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Pourquoi votre logement va changer

De A comme argent à Z comme zéro-énergie, les spécialistes prédisent que vous allez devoir réinventer votre logement. Il sera plus petit, plus écologique, plus partagé, mais toujours considéré comme un bon investissement.

A quelle sauce allez-vous être mangé? Ou comment l’évolution technique, les changements de société et les nouvelles normes vont bouleverser l’habitat à court terme. Plusieurs tendances émergent.

Réinvestir chez soi

Les mesures de confinement nous forcent à passer plus de temps à la maison et nous confrontent donc davantage aux éventuels défauts de notre habitation. « La pandémie a eu un gros impact sur le secteur de la construction et de la rénovation sur un aspect principal: on réinvestit dans son chez-soi, analyse Marie Franck de la société Fisa, l’organisatrice du salon Batibouw (uniquement en ligne cette année du 27 février au 7 mars). Beaucoup de personnes ont épargné durant ces périodes. Elles ont décidé de réallouer leurs budgets vacances ou sorties et activités à la rénovation d’une partie de leur habitat.

Le fait de vivre chez soi et non dehors (travail, sorties, espaces communs tels que parcs) fait que le citoyen a repensé son intérieur pour qu’il s’adapte mieux à ses besoins: création d’un espace de travail distinct des lieux de vie et de famille, investissement dans son jardin et sa terrasse, etc. » Une envie de jardin particulièrement sensible en ville où, selon une étude, le nombre de personnes satisfaites de leur logement a fortement diminué ces derniers mois. En cause? Les citoyens accordent de plus en plus d’importance aux espaces extérieurs pour « respirer ». Comme un retour à la campagne...

205.000 €, le prix d’un appart en Belgique

Entre fin 2018 et fin 2020, le prix médian d’un appartement est passé de 184.900€ à 205.000€, soit une hausse de plus de 5%. Un appartement coûte 207.000€ en Flandre, 155.000€ en Wallonie et 230.000€ à Bruxelles.

L’immobilier, le placement rentable?

L’immobilier sera le placement le plus rentable en 2021 pour près d’un Belge sur trois, selon le dernier baromètre ING des investisseurs. Il sera suivi par les actions ou les fonds d’actions pour un investisseur sur quatre. Viennent ensuite de manière plus marginale l’or et les obligations ou fonds d’obligations. Plus que jamais, investir dans un logement (et en particulier le sien) est vu comme un des moyens les plus pertinents pour compléter sa pension légale. Pandémie ou pas, Stabel (l’office belge de statistique) a d’ailleurs constaté une augmentation du nombre d’octrois de permis de bâtir pour des constructions neuves à raison de 4% et 3,8% pour les rénovations lors des 9 premiers mois de 2020.

Si beaucoup de personnes souffrent des effets économiques du virus, globalement, il n’y a jamais eu autant d’argent disponible. Les Belges ont mis... 15 milliards de plus sur le livret d’épargne l’an passé malgré la faiblesse des taux. Les banques ont par ailleurs enregistré très peu de défauts de paiement de crédits hypothécaires. Investisseurs comme particuliers se tournent en parallèle vers la brique. Avec quel résultat? Le dernier indice du groupe immobilier Trevi indique une hausse des prix de l’ordre de 6% en 2020. L’immobilier belge pourrait encore enregistrer une hausse de 3 ou 4% en 2021, mais avec des pics jusqu’à 8 ou 10% à Bruxelles où la demande est plus importante que l’offre. Beaucoup de vendeurs potentiels sont dans l’expectative. Ils attendent que la situation sanitaire et économique se clarifie.

Pourquoi votre logement va changer

Télétravail et exode urbain

« Le phénomène du télétravail a été grandement accentué par la crise sanitaire que nous traversons et il est plus que probable que ce télétravail perdure au-delà de la crise », analyse notaire Renaud Grégoire, également porte-parole de Notaire.be. Pour lui et ses confrères, il ne fait plus de doute que la réorganisation du travail va changer le visage de l’immobilier. « Nous pensons que cela va avoir une incidence sur l’habitat: d’une part en ville qui se voudra plus modulable et qui devra permettre l’installation d’un micro-bureau de façon à pouvoir travailler à domicile et, d’autre part, une volonté plus grande d’un cadre au vert souvent plus éloigné des centres urbains que précédemment. Faire la navette matin et soir 5 jours par semaine est évidemment une routine difficilement supportable. Mais si cette navette est réduite à 2 jours par semaine, cela devient évidemment fort différent... »

Le télétravail va obliger à repenser l’architecture intérieure des logements, mais il pourrait aussi accélérer l’exode urbain des travailleurs qualifiés.

Logements plus petits, tiny house

« Le coût de l’immobilier ne cesse de rendre l’accès à la propriété compliqué, en particulier pour les plus jeunes. Il est donc à prévoir que les espaces se réduisent au fil du temps, estime Renaud Grégoire, porte-parole de notaire.be. On peut légitimement s’attendre à une réduction des espaces de vie, mais aussi une meilleure rationalisation de ces espaces. » A titre d’exemple, une maison en Flandre avait encore un espace habitable moyen de l’ordre 160 m2 en 2000. Ce chiffre est actuellement descendu à quelques 120 m2 d’espace habitable.

La surface habitable d’une Tiny house ne dépasse souvent pas les 20m2!

