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Investir en 2021 : les solutions pour votre argent

Investissements réguliers, actions, marchés alternatifs, immobilier, or... Nos pistes pour faire fructifier son argent sans perdre son pantalon. Comment et quand investir?

Dans le monde des affaires, la vitre arrière est hélas toujours plus claire que le pare-brise », se plaît à affirmer Warren Buffett, oracle des investisseurs, richissime milliardaire jamais avare en bons mots. Une phrase qui sonne juste, particulièrement en cette période toujours marquée par les conséquences d’un vilain virus. Que faire avec mon argent? Car il reste beaucoup de brouillard devant le pare-brise, juste de quoi distinguer le capot. Les liquidités ne rapportent par ailleurs quasi plus rien. Et le risque de voir s’éroder, au fil des ans, son capital par l’inflation n’est plus une chimère. Le taux d’intérêt minimum légal pour un compte d’épargne réglementé est de 0,11%. Chacun cherche donc des solutions pour faire fructifier ses sous.

Pas chères, les actions?

Premier constat des mois écoulés, beaucoup de nouveaux investisseurs ont trouvé le chemin de la Bourse. Au printemps dernier, alors que la crise du coronavirus avait éclaté, « le volume d’actions du Bel20 (principal indice boursier de la Bourse de Bruxelles) négociées par des investisseurs belges avait plus que quintuplé par rapport à la période précédant la crise », selon la FSMA (l’Autorité des services et marchés financiers). Les achats d’actions ont été beaucoup plus nombreux que les ventes. Les investisseurs jeunes et occasionnels ont été nettement plus actifs pendant la période de crise. » Profitant d’actions à bon marché, ces nouveaux investisseurs se sont clairement focalisés sur le court terme. Avec succès. En 2021, au vu de cette expérience, l’envie de tâter de la Bourse devrait donc intéresser quelques investisseurs par l’odeur alléchés. Mais dans leur chef, deux questions existentielles vont se poser: comment et quand investir? Deux questions d’autant plus pertinentes que la peur d’une correction sur les marchés constitue souvent un frein pour franchir le pas.

Une perte limitée en capital

« Je suis capable de calculer le mouvement des corps pesants, mais pas la folie des foules ». Cette citation serait attribuée à Isaac Newton. Le célébrissime physicien aurait perdu une grosse partie de sa fortune en spéculant en Bourse. Oui, investir dans des actions, c’est clairement prendre des risques. Mais un portefeuille à la diversification bien pensée peut résister à beaucoup de turbulences, pas toutes cependant. Les règles de base à s’imposer avant d’investir en Bourse pourraient être les suivantes: être conscient du risque de perdre de l’argent, donc de ne jamais jouer l’argent dont on a besoin. Et rester calme surtout. « On ne rattrape pas un couteau qui tombe » est un des plus célèbres dictons boursiers.

Un plan d’investissements réguliers bien construit limite l’impact des hausses et des baisses boursières.

Ces balises annoncées, sans avoir de boule de cristal, sera-t-il encore intéressant de lorgner du côté des actions en 2021? « Oui, les actions resteront, selon nous la classe d’actifs à privilégier, répond Damien Petit, responsable Banking Investments à la Banque de Luxembourg. Par l’entremise d’une exposition à des actions de qualité achetées à un prix raisonnable, l’investisseur disposant de la capacité et de la volonté de prendre du risque devrait raisonnablement pouvoir accroître son pouvoir d’achat dans la durée. » Le tout serait « de privilégier des entreprises de qualité. L’investisseur s’expose certes à la volatilité des marchés des actions, mais le risque de perte définitive en capital est limité s’il mise exclusivement sur des actifs de qualité. Les entreprises structurellement saines, bénéficiant d’avantages compétitifs durables, de bilans solides et disposant d’une capacité à fixer les prix, permettront notamment à l’investisseur de capitaliser sur le versement régulier de dividendes. » Damien Petit ajoute qu’il faut éviter le « market timing (faire de la prévision) et adopter une démarche de long terme. En clair, les tentatives de prévision des marchés à court terme sont vaines. L’investisseur ne doit pas se laisser influencer par les éléments d’incertitude à court terme ou par des effets de mode. Il doit aussi toujours garder à l’esprit que le prix payé déterminera le rendement à long terme du portefeuille. » Le rendement du Bel20 a effectivement affiché un rendement annuel moyen de plus de 8% (dividendes compris) sur les vingt-cinq dernières années.

