Quelles pensions demain ?

Fin 2009, s’est tenu à Louvain-la-Neuve un colloque consacré à une importante problématique :  » Quel avenir pour nos régimes belges de pension ? « 

Le vieillissement de la population n’est pas un phénomène propre à la Belgique, ni même au monde occidental. Il est mondial. Si en Europe, les + 65 ans représentent aujourd’hui 18 % de la population et 30 % en 2050, l’Asie, par exemple, verra passer le pourcentage de ses +65 ans de 7,5 % en 2004 à ± 20% en 2050.

Un système inadapté

En Europe en général et en Belgique en particulier, le problème du vieillissement s’illustre au travers de la problématique des pensions.  » Je compare souvent la problématique des pensions au réchauffement climatique, parce que pour l’une comme pour l’autre, il y a à la fois urgence et nécessité de vision à long terme « , avertit le professeur Pierre Devolder de l’UCL.

Chez nous, la pension légale, qu’on appelle aussi 1er pilier, est encore aujourd’hui basée sur le système de répartition (les actifs paient pour les retraités de maintenant). Mais il a été conçu en Europe après la Seconde Guerre mondiale, avec des caractéristiques propres à l’époque : vision nationale du marché de l’emploi, peu de flexibilité entre les catégories de travailleurs (on était salarié, fonctionnaire ou indépendant et on le restait toute sa vie) et une dynamique importante de la population.

Il est aujourd’hui soumis à une grosse tension parce que tout a changé : on a de plus en plus de carrières internationales et de carrières mixtes, et la dynamique de la population a fait place à son vieillissement : si, en 1948, on comptait 2,38 enfants par femme, il n’y en avait plus que 1,65 en 2008.

Société en mutation

« L’évolution de la natalité et celle de l’espérance de vie engendrent un dé-séquilibre entre les tranches d’âge « , explique Jacques Boulet, expert en sécurité sociale et administrateur gérant de Viaxis (Axa). Par ailleurs, si la carrière standard est prévue pour aller jusqu’à 65 ans, il n’y a quasi personne en Belgique qui part en retraite à cet âge-là. En moyenne, les gens prennent leur pension à 60 ans.

Résultat, aujourd’hui, en Belgique, pour un pensionné qu’on croise dans la rue, il y a 2,5 actifs qui cotisent pour lui. Mais à l’horizon 2040-2050, on va passer – si l’on ne fait rien – de 2,5 à 1,5 actif ! Autrement dit, la charge de cotisations sera trop lourde.

Des enjeux politiques

Les responsables politiques ont déjà pris plusieurs décisions qui visent le long terme, comme l’a rappelé lors de ce colloque Sabine Laruelle, ministre des PME et des indépendants : fonds de vieillissement, Points pension, bonus de pension...

Mais il faut aussi repenser l’organisation du travail. Parmi les pistes envisagées, il faut faciliter le passage d’un statut à l’autre puisqu’on compte de plus en plus de carrières mixtes et l’on demande toujours plus de flexibilité. On a aussi constaté que les pays où il n’y a pas de limites au travail autorisé aux +65 ans, ont un taux d’activité des jeunes beaucoup plus important que chez nous. On le voit, si les pensions représentent un problème très compliqué de démocratie, des solutions existent.

Plus d’infos

Impact du vieillissement sur nos régimes de pensions, enjeux de société qui en découlent, pistes d’actions pour y répondre, options possibles pour garantir un système de pension solidaire et équitable... Vous trouverez analyses, réponses et pistes de réflexion dans Défis et perspectives des régimes belges de pension de Pierre Devolder et Jacques Boulet.

Paru aux éditions La Charte, cet ouvrage (260 p., 59 euros) est disponible en librairie et sur le site de l’éditeur (http://www.lacharte.be/).

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