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Quand votre enfant revient à la maison

Votre enfant adulte réintègre le cocon familial. Avez-vous réfléchi aux possibles conséquences?

On les appelle les enfants boomerang, ces adultes qui retournent vivre chez leurs parents après les avoir quittés. Pour toutes sortes de raisons: problèmes financiers, divorce, transformations dans la maison... ou crise sanitaire. Car même si les chômeurs temporaires « corona  » perçoivent une indemnité, elle est toujours moins élevée que leur salaire net et ils ont parfois beaucoup de difficultés à payer leur loyer.

La plupart des parents n’hésitent pas à voler au secours de leur progéniture, avec des sentiments parfois partagés. Car depuis que leurs rejetons ont quitté le nid pour voler de leurs propres ailes, ils ont trouvé un nouvel équilibre, soudain ébranlé. Il est vivement conseillé de mettre les points sur les i. Avec son/sa partenaire, avec l’enfant qui réemménage mais aussi avec ses frères et soeurs le cas échéant. Sans parler des conséquences juridiques et autres points d’attention à ne pas sous-estimer.

DES REVENUS REVUS À LA BAISSE

Votre salaire/pension ne changera pas si votre enfant adulte rejoint officiellement le foyer familial. Ce n’est pas le cas si vous êtes une personne isolée et bénéficiez à ce titre d’une indemnité. Si vous avez droit à des indemnités de chômage, celles-ci seront revues à la baisse si votre enfant réemménage.

Le montant de l’indemnité allouée à un cohabitant n’est pas le même que pour une personne isolée. Idem à partir du septième mois de perception d’une indemnité maladie (première année d’incapacité de travail) ou d’une indemnité invalidité (après la première année d’incapacité de travail).

Et si vous bénéficiez d’une intervention majorée pour soins de santé, avec abaissement du ticket modérateur sur les médicaments et les visites médicales, votre revenu familial pourrait dépasser le plafond autorisé et entraîner la suppression de votre droit à une intervention majorée.

Catherine

« Confronté à des problèmes financiers, notre fils a demandé à revenir vivre avec nous. Le sentiment est mitigé. En tant que maman, je ne peux évidemment pas le laisser à la porte mais d’un autre côté, je crains d’être victime de ses problèmes de dettes. »

RÉASSURER VOTRE ENFANT

L’enfant qui reprend possession de sa chambre est automatiquement couvert par l’assurance familiale, à condition d’être domicilié chez vous. S’il cause des dommages (en-dehors d’un contrat), votre assurance interviendra. Idem s’il provoque un accident comme piéton ou cycliste. Dans ce cas, l’assurance familiale indemnisera les dégâts matériels causés à la voiture.

Votre enfant peut aussi conduire votre voiture mais s’il a moins de 26 ans, mieux vaut en aviser l’assureur. Certaines assurances majorent la prime si le deuxième conducteur a moins de 26 ans. Si votre enfant emprunte souvent la voiture, il devient conducteur régulier, voire conducteur principal. Dans ce cas également, l’assureur doit en être informé.

Quant à l’assurance hospitalisation, relisez attentivement les clauses du contrat. Demandez à votre courtier d’inclure votre rejeton dans la police d’assurance.

QUID DES DETTES?

Êtes-vous responsable des dettes de votre enfant qui revient vivre à la maison? La question a de quoi interpeller. Théoriquement, le parent n’est pas responsable des dettes encourues par son enfant majeur, qu’il réside encore au domicile familial ou non.

Si une facture à son nom arrive dans la boîte aux lettres, vous n’êtes pas tenu de l’acquitter. Mais si celui-ci omet de la payer, les créanciers enverront tôt ou tard un huissier de justice chargé d’exécuter une saisie, sans faire de distinction entre ce qui vous et lui appartient. Faute de preuve que les meubles vous appartiennent, le risque de les voir saisir par l’huissier de justice est bien réel. Or, rares sont ceux qui conservent méticuleusement les preuves d’achat et les factures en tous genres à présenter comme preuve (ou début de preuve).

Il peut s’avérer judicieux d’établir un contrat de prêt à usage (commodat) avec votre enfant et de le faire enregistrer. Ou de demander à un huissier de dresser l’inventaire de vos biens et de l’enregistrer. Sachez toutefois qu’aucune de ces solutions n’offre de garantie absolue. En cas de litige, il appartient au juge des saisies de décider si un meuble est votre propriété ou non, sur base de différentes données.

Il est également recommandé d’installer une double sonnette à la porte d’entrée et de privatiser l’espace de la maison occupé par votre enfant. Sans aucune sécurité juridique, une fois de plus.

Ne vous portez surtout pas garant pour un emprunt, un crédit à la consommation par exemple car si votre enfant ne rembourse pas son crédit, c’est vous qu’on sollicitera. Vous vous êtes effectivement porté garant de sa solvabilité et du remboursement de l’intégralité du prêt.

LES FRAIS COURANTS

Il n’y a pas de règles en la matière mais vous êtes évidemment en droit de réclamer une participation aux frais courants. Sachez que si vous ne le faites pas, les autres enfants peuvent intenter une action devant les tribunaux et exiger une indemnité à leur frère/soeur qui bénéficie de vos largesses. Car, si votre générosité est considérée comme une donation, elle devra entrer en ligne de compte au décès des parents. Si vous réclamez une participation, mieux vaut donc tout mettre sur papier et en parler ouvertement aux autres membres de la fratrie.

Evelyne

« Ma fille occupait un appartement avec une amie. Elles partageaient le loyer et les frais annexes. Mais son amie qui a perdu son emploi à cause de la crise sanitaire a décidé de retourner chez ses parents. Heureusement, ma fille a pu conserver son emploi mais elle n’arrive plus à assumer seule le loyer. Elle cherche donc une colocataire de toute urgence. Si elle n’en trouve pas rapidement, elle devra renoncer à son bail et revenir loger chez nous. Elle est évidemment la bienvenue mais c’est un réel coup dur pour elle. »

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