Génération Atari et Commodore

Quels secteurs à envisager sur le plus long terme en tenant compte des changements dans la société? Si les biotechs et la pharmacie ont largement profité de l’engouement des petits investisseurs (alors que certaines sociétés n’ont pas encore mis de produit sur le marché) d’autres horizons se sont ouverts. « Le secteur du gaming (les jeux vidéo) est en plein essor sur le marché boursier », commente Daniel Adrian gestionnaire de portefeuille des fonds MainFirst. C’est même une idée pour les investisseurs qui désirent diversifier les risques. Confinement oblige, les jeux vidéo ont plus que jamais la cote. « Les actions des principaux producteurs de jeux, Activision et Take-Two Interactive, ont chacune augmenté de plus de 30% en 2020. » Leur force réside dans des coûts de développement raisonnables. Et c’est fait pour durer. « Le secteur s’est développé et représente aujourd’hui un marché de plusieurs milliards de dollars, précise le gestionnaire de portefeuille. Le groupe des joueurs virtuels connaît également une évolution démographique importante. Un nombre croissant de pères de famille des générations Commodore et Atari se mêlent désormais aux adolescents, qui sont toujours majoritaires sur la scène. Les 2,7 milliards de joueurs actuels devraient porter les ventes à un niveau record d’environ 159 milliards de dollars. » Cela signifie que le secteur du gaming sera nettement plus performant que celui du cinéma. La Chine est le plus grand marché avec environ 725 millions d’utilisateurs et un chiffre d’affaires estimé à plus de 24,5 milliards d’euros.

Attention cependant de ne pas tomber dans l’euphorie. Cela reste des actions et elles comportent des risques parmi lesquels un marché du gaming qui devient très concurrentiel. Il existe aussi une guerre commerciale sur les marges de distribution entre les concepteurs des jeux et des géants comme Apple et Google.

Investissements réguliers, ou comment se réjouir d’une baisse!

Tout le monde n’a cependant ni l’envie ni les nerfs assez solides pour se lancer dans l’aventure boursière. L’alternative est d’investir dans des fonds d’investissement administrés par des gestionnaires spécialisés. Ces portefeuilles (actions, obligations) collectifs permettent de rentrer en Bourse à petite dose dans des produits diversifiés. Il est même possible d’y investir chaque mois par exemple. On parle alors de plans d’investissements périodiques. L’idée est de limiter l’impact des fluctuations boursières. C’est une manière de lisser le risque sur la durée, d’investir de petits montants aussi... Et comment ça fonctionne? « Un plan d’investissements réguliers bien construit apporte une solution intéressante dans la mesure où il lisse le coût moyen des achats et limite l’impact des hausses et des baisses boursières, commente Olivier Fumière, investment strategy chez Belfius Bank. Un avantage des plans d’investissements, c’est la flexibilité. Car l’investisseur peut choisir les montants à investir et leur fréquence. Les montants peuvent être faibles, par exemple à partir de 25 €. De telle sorte que cette approche est idéale pour les personnes disposées à investir des montants limités ou celles qui font leurs premiers pas dans le monde des investissements. »

Les portefeuilles actions, obligations collectifs permettent de rentrer en Bourse à petite dose

Limiter les fluctuations

Mais est-ce rentable? « Oui, répond Olivier Fumière. En termes de performances, un plan d’investissements réguliers l’emporte sur un investissement unique lorsque les marchés évoluent en forme de U ou de V, c’est-à-dire dans le cas où ceux-ci baissent pour ensuite revenir à leur niveau initial. Une situation proche de celle connue par les marchés mondiaux (le MSCI World) en 2020. » Comment l’expliquer? « La surperformance d’un plan d’investissements réguliers s’explique par les achats à moindre coût lorsque les marchés ont baissé. Bien entendu, un investissement unique dégagera une meilleure performance dans un cas contraire, c’est-à-dire dans le cas d’une évolution en forme de U ou de V renversé, c’est-à-dire une hausse et puis une baisse. Certes, de manière générale, un investissement unique peut rapporter plus à long terme. Mais, répétons-le en guise de conclusion, un plan d’investissements réguliers limite l’impact des fluctuations boursières. Donc si vous préférez la tranquillité d’esprit à la recherche de rendement absolu, optez plutôt pour un plan d’investissements réguliers. »

