La pomme de terre bio s’écrase

Paradoxe : les consommateurs veulent consommer bio et local. Mais ils dépendent souvent du bon vouloir des grossistes et de la grande distribution. Dernier avatar en date : les producteurs wallons de patates bio se retrouvent aujourd’hui avec plus de 1.300 tonnes de pommes de terre sur les bras. Elles iront probablement à l’aide alimentaire. En attendant, les produits d’Égypte ou d’Israël débarquent.

Interpellant. Comme le communique le Collège des Producteurs et Biowallonie, les producteurs bio wallons font face à un problème majeur d’écoulement de leurs stocks de pommes de terre. Le secteur de la production bio répond pourtant à la demande croissante des consommateurs, en produisant des pommes de terre locales certifiées bio, issues de variétés robustes meilleures pour l’environnement. Mais il se retrouve aujourd’hui avec plus de 1.300 tonnes de pommes de terre sur les bras.

Comment l’expliquer ? Sur le marché du libre, il n’y a actuellement plus de demande de la part du principal emballeur belge qui fournit la plupart des grandes surfaces. Cette situation semble d’autant plus interpellante qu’en ce moment, certaines enseignes affichent des offres en pommes de terre bio en provenance d’autres pays. Les nouvelles récoltes de pommes de terre sont sur le point d’arriver (Égypte, Israël, Chypre) ce qui renforce le risque de gaspillage alimentaire et les pertes économiques pour les producteurs. Ces derniers sont donc en train de concrétiser une action avec « La Bourse aux Dons » pour proposer une offre au secteur de l’aide alimentaire.

Que faire ?

Les producteurs bio appellent les citoyens à se diriger vers des pommes de terre d’origine locale en magasins. Mais encore faut-il que l’offre soit disponible et que l’information suive. Comme Le Vif vient de l’épingler ce 25 mars, la connaissance de l’origine des produits alimentaires non-transformés est loin d’être aussi évidente qu’il y paraît. Le Collège des Producteurs de pommes de terre, dépité, espère cependant l’aide de ses clients. Dans un communiqué, il estime qu’il « reste un levier d’action pour les consom’acteurs engagés : interpeller spontanément les enseignes, et réclamer la présence et ce de manière visible dans les étals, de pommes de terre d’origine locale, et certifiée bio ».

La Wallonie a pour ambition d’atteindre 30% de la surface agricole utile en agriculture biologique d’ici 2030. En 10 ans, le nombre de producteurs en production biologique ou en conversion, a plus que doublé, passant de 779 à 1.816.

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