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S’investir dans le vignoble belge ?

Si la viticulture a le vent en poupe en Belgique, tout le monde n’a pas les moyens d’y placer son argent. A moins de passer par une coopérative.

« La Belgique un pays de vin en devenir« , Euronews. « Un excellent sol calcaire, le réchauffement climatique et un savoir-faire acquis dans les grandes écoles d’oenologie...« , le « Figaro ». La presse internationale estime que la Belgique peut se muer en pays viticole. Après les microbrasseries, ce sont les vignobles qui se développent à la pelle. Une question mouille donc les lèvres : faut-il investir dans le boire-jaune-rouge ? Les prochaines années s’annoncent certes prometteuses. Le climatologue Doutreloup explique que, chaque fois que la planète gagne 1°C, c’est le sud qui remonte de 100 km. Champagne et Bourgogne sont à nos portes. La production belge de vin ne le dément pas. En 2018, elle a chatouillé le seuil des deux millions de litres.

En somme, ce n’est qu’un retour. Car on a produit du vin sur les coteaux de nos vallées depuis le VIIe siècle. Un petit âge glaciaire plus tard et quelques importations par les voies fluviales ont fait péricliter la culture de la vigne dès Napoléon. Mais, tenace comme le lierre, la vigne de chez nous a repris de la vigueur, il y a une vingtaine d’années. Et plusieurs vins belges bénéficient désormais d’un label comme le « Haspengouwse wijn », le « Vlaamse mousserende wijn » en Flandre ou encore le « Vin des Côtes de Sambre et Meuse » en Wallonie. Mieux encore, quelques acteurs ont déjà su tirer leur épingle du jeu dans le haut de gamme. Le vignoble des Agaises (cuvée Ruffus, 300.000 bouteilles), rivalise en qualité avec les belles maisons de Champagne. Toute sa production est écoulée.

Alors, faut-il investir dans le vin belge ? La réponse serait « oui » au conditionnel. « Car pour cela il faut être riche« , lance Jeanette van der Steen. Cette vigneronne originaire des Pays-Bas a développé les vins (primés) du Château Bon Baron à Lustin. « Ou alors, il faut faire comme nous, c’est-à-dire commencer petit et grandir en fonction des résultats et de la demande. Et ce, en ayant une activité principale à côté en attendant que ça décolle.« 

« L’investissement est d’environ 25.000 € l’hectare avant de se lancer, précise Marc Vanel, journaliste viticole. Les risques sont importants avant de produire les premières bouteilles : gel et autres aléas climatiques. Ce n’est en outre pas vraiment lucratif à petite échelle.  » La masse critique pour être rentable est estimée à 10 hectares. Il faut être patient aussi. Les pieds de vigne plantés aujourd’hui ne permettront une première vendange qu’en 2022. Avec de 1 à 3 kg de raisin par pied.

Alors, investir dans le vignoble belge, une utopie ? Non, il reste toujours aux particuliers la solution du crowdfunding ou de la coopérative. Exemple ? La coopérative du Vin du pays de Herve cherche un million d’euros pour 10 hectares de vignes. Une part de coopérateur s’élève a? 500 €. Le rendement ? Incertain, comme le vin. Le coopérateur bénéficie d’un accès privilégié à la production et d’une ristourne sur le prix des bouteilles. Mais ce n’est que lorsque la coopérative sera bénéficiaire, qu’il pourra recevoir une partie des bénéfices sous forme de dividendes. Le fruit de la patience...

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