Immobilier: un jardin vaut de l’or

Autre placement plus rassurant que la Bourse, c’est celui de l’immobilier. Il s’agit plus que jamais d’une valeur refuge pour les investisseurs qui se méfient des marchés actions ou qui désirent se diversifier. Mais l’immobilier ne va-t-il pas se prendre une claque post-pandémie cette année? Même pas selon les prévisions. Pas question de chute des prix, que du contraire. « Le marché immobilier devrait ralentir en 2021, mais en raison de certains effets de base, notre prévision de croissance pour l’année 2021 demeure élevée, à hauteur de 3%. », annoncent les économistes de la banque ING dans leur dernier rapport sur l’état du marché immobilier belge. Même 2020, année marquée par deux confinements, n’a pas été mauvaise pour la brique. Les maisons à deux ou trois façades ont connu une forte croissance. C’est un effet virus: les ménages ont recherché des biens avec jardin pour respirer. Les appartements situés à la côte ont été particulièrement prisés pour la même raison. Les biens à l’étranger suscitent aussi le désir. Nos confères de L’Echo ont relevé que les Belges ont acheté plus de résidences secondaires en Espagne sur les neuf premiers mois de 2020 que sur toute l’année 2019. Quelque 2.300 Belges ont acquis une seconde résidence espagnole durant cette période, soit une moyenne de huit ventes par jour!

Trois autres facteurs expliquent la bonne santé du marché immobilier. Primo, la faiblesse ou la volatilité des rendements sur les marchés financiers confèrent à l’investissement immobilier un caractère encore plus attractif, « solid as a rock ». Secundo, la persistance de taux hypothécaires faibles est favorable aux emprunteurs qui rêvent de s’acheter un petit nid douillet. Tertio, il reste de l’argent. Selon les économistes, « l’impact négatif sur les revenus ces derniers mois a été moins brutal qu’on ne le pensait. Ce phénomène est principalement dû aux mesures de soutien au revenu prises par les pouvoirs publics (...) et les ménages qui ont réellement subi une perte de revenus ne sont généralement pas ceux qui achètent des maisons. » Ce qui fait que le marché reste dynamique et en croissance. Les arbres, bien entendu, ne montent pas jusqu’au ciel et, à moyen terme, « les fortes hausses de prix que nous avons observées récemment réduiront l’attrait de l’immobilier pour les investisseurs. »

Investir en 2021 : les solutions pour votre argent
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S’appuyer sur son épargne pension

Reste que l’immobilier demeura certainement le quatrième pilier de la pension pour nombre de nos concitoyens, un pilier qui permet de compléter une pension légale. D’autant que des alternatives autres que celles de la mobilisation de l’épargne ou le recours à l’emprunt existent pour investir dans la brique. Comme nous l’explique Bart Chiau, senior expert auprès de l’assureur NN et professeur à la faculté d’économie de l’Université de Gand, « vous pouvez très bien investir dans l’immobilier avec votre contrat d’épargne-pension complémentaire via votre employeur ou votre activité professionnelle. Si la pension complémentaire n’est versée que lorsque vous prenez effectivement votre retraite, il existe toutefois une exception qui permet d’utiliser ses économies à un stade plus précoce. Vous pouvez l’utiliser pour financer un projet immobilier (achat, nouvelle construction ou rénovation). Il peut s’agir de votre maison familiale, d’une résidence secondaire ou d’un investissement immobilier. » Bon à savoir.

Et l’or, dans tout ça?

« Nous n’avons jamais été de grands fans de l’or, mais il est clair que chaque portefeuille devrait contenir une ligne d’or », juge Youry Huygen de L’Investisseur dans L’Echo. Même son de cloche chez Michael Blümke, gérant de portefeuille senior chez Ethenea qui nous explique « qu’alors que le prix du métal précieux stagnait depuis plusieurs années, l’or est revenu sur le devant de la scène à la suite d’un récent mouvement ascendant. De notre point de vue, il y a de bonnes raisons d’espérer une poursuite de ce rallye sur le long terme. Dans un contexte de taux d’intérêt nominal faible, la dépréciation progressive de la monnaie qui en résultera permettra à l’or de conserver sa fonction de préservation de la valeur... »

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