Comment maintenir son niveau de vie quand l'espérance de vie s'allonge est une question cruciale et le fil conducteur de la réforme des retraites des deux derniers gouvernements, et ainsi que de celui à venir. La question se pose avec la même acuité dans les pays voisins. On peut envisager trois solutions à la problématique de l'allongement de la durée de vie. La première consiste à réduire le montant de la pension, la seconde à augmenter les impôts et la troisième à travailler plus longtemps pour maintenir un système viable. C'est cette dernière solution qu'a choisi la Belgique.
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Vivre plus longtemps, notre défi financier
L'espérance de vie ne cesse de s'allonger. C'est une bonne nouvelle, mais cela pose de nouveaux défis au niveau de la manière dont nous organisons nos vies et, plus largement, notre société.

Comment maintenir son niveau de vie quand l'espérance de vie s'allonge est une question cruciale et le fil conducteur de la réforme des retraites des deux derniers gouvernements, et ainsi que de celui à venir. La question se pose avec la même acuité dans les pays voisins. On peut envisager trois solutions à la problématique de l'allongement de la durée de vie. La première consiste à réduire le montant de la pension, la seconde à augmenter les impôts et la troisième à travailler plus longtemps pour maintenir un système viable. C'est cette dernière solution qu'a choisi la Belgique.Comment envisage-t-on financièrement l'allongement de la durée de vie ? C'est ce que dévoile un sondage réalisé, à la demande de Roularta Media, par Kantar TNS auprès de 1.001 personnes de 25+ représentatives de la population.Si vous êtes obligé de travailler plus longtemps, il est important de rester en forme. L'augmentation du nombre de burn-out ne doit rien au hasard. La meilleure solution ne serait-elle pas de lever le pied en fin de carrière? Il ne faudrait pas nécessairement réduire les prestations horaires mais peut-être occuper un poste générant moins de stress. Mais un travail moins exigeant ne signifie-t-il pas une baisse du salaire? Oui, évidemment. Seriez-vous prêt à l'accepter?A la question: " En fin de carrière, accepteriez-vous un travail moins prenant pour un salaire inférieur? ", 11% ont estimé que ce serait envisageable mais un tiers s'y refuserait totalement. On comprend qu'une perte de salaire ne soit pas possible pour tout le monde. En outre, pour beaucoup de personnes, les dix dernières années de leur carrière sont une période au cours de laquelle elles peuvent mettre un maximum d'argent de côté, les enfants volant de leurs propres ailes. Faut-il pour autant jeter le bébé avec l'eau du bain? Nous avons interrogé Brigitte Ballings, experte en transition et coach en résilience."L'argent est un premier tabou, précise d'emblée Brigitte Ballings. Personne n'en parle volontiers et pourtant il est indispensable de s'interroger sur son rapport à l'argent et, en particulier, de définir ce qui suffit à son bonheur. C'est l'un des thèmes que j'aborde régulièrement dans mon activité de coach: tenter d'éliminer l'angoisse à propos des questions financières en objectivant les choses. De combien disposez-vous aujourd'hui? De combien pensez-vous avoir besoin? N'est-il réellement pas possible de faire avec moins? De quel luxe ne pouvez-vous pas vous passer? Quel serait le pire scénario?Répondre à ces quelques questions permet généralement de progresser dans la réflexion. Bien sûr, on ne peut jamais se mettre à la place des autres car nous sommes tous très différents dans notre rapport à l'argent. Et personne non plus ne sait de quoi demain sera fait. La " démotion ", ou pas en arrière, entraîne inévitablement des incertitudes, notamment sur le plan financier. Les 50+ ont reçu une éducation qui leur " interdisait " de prendre des risques. " Economise pour plus tard, sois prudent " est une attitude profondément ancrée. Autrement dit, il faut travailler dur aujourd'hui pour en profiter plus tard. Ce plus tard, c'est la pension. Ce n'est qu'à ce moment-là que vous pourrez profiter, qu'il y aura un équilibre dans votre existence. Mais pourquoi ne pas tenter de trouver l'équilibre aujourd'hui? Je parle d'expérience. Mon propre parcours de démotion m'a appris que si vous trouvez l'équilibre aujourd'hui, même en étant encore actif professionnellement, vous resterez dynamique beaucoup plus longtemps."Ne sommes-nous pas un peu trop prisonniers d'une cage dorée ? " Absolument, reconnaît Brigitte Ballings. Notre ancienneté nous protège