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Où acheter de l’or ?

Guy Legrand

L’or s’est mis en vedette en 2019 avec une spectaculaire remontée de son prix. Mais au fait, comment achète-t-on de l’or, comment le revend-on et quels sont les pièges à éviter ?

N’est-il pas trop tard pour acheter de l’or, après une hausse de +/-20 % en un an ? Impossible de répondre à cette question, bien entendu. Evoquons simplement un argument peu connu et pourtant essentiel : ce sont les Chinois et les Indiens qui en sont les principaux acheteurs. Or, dans ces pays en forte croissance, le pouvoir d’achat de la classe moyenne a, ces dix ou quinze dernières années, progressé plus vite que le cours de l’or. Si le métal jaune peut nous paraître beaucoup plus cher qu’il y a deux ou trois lustres, ce n’est donc pas vrai pour eux...

PAPIER OU LINGOT ?

Même si son rôle de valeur-refuge ne se vérifie pas toujours, l’or a longtemps figuré dans le bas de laine de nombreux épargnants. Sous forme de pièces en Europe, de bijoux en Asie. C’est la poire ultime pour la soif en cas de catastrophe. En temps de guerre en particulier... Si cet atavisme se dissipe dans une Europe en paix, l’or continue de jouer un rôle dans les patrimoines sur un autre plan : son cours a tendance à grimper quand l’environnement se dégrade et que la Bourse chute. Il stabilise donc un portefeuille d’actions. Ce dernier sera alors souvent agrémenté de ces fameux ETF, ces fonds cotés en Bourse aussi appelés trackers. On conseille les ETF physiques, qui détiennent réellement de l’or, contrairement aux ETF synthétiques, investis en produits financiers associés à l’or.

Les puristes rétorqueront toutefois qu’il ne s’agit de toute façon là que d’orpapier et non d’une véritable valeur-refuge qu’on a sous la main. Autrement dit, si on veut de l’or, on achète vraiment de l’or ! Sous quelle forme ? Les possibilités sont nombreuses. Avec un cours de l’ordre de 43.000€ ces derniers mois, le lingot d’un kilo ne s’adresse clairement pas à l’épargnant moyen. Il existe des lingotins de tous poids : de 500 à 5 grammes, voire moins. On ne perdra pas de vue que les frais sont inversement proportionnels à la taille. Il est en effet clairement plus cher de fabriquer, de manipuler et de vendre 100 lingotins de 10 grammes qu’un lingot d’un kilo. Pour ce dernier, le négociant demandera par exemple 42.830€ à la vente et il en proposera 42.130 € à l’achat, soit une différence inférieure à 2 %. Pour un lingotin de 10 grammes, on observera par exemple 444 et 420 €, soit un écart dépassant 5 %. Ce qui n’est pas encore dramatique. L’écart entre la valeur en or du lingot ou de la pièce et son prix de vente est appelé prime. Il est intéressant de prendre également en compte le disagio, ou prime négative, qui sera compté à la revente.

NAPOLÉON OU KRUGERAND ?

Traditionnellement, l’achat d’or en quantités réduites se réalise en réalité par le biais de pièces. C’était déjà le cas dans nos contrées via le 20 francs  » or  » belge ou français : le célèbre napoléon, aussi appelé louis, dont il existe près d’un milliard d’exemplaires ! Belge ou française, cette petite pièce a les mêmes caractéristiques: elle contient 90 % d’or, soit exactement 5,805 grammes.

A partir des années 1960, plusieurs pièces modernes ont envahi le marché, dont on retient surtout les pionnières : le Krugerrand sud-africain et le Maple Leaf canadien. Elles furent suivies par le Nugget australien et l’Eagle américain. Ces alternatives sont parfois appelées pièces-lingots car, elles se vendent avec une prime faible, quelques %, par rapport à leur valeur en or. Ce n’est pas le cas pour des pièces anciennes plus rares recherchées par les collectionneurs. Qu’elles affichent une pureté de 999,9 pour mille comme les lingots (Maple Leaf) ou de 917 pour mille à peine (Krugerrand) n’a pas d’importance : ces pièces contiennent exactement une once d’or fin. Leur valeur est donc très facile à connaître. Elles sont acceptées dans le monde entier.

Le piège à éviter : considérer les médailles et pièces commémoratives, privées comme publiques (Monnaie royale de Belgique ou Monnaie de Paris), comme un investissement en or. Ces pièces sont vendues beaucoup plus cher. Pour appâter un large public, il faut dépenser en promotion. Par rapport à leur contenu en or, leur prime est donc colossale, de l’ordre de 100 ou même 150 %! A la revente pourtant, on n’en obtiendra que la valeur en or. Il faut oublier la plus-value !

COMMENT CALCULER ?

Le prix de l’or est universellement exprimé en dollar par once, laquelle vaut 31,1 grammes. Ce cours est repris dans nombre de journaux et disponible sur internet, en direct. On y trouve assez facilement le prix en euro, pour le lingot comme pour la plupart des pièces, en particulier sur le site du négociant bruxellois  » goldforex « , la référence belge. Si la question ne se pose pas pour les lingots et pièces, comment connaître la valeur d’une médaille en or présentée dans une publicité ? Rien de plus simple : on multiplie le cours du jour par le poids et la pureté. Soit une médaille de 5 grammes et d’une pureté de 750 pour mille; le cours de l’or est alors de 42€ le gramme (42.000 € le lingot). Sa valeur sera de 42€ x 5 x 0,75 = 157,5 €. Et si la pureté n’est pas indiquée? Il vaut mieux renoncer!

L’or peut s’acheter et se revendre auprès de maisons spécialisées mais également dans la plupart des banques à l’exception notable d’ING. Les maisons spécialisées disposent d’un stock de pièces et lingots courants. Outre Goldforex à Bruxelles, on peut citer Argentor à Anvers et éventuellement Orobel à Liège.

Le piège à éviter : les officines sorties de nulle part qui apparaissent soudain en faisant une publicité agressive quand le prix de l’or grimpe. Une chaîne de télévision a réalisé l’expérience voici quelques années. Ses journalistes ont acheté des pièces-lingots pour les revendre aussitôt dans quelques-unes de ces officines. L’une d’entre elles les rachetait 30 % moins cher (au lieu de 2 à 5 % maximum), une véritable escroquerie! Pourquoi se précipiter chez un inconnu alors qu’il existe des maisons sérieuses ? Vous voilà avertis...

Mines d’or, un instrument de spéculation

Les investisseurs belges étaient naguère très friands de mines d’or, largement sud-africaines. Depuis, ce sont les producteurs américains et canadiens qui jouent les vedettes. Investir en mines d’or, c’est spéculer sur une hausse du métal précieux, car le cours de Bourse de ces mines amplifie les variations du prix de l’or.

Supposons que le prix de revient d’une mine est de 1.200 dollars l’once. A un cours de 1.300 dollars, elle gagne donc 100 dollars. Si le cours de l’once d’or passe à 1.500 dollars l’once, soit une hausse d’un quart, son bénéfice bondit de 100 à 300 dollars. Il triple ! Bénéfice et cours chutent bien entendu en cas de situation inverse.

En 2016, alors que le prix de l’or avait baissé de 17 % sur une période de 12 mois, le cours des actions Anglogold Ashanti et Barrick avaient plongé de 60 % ! Acheter des mines d’or, ce n’est pas investir dans l’or, mais spéculer sur son prix.

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