© Getty Images/iStockphoto

Investir dans des fonds (vraiment) durables

Le Vieux Continent prend la tête d’une économie plus verte. Les avis des spécialistes convergent. Il sera bientôt plus facile de juger si votre investissement est vraiment durable. Plus question d’acheter un chat dans un sac...

En Belgique, l’investissement durable représente désormais 15% du marché. L’offre a littéralement explosé. Les montants investis ont augmenté de 40% sur une année seulement. L’idée est séduisante: placer son argent tout en améliorant la société. « Sauf que l’intérêt des investisseurs et des gestionnaires pour l’investissement durable, éthique, vert ou social ne va pas toujours de pair avec la qualité des fonds », regrette Charlaine Provost de Financité, un réseau qui met en avant l’éthique dans les rapports à l’argent. Elle note dans son rapport 2020 que, sur l’ensemble des fonds autoproclamés socialement responsables, la plupart obtiennent une note négative. « Les fonds qui se disent socialement responsables ne doivent répondre à aucune obligation légale et investissent dans ce qu’ils veulent, dit-elle. C’est pour cela que l’on a trouvé 279 fonds qui investissent dans des entreprises ou des États repris sur notre liste noire et qui sont clairement inacceptables du point de vue de l’éthique », Par exemple, parce qu’ils ont encore trop d’actifs dans des secteurs polluants comme le pétrole.

Mais alors, comment savoir si un produit est réellement durable? Les spécialistes de Triodos Investment Management, une référence au niveau européen dans l’investissement durable, ont répondu à notre question. « La gamme de produits d’investissement étiquetés verts, durables ou impact s’élargit. Mais cela rend de plus en plus difficile pour les investisseurs de comparer ces produits et leurs promesses, avance Triodos. D’autant plus que plusieurs de ces produits semblent répondre à un mode de marketing plutôt que de générer un impact réel. Le terme durable n’est pas protégé et peut donc être utilisé à la satisfaction de tous. Pour tenter de faciliter un peu les choses aux investisseurs, divers labels de durabilité, souvent nationaux, ont été créés ces dernières années. Mais tous ont des critères différents sur lesquels ils se basent pour évaluer les produits d’investissement. Ce qui ne contribue pas à la transparence. »

La taxonomie pour comparer

« Dans ce contexte, la nouvelle taxonomie de produits d’investissement durables de l’UE constitue un grand pas en avant », poursuit Triodos Investment Management. La taxonomie, c’est le nouveau système de classification déterminant les activités économiques pouvant être considérées comme durables. « En d’autres termes, le terme vert va être clairement identifié. » Ce qui implique que « les gestionnaires d’actifs devront divulguer dans quelle mesure leurs produits répondent aux critères et s’ils n’ont pas d’impact négatif. Cela créera des conditions de concurrence égales qui faciliteront les comparaisons et renforceront la confiance des investisseurs. En fin de compte, cela changera aussi le marché, car l’offre de produits faussement verts diminuera. » Bémol cependant: la taxonomie de l’UE ne prend actuellement en compte que les critères de durabilité verts et non d’autres facteurs importants tels que l’aspect social des investissements. Ces facteurs pourraient être ajoutés plus tard...

Les pistes pour s’assurer de la crédibilité d’un fonds

Véronique Chapplow est investment director chez M&G Investments, un important acteur de la gestion de fonds en Europe. Elle donne ces quelques conseils pour s’assurer qu’un fonds durable l’est réellement. Le fait de bien s’informer prime, mais les avancées au niveau européen vont permettre à chacun d’y voir plus clair. Voici ses pistes:

  • S’assurer d’obtenir une documentation sur des produits clairs et transparents.
  • Demander à obtenir des informations complètes sur les actifs sous-jacents au sein des fonds afin de vérifier qu’il n’y a pas de « green-impact washing ». Le greenwashing (lavage vert ou blanchiment écologique) c’est rendre écologiques des pratiques qui ne le sont pas.
  • Dans les pays où ils sont disponibles, vérifiez si les fonds ont obtenu des labels. Attention, les exigences en matière de label varient d’un pays à l’autre et ne constituent pas la solution miracle, mais cela contribue à assurer un premier degré de protection.
  • Le SFDR européen (publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers) obligera bientôt les gérants d’actifs à divulguer plusieurs indicateurs pour étayer leurs références en matière de durabilité. Cette disposition devrait être appliquée d’ici juin 2022.
  • La taxonomie de l’UE permettra également de bientôt déterminer quel pourcentage des fonds est consacré à des objectifs durables.

C’est quoi un fonds d’investissement réellement durable?

Le principe est au départ le même que pour tous les fonds de placement. C’est un portefeuille collectif investi dans produits financiers comme des actions, entre autres. Les paniers de valeurs sont en copropriété, ce qui donne accès aux petits épargnants à des produits financiers normalement inaccessibles pour eux. Ces fonds sont administrés par des sociétés de gestion financière dont le rôle est de faire fructifier les placements. Il existe une multitude de fonds. Certains se concentrent sur des secteurs comme la pharmacie ou l’agro-alimentaire. Les fonds durables doivent répondre à plusieurs critères comme ceux de l’implication des entreprises dans le domaine de la protection de l’environnement, mais aussi une bonne gouvernance et le respect des droits des travailleurs. La promesse faite aux investisseurs est la suivante: votre argent aura un impact positif en matière d’environnement et, éventuellement, de droits sociaux.

Contenu partenaire