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Le bio, victime de l’inflation?

Paradoxe: les produits bio sont globalement moins impactés par l’augmentation des prix, mais les consommateurs les boudent. Le pouvoir d’achat est en cause.

Un constat: la consommation de produits bio est en net recul. Durant la crise du Covid-19, la consommation de produits alimentaires bio et locaux s’est pourtant envolée. Mais divers événements sont intervenus depuis, dont une inflation moyenne qui sera probablement de + 12% fin 2022. Dans ce contexte, les consommateurs ont désormais les yeux rivés sur leur ticket de caisse. Ils sont nombreux à faire des arbitrages sur les prix de l’alimentaire. Le chiffre d’affaires du bio dans la grande distribution a ainsi chuté d’un tiers. Des enseignes comme Bio Planet et Färm tirent aussi la langue depuis le mois de janvier, donc avant l’agression russe en Ukraine. Ce sont surtout les aliments de base, plutôt que les produits transformés qui subissent le ressac: viande, fruits, légumes, oeufs, produits laitiers.

La faute à la réputation du bio? Oui. Car, jusqu’il y a peu, les produits bio demeuraient en moyenne jusqu’à 30% plus cher. Quand on compte chaque euro, le bio peut être considéré comme un produit de luxe. Une majorité de consommateurs se focalise désormais sur le prix et la sécurité alimentaire, repoussant plus loin les enjeux environnementaux.

C’est la fin du bio, alors? Il faudrait plutôt évoquer une désaffection temporaire. Plusieurs raisons l’expliquent. D’abord, depuis une dizaine d’années, la croissance des produits bio en grande surface était de 10% par an. Ensuite, quand il n’y a pas de différence importante de prix, le bio garde la cote. C’est ce qu’a remarqué Delhaize constatant la très bonne tenue du vin bio. Enfin, si la chute du bio est surtout forte en hypermarché, le public « historique » reste fidèle. « Les plus gros consommateurs de bio, plus aisés, (péri)urbains et moins impactés par l’inflation, devraient continuer à accorder une part non négligeable au bio dans leurs achats de produits alimentaires », estime Pauline Peyron, consultante chez NielsenIQ. D’ailleurs, les petits circuits du bio fréquentés par cette clientèle sont moins concernés par le phénomène de désaffection..

Quand on doit compter ses euros, le bio peut être considéré comme un produit de luxe.

Et Ce qui devrait « sauver » le bio, c’est... Que, paradoxalement en ces temps d’inflation, l’écart avec les produits conventionnels se réduit. Le bio souffre moins du contexte géopolitique et n’utilise pas d’engrais azotés devenus impayables. Il dépend moins des marchés internationaux sauf exceptions. Le prix de la farine bio chez le petit producteur n’a pas bougé au contraire du supermarché. Autre exemple: le prix payé au producteur de lait bio, à l’heure où nous écrivons ces lignes, est le même que celui accordé au producteur conventionnel.

En quoi est-ce une bonne nouvelle?... Avec le lissage des prix, les consommateurs vont probablement retrouver le chemin de l’alimentation bio à moyen terme. Si l’urgence est bien entendu de nourrir toute la planète, sur un plan purement environnemental, l’alimentation bio génère 37% d’émissions de gaz à effet de serre de moins que la production agricole conventionnelle.

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