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Les femmes du monde fournissent 12,5 milliards d’heures de travail non rémunéré par jour

Chaque jour dans le monde, les femmes de plus de 15 ans contribuent gratuitement aux tâches de soin en ce compris la collecte d’eau, la préparation de repas, le nettoyage ainsi que les soins aux enfants et aux personnes âgées. Cela représenterait au moins 12,5 milliards d’heures de travail par jour, estimées à un total de 10.800 milliards de dollars annuels, selon un nouveau rapport d’Oxfam.

Le document, qui s’appuie sur les données fournies par le Credit Suisse Research Institute et le classement 2019 des milliardaires réalisé par Forbes, présente les extrêmes caractérisant la situation socio-économique des individus à l’échelle mondiale. Ainsi, les 2.153 milliardaires de la planète possédaient en 2019 plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, soit 60% de la population mondiale.

Fait plus marquant encore: 1% des plus riches cumulaient plus du double du capital des 6,9 milliards d’individus « les plus pauvres » sur Terre.

Le rapport ajoute que d’après la Banque mondiale, près de la moitié de la population mondiale vivrait avec moins de 5,50 dollars par jour, alors que le rythme de réduction de la pauvreté a ralenti de moitié entre 2013 et 2019.

Au bas de l’échelle des extrêmes, les femmes sont particulièrement touchées : chaque jour, elles assumeraient l’équivalent de 12,5 milliards d’heures de travail. Ces efforts ne sont pas rémunérés alors qu’ils représenteraient près de 10.800 milliards de dollars par année. Oxfam précise que ce « moteur caché » de l’économie mondiale contribue pourtant au fonctionnement des familles, des entreprises et des sociétés du monde entier.

Quelques chiffres

Le phénomène est particulièrement grave dans les pays à faibles revenus puisque les femmes y consacrent jusqu’à 14 heures par jour à, entre autres, s’occuper des enfants et des personnes âgées, préparer des repas et collecter de l’eau, située parfois à plusieurs kilomètres de leur domicile. En outre, 42% des femmes en âge de travailler n’occupent pas d’emploi rémunéré à cause de leur temps dédié à ces tâches, alors que ce taux n’est que de 6% chez les hommes.

« Si nos sociétés veulent sérieusement s’attaquer à cette injustice, nous devons agir d’urgence », martèle Aurore Guieu, responsable de l’équipe justice fiscale et inégalités d’Oxfam-Solidarité. « Il faut valoriser le travail domestique non rémunéré et les femmes qui le fournissent et il faut contester les normes sexistes, afin que la charge de travail soit partagée plus équitablement entre les femmes et les hommes. »

Même quand le travail est fourni contre salaire, il reste peu valorisé et s’effectue dans des conditions peu favorables. Ces emplois seront pourtant de plus en plus importants à l’avenir, car la proportion de personnes nécessitant des soins continuera d’augmenter. « Les gouvernements doivent investir davantage dans des services publics universels et de qualité », poursuit Aurore Guieu. « Des investissements dans l’eau et l’assainissement, les soins aux enfants et aux personnes âgées, et les services de santé permettraient de réduire la charge de travail des femmes et des filles, et d’améliorer leur qualité de vie. Pour financer ces services publics dans le monde, les ultra-riches et les multinationales doivent payer une contribution fiscale équitable », conclut-elle.

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