mais, en même temps, elle freine notre mobilité professionnelle. Ici aussi, il s'agit de renoncer à des garanties, comme un important délai, mais aussi à un certain nombre de symboles d'un statut social. Je songe par exemple à une voiture de société, à la place parking réservée, aux prix très modérés du restaurant d'entreprise et ainsi de suite. Mais, comme ce fut le cas pour moi, cette cage dorée peut à tout moment perdre de son éclat. Le plus pénible a été d'annoncer, à ma propre équipe, mais surtout à ma mère, que j'avais été virée de mon poste de direction à la banque et qu'on m'avait proposé un job plus " light ". L'étape suivante, et c'était ma propre décision, a été de remettre mon préavis à mon employeur et de m'engager sur la voie incertaine du coaching en tant qu'indépendante... Un pas que je n'ai osé franchir qu'après la mort de ma mère! Cela en dit long sur ma psychologie de l'époque: ne pas oser me lancer dans l'inconnu de peur d'inquiéter mon entourage. Je rencontre souvent cette attitude chez les personnes qui me consultent."Brigitte Ballings est pourtant convaincue que les cas de démotion vont se multiplier. "Le relèvement de l'âge de la retraite va rallonger les carrières. Il ne sera probablement plus possible de gravir un à un les échelons pendant quarante-cinq ans et on verra apparaître d'autres schémas de carrière. Choisir entre faire un pas en arrière au sein de son entreprise ou aller voir ailleurs, dépend de nombreux facteurs. Avant tout, il faut que votre nouveau poste au sein de l'entreprise vous convienne. C'est un must absolu - il faut que vous aimiez le nouveau job qu'on vous propose et que vous ne vous sentiez pas trop rétrogradé, déclassé. "La sagesse japonaise assure que " la pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé. " Il faut comprendre que, quand on est vulnérable, les intempéries de la vie portent davantage à conséquence. Chacun doit donc se préparer au mauvais temps.Justement en parlant de tuiles, quand arrive l'âge de la pension, avoir un toit à soi est déjà un fameux gage de sécurité. Et de tous les peuples de l'Europe, les Belges sont parmi les plus prévoyants. Car environ 70% des ménages belges sont propriétaires de leur logement. Il s'agit d'une sécurité financière indéniable pour les retraités. Ce n'est pas pour rien que l'immobilier est désormais considéré comme faisant partie du quatrième pilier de la pension. Les quatre piliers de la pension sont, dans l'ordre, les pensions légale et complémentaire, l'épargne-pension et l'épargne libre (de l'argent, des actions, de la brique, etc.).Être propriétaire dans notre pays, où la maigre pension légale versée par l'Etat tourne en moyenne à 1.200€ par mois, c'est incontestablement une des meilleures stratégies pour compenser les affres d'un faible pouvoir d'achat. Ne pas devoir payer un loyer (ou plus de remboursement hypothécaire), c'est déjà s'enlever une épine financière hors du pied. Petit bémol à cette belge situation presque idyllique, la proportion de propriétaires est en train de diminuer partout dans le pays, et en particulier à Bruxelles.Le pourcentage de propriétaires-occupants est tombé à une quarantaine de pourcents dans la capitale contre 60 %, il y a quinze ans. "Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène, commente Nicolas Watillon, le vice-président de l'IPI, l'Institut professionnel des agents immobiliers qui régit la profession en Belgique. Les jeunes couples ont davantage de difficultés financières pour accéder à la propriété. Mais ils sont aussi plus mobiles professionnellement et la location devient une évidence."Quant aux propriétaires qui arrivent à la retraite, s'ils possèdent un avantage sur les locataires, tout n'est pas acquis. Car les habitations vieillissent avec leurs propriétaires. " Il n'est pas rare de vendre une villa pour un appartement plus adapté à l'âge, plus facile à entretenir, poursuit Nicolas Watillon. Le souci, c'est que les anciennes villas nécessitent d'importantes remises aux normes, notamment en matière d'isolation et d'énergie. Conséquence : le prix de vente d'une telle habitation ne suffit plus toujours à s'acheter un appartement moderne."L'expert immobilier donne donc ce conseil : " les personnes attendent le tout dernier moment avant de se séparer de leur habitation, ce que je peux comprendre. Mais chaque année qui passe déprécie leur bien. L'idéal est donc de vendre son habitation entre 70 et 75ans, avant que de gros soucis ne changent la donne."
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