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Investir en 2019 : Une intelligence artificielle... dans votre portefeuille

Guy Legrand

L’intelligence artificielle fut un des grands thèmes de l’année 2018. Plusieurs fonds permettent à l’épargnant d’en mettre un peu dans son portefeuille.

En juin 2018, le gestionnaire de fonds français Financière de l’Echiquier, dont les produits sont proposés par divers établissements financiers belges, lançait un fonds spécifiquement dédié à l’intelligence artificielle. Voilà qui n’étonne guère : parfois notée IA en raccourci, l’intelligence artificielle fut incontestablement un des grands sujets de discussion de l’année 2018. Sur le plan économique d’abord, du fait des perspectives mirobolantes qu’on lui prête. Selon le gestionnaire de ce nouveau fonds,  » d’ici à 2030, l’IA devrait ajouter 13.500 milliards d’euros à l’économie mondiale, soit l’équivalent économique de l’Union européenne « . Discussions aussi sur les plans sociologique et éthique : la machine peut-elle remplacer l’homme ? Et grosse inquiétude chez les diplômés, car si les robots ont supprimé pas mal d’emplois peu qualifiés, l’IA entre au contraire en compétition avec des emplois très qualifiés !

Remplacer l’être humain

L’intelligence artificielle n’est pas toujours bien comprise, d’autant qu’il en existe plusieurs définitions. Ainsi peut-on se demander : quelle différence avec la robotique ? On peut simplifier en affirmant que la robotique, c’est l’automatisation. Un robot accomplit une tâche suivant les consignes qu’on lui a données : placer à tel endroit la pièce qui arrive sur la droite, peindre telle partie de la carrosserie, etc. Le travail peut être relativement compliqué, mais tout doit être programmé avec précision, car la machine est efficace mais « stupide » : elle ne fait que ce qu’on lui a demandé.

Avec l’intelligence artificielle par contre, la machine devient (un peu) intelligente. En d’autres termes, elle ne se contente pas de répéter des gestes ou des paroles, mais va un cran plus loin : elle peut, sinon véritablement décider, du moins tirer une conclusion ou faire une proposition, en comparant l’information qu’on lui envoie avec toutes celles qu’elle a en mémoire. Deux applications déjà très répandues illustrent cette capacité. La première, ce sont les chatbots. De nombreuses entreprises utilisent déjà ces robots de dialogue, aussi appelés agents conversationnels, pour répondre aux clients qui posent une question. Ils repèrent certains mots clés dans cette question et, en comparant avec les données qu’on a stockées dans sa mémoire, il va le plus souvent trouver la réponse adéquate.

Le champion du diagnostic

Moins connue du public, une autre application est aujourd’hui incontournable dans le monde médical : le diagnostic. Ici encore, c’est l’extraordinaire capacité de comparer une montagne d’informations en très peu de temps qui permet à la machine de porter un jugement sur l’image qu’on lui présente, la radio d’une tumeur par exemple. Une expérience a fait grand bruit l’été dernier, à Pékin, quand un système doté d’IA a établi un diagnostic correct dans 87 % des situations qu’on lui avait présentées, tandis qu’une équipe de 15 médecins spécialisés arrivait à 66 %. En avril, les autorités américaines ont pour la première fois autorisé un tel système à poser un diagnostic. Précisons que c’est toujours le médecin qui décide ensuite ! Application plus « légère » (quoique...) : un site de rencontres britannique propose depuis la fin de l’an dernier un programme « intelligent » qui analyse les conversations entre les personnes cherchant l’âme soeur et les avertit s’il juge opportun qu’ils se rencontrent en chair et en os.

Un outil utilisé tous azimuts

Les applications de l’intelligence artificielle sont donc légion, pour ne pas dire infinies, ce qui dégage de fabuleuses perspectives pour les entreprises engagées sur cette voie. Et pour les investisseurs détenant les actions de ces sociétés !

Comment mettre un peu d’IA dans son portefeuille ? Voyons donc ce que le fonds Echiquier Artificial Intelligence évoqué plus haut a dans le sien. Les deux premières positions sont Nvidia et Alteryx. Basée en Californie, l’entreprise Nvidia met notamment l’accent sur les machines autonomes. Parmi ses produits : une plateforme qui permet aux drones de se mouvoir et de travailler sans aide extérieure car, équipés autant de caméras et capteurs que de logiciels dopés à l’intelligence artificielle, ils sont capables de réagir à leur environnement.

Egalement californienne, Alteryx, de son côté, élabore des outils qui simplifient la collecte et (surtout) l’analyse des données. Ce dernier point est clairement le lien essentiel entre la société et l’IA. Il est en effet clair que la plupart des entreprises retenues touchent à l’IA pour une partie seulement de leurs activités. On en veut pour preuve la présence un peu plus loin dans le portefeuille de Microsoft et Amazon. C’est bien normal, car l’intelligence artificielle n’est pas une activité en soi : c’est un outil qui améliore les performances d’autres activités. Le fonds Echiquier retient dès lors tant des sociétés qui conçoivent des produits d’IA et les vendent aux autres que des entreprises qui les utilisent et en profitent, ce qui est typiquement le cas d’Amazon.

Des actions très volatiles

Ce n’est donc pas un hasard si on retrouve également l’action Amazon dans le portefeuille du fonds Axa Framlington Robotech, lancé en décembre 2016 et qui vise l’automatisation au sens large, comme son nom l’indique. Le premier poste en est Alphabet, société mère de Google, tandis qu’Apple figure en 7e position. Plusieurs entreprises plus spécifiques figurent aussi dans le haut du classement. La japonaise Keyence notamment, fabricant de capteurs et senseurs, ou encore Intuitive Surgical, fabricant de systèmes vidéo d’assistance à la chirurgie robotique, ainsi que PTC Inc., spécialiste de la réalité augmentée et de l’internet des objets.

Et tandis que Belfius affiche un fonds Robotics & Innovative Technoly, chez BNP Paribas Fortis, on met en avant le fonds Parvest Disruptive Technology. Les principaux postes du portefeuille sont le fait de géants classiques comme Apple, Microsoft, Amazon, ou encore Keyence, mais on y retrouve aussi Dexcom, société fabricant des systèmes qui mesurent non seulement le taux de glycémie mais avertissent le diabétique de l’évolution de ce taux.

Robotique, intelligence artificielle et autres technologies « disruptives » : autant de thèmes auxquels l’investisseur a intérêt à s’intéresser. En n’oubliant pas le risque élevé présenté par les fonds ici évoqués, ce risque signifiant que les actions concernées sont coutumières de gros écarts de cours.

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