Cette tendance de la réduction du nombre des mètres carrés habitables se traduit par les tiny houses. « Elles font une grande percée dans notre pays, commente Sven Nouten pour la Confédération Construction. Ce concept se compose d’une unité résidentielle compacte avec tout le confort disponible. Il nous vient des États-Unis. Il peut être vu comme réponse à la forte augmentation du nombre d’isolés. Avec une tiny house, il est possible d’avoir sa propre habitation à plus faible coût. La surface habitable d’une telle maison ne dépasse souvent pas les 20m2! Toutefois, cela présente un inconvénient: la législation belge est encore vague. Le concept n’existe pas encore dans notre législation pour dire vrai. »

Construire des logements partagés

Selon Confédération Construction, notre pays a profondément changé du point de vue démographique ces dernières années. Il y a désormais plus de célibataires, plus de familles monoparentales, plus de personnes âgées qui souhaitent rester autonomes. Et ces tendances ne feront qu’augmenter à l’avenir . La Confédération a commandé une enquête sur les intérêts des consommateurs en matière de projets d’achat, de construction et de rénovation. Il en ressort que la demande de logements moins classiques va « exploser ».

Premier constat, note-t-on du côté de la Confédération, c’est un intérêt croissant pour les résidences. « Cette forme de logement spécifique propose une pléthore de services (soins, repas, ménage) a priori destinés aux personnes âgées qui veulent encore être indépendantes et qui n’ont pas besoin de soins ou de surveillance continue. » Autre intérêt marqué, celui pour l’habitat kangourou. « Lorsque plusieurs familles habitent dans le même logement, on appelle ça une habitation kangourou.

Ce type de logement est fréquemment utilisé pour accueillir et soutenir les parents qui ont souvent besoin de soins. Et ce, en leur donnant une entité résidentielle séparée au sein du logement existant ou en agrandissant ce logement. » Enfin, un quart des Belges s’intéressent aux logements avec des espaces communs, tels que le jardin, la buanderie, l’entrée, etc. L’intérêt se porte même sur des logements avec des équipements communs partagés comme le sèche-linge ou la tondeuse à gazon.

Autre évolution inéluctable, celle du co-living (des maisons partagées avec des personnes qui vous ressemblent). « La génération émergente, née dans les années 90, et davantage encore après, a une conception de l’habitat sensiblement différente de celle qui a bercé les générations précédentes, avance Renaud Grégoire. Le mode de logement induit un mode de propriété différent, le co-living, la liberté d’aller et venir et le durable sont des valeurs qui auront un impact significatif sur l’habitat de demain en particulier dans les centres urbains. Cette génération a soif de liberté. Leur travail doit avoir un sens et ne constitue plus une valeur en soi. C’est donc naturellement un habitat plus « groupé » qu’on voit poindre. Car acheter un immeuble, c’est un peu comme constituer une famille, cela crée des éléments qui entravent cette liberté d’action. Et on constate que la moyenne d’âge d’achat se veut plus tardive dans cette génération que précédemment afin de garder cette liberté. »

Pourquoi votre logement va changer

Décote pour les habitations énergivores

Un bâtiment zéro-énergie, c’est un bâtiment qui tend à être autonome au niveau énergétique notamment grâce à l’isolation et aux énergies renouvelables. Les normes européennes, nationales et régionales sont de plus en strictes en matière d’énergie. C’est pourquoi « le certificat PEB (Performance Énergétique des Bâtiments) sera de plus en plus un élément-clef dans l’estimation de la valeur du bien immobilier, précise Charline Gorez pour la Febelfin qui représente le secteur financier en Belgique. Un mauvais PEB aura un impact négatif sur la valeur de la garantie pour les banques.

Le risque à terme est qu’un score énergétique trop faible fasse perdre de sa valeur au bien. D’ailleurs en tant qu’autorité de contrôle, la Banque nationale de Belgique exige déjà que, pour les nouveaux crédits, les banques collectent également les valeurs CPE (certificat de performance énergétique) des maisons sous garantie. Et au niveau régional, il y a également diverses initiatives pour accélérer le passage vers un habitat moins énergivore. Citons par exemple, en Flandre, le prêt rénovation sans intérêt. Il a pour objectif de rénover ou d’abattre pour reconstruire un bien acheté pour et le rendre moins énergivore. En Wallonie, retenons le renforcement récent des exigences PEB pour les nouvelles constructions, le plan Q-ZEN. » Tous les bâtiments neufs devront être à consommation d’énergie quasi nulle.

L’automatisation de la maison

Dernière grosse tendance dans nos maisons: l’heure de gloire de la domotique est arrivée. Ou comment automatiser son habitat depuis son téléphone ou ordinateur. Des applications désormais d’une utilisation simple permettent de programmer la mise en marche ou l’arrêt des diverses installations placées au sein de son habitation comme le système de chauffage ou de ventilation, ou encore de régler l’allumage des luminaires d’une pièce ainsi que l’activation d’une prise de courant à distance.

Il est possible de faire baisser la température du thermostat ou encore de diminuer la vitesse de la ventilation lorsque l’on quitte la maison. Objectif: « réduire sa consommation d’énergie, mais aussi augmenter sa sécurité, ajoute Philippe Fondu de Brainbox, société spécialisée dans la domotique. Vous pouvez aussi installer un bouton panique dans la chambre à coucher pour appeler les secours ou encore un interrupteur permettant d’enclencher un ou plusieurs éclairages en même temps dans l’habitation. »

+ 18% grâce au PEB

La performance énergétique des logements, PEB, a une influence sur l’évolution des loyers. Les biens disposant d’un PEB A ont vu leur loyer augmenter jusqu’à 18% en quelques années. On note une décote pour logements énergétiquement moins performants.

(Observatoire des loyers)

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