre les réformes et les investissements. L’un des accords partiels concerne la lutte contre la crise énergétique. Le gouvernement prend des mesures pour atténuer la forte hausse des prix de l’énergie, notamment pour les consommateurs qui en ont le plus besoin. Le tarif social étendu (concerne environ 1 million de ménages depuis la crise du covid) sera prolongé et il y aura une réduction supplémentaire de 80 euros pour les personnes qui ont droit au tarif social. Il n’y aura pas de mesure spéciale pour les autres consommateurs, mais eux aussi paieront quelque 30 à 50 euros de moins, en raison de la transformation d’un prélèvement fédéral en accise.

Ce n’est qu’une des nombreuses mesures prévues par l’accord budgétaire fédéral (des mesures au niveau régional sont également promises pour réduire les factures d’énergie), mais l’augmentation du prix de l’énergie touche tout le monde. En particulier les personnes qui vivent seules et ne peuvent pas partager le coût de l’énergie de leur maison.

Le logement est cher

Un autre point auquel les célibataires doivent faire face est tout ce qui touche aux impôts et taxes forfaitaires. Pensez, par exemple, à la taxe foncière. Cette taxe est payée par famille et non en fonction du nombre d’occupants. Les familles ayant des enfants à charge ont également droit à une réduction de cet impôt.

« Le logement et les coûts qui l’accompagnent constituent le principal point douloureux pour les personnes vivant seules », affirment Carla Dejonghe, députée européenne de Bruxelles, et Gert Van der Eeken, juriste-économiste. Ils tous deux engagés dans All1, un groupe d’intérêt qui défend les personnes vivant seules, promeut la recherche scientifique et tire la sonnette d’alarme auprès des décideurs politiques. Les résultats d’une enquête de All1 auprès des célibataires reflètent principalement une demande de fiscalité plus juste, de logements plus abordables (loués ou achetés) et un réflexe « célibataire » en général. Le sentiment dominant est que les politiques ne tiennent pas suffisamment compte de leurs besoins spécifiques et de leur capacité financière par rapport aux personnes à double revenu. »

Plus d’impôt sur le revenu des personnes physiques

En plus des coûts et des taxes liés au logement, l’impôt sur le revenu des personnes physiques n’est pas tendre avec les personnes célibataires ou vivant seules. « En termes de revenus professionnels, les travailleurs célibataires sans enfants sont parmi les plus lourdement imposés au monde. Ils perçoivent moins de la moitié de leur salaire brut. « L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a calculé qu’un célibataire sans enfant ayant un revenu moyen paie 51,5 % d’impôts. Pour un célibataire bien rémunéré, la charge fiscale en Belgique s’élève à 60,7 % », souligne Carla Dejonghe. »

« La facture fiscale des familles est plus modérée, grâce à des allégements fiscaux spécifiques », ajoute Gert Van der Eeken. « Les parents ayant des enfants à charge ont droit à une allocation non imposable plus élevée. Par conséquent, une plus grande partie du revenu n’est pas imposée. Il existe également un calcul fiscal favorable pour les couples mariés et les cohabitants légaux, dont l’un des partenaires n’a pas ou peu de revenus : le quotient conjugal. Ainsi, jusqu’à 30% des revenus d’un partenaire peuvent être attribués fictivement à l’autre. Ainsi, une partie des revenus échappe aux taux d’imposition les plus élevés chez l’un des partenaires et est imposée à un taux plus faible chez l’autre. »

Cotisation spéciale de sécurité sociale

L’accord budgétaire ne tient pas vraiment compte de la vie plus coûteuse d’une personne célibataire. La cotisation spéciale de sécurité sociale est supprimée. Mais cette contribution spéciale est calculée sur le « revenu familial » (avec un maximum de 731 euros). Les personnes seules ont un « revenu familial » inférieur à celui d’une famille traditionnelle à deux revenus, et ont donc moins à gagner si la contribution est supprimée. Ainsi, un célibataire actif bénéficiera d’une réduction de 50 euros sur les impôts, alors que les couples à deux revenus toucheront 150 euros supplémentaires.

Le politologue Dave Sinardet (VUB) souligne notamment sur Twitter que l’intervention « apporte moins d’avantages aux personnes seules à faibles revenus » et que la Vivaldi renforce ainsi le désavantage fiscal déjà important des personnes célibataires.

Michel Maus, professeur de droit fiscal, nuance. « Il s’agit de l’extinction d’une mesure de crise de 199, une cotisation, calculée sur le revenu familial, à laquelle les familles ont ainsi contribué plus que les résidents célibataires pendant 27 ans. On l’oublie un peu aujourd’hui. »

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