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Faut-il se méfier des foires aux vins?

Les grandes promotions de l’automne sur les vins cachent parfois de simples opérations marketing. Voici quelques astuces pour les démasquer.

Moins 30%, moins 40%, 1+1 gratuit... Septembre, ce n’est pas que la rentrée, c’est aussi le mois des foires aux vins. Et les arguments pour séduire les consommateurs ne manquent pas.

Il y a quelques années, les hypermarchés français faisaient de la publicité jusqu’à Anvers pour ces foires, les clients belges étant nombreux à se déplacer. Il suffit de rentrer aujourd’hui dans une grande surface française proche de la frontière pour être confronté à une « grande muraille de Chine » en bouteilles. Il est vrai que les vins restent moins chers outre-Quiévrain, les accises étant plus tolérantes. Mais, depuis, tous les distributeurs belges organisent aussi leur foire. On pense à Delhaize, Colruyt, Carrefour et évidemment Cora. Ce n’est donc pas le choix qui manque.

Une question se pose cependant, si les offres sont très alléchantes, le consommateur fait-il vraiment une bonne affaire? La réponse est mitigée.

« Les médailles, sélection des sommeliers, coups de coeur et autres mentions sur les étiquettes de ces foires aux vins sont rarement crédibles, explique Emmanuel Delmas, sommelier et consultant en vins. Il existe évidemment quelques exceptions, mais souvent les vins proposés sont ceux des stocks à écouler. Les crus bourgeois et autres prétendues valeurs sûres sont souvent dénuées de caractère. Les bourgognes sont peu représentés, car ce sont de petites productions. Les très grands vins n’ont par contre pas besoin de s’y retrouver. » Au final, le rapport qualité-prix n’est pas au rendez-vous. Et paradoxalement, ce sont les marges sur les vins bon marché qui apportent le plus de bénéficies aux supermarchés.

Souvent les vins en promotion sont ceux des stocks à écouler.

GARDER LE GOSIER CRITIQUE

Face à ce constat, existe-t-il des stratégies à adopter? Oui, à condition de garder l’oeil et le gosier critiques et de ne pas céder aux sirènes du marketing, aux titres ronflants de vins jusque-là inconnus. Notre conseil: si vous avez l’habitude d’acheter tel ou tel vin qui vous plaît, c’est simple, achetez le même! Vérifiez dans les folders si on ne fait pas au minimum un petit rabais sur cette étiquette lors d’une promotion. Ce sera l’occasion de (re)constituer votre cave sans vous tromper.

Autre conseil: orientez-vous vers des millésimes jeunes, car on ne sait pas dans quelles conditions les millésimes anciens ont été entreposés par la grande distribution.

Achetez ce que vous aimez. « Mais profitez des ristournes pour ouvrir d’autres horizons. Partez à la découverte de vins d’autres régions ou pays comme le Jura, le Portugal, la Grèce et le reste du Monde », nous conseille le célèbre sommelier Eric Boschman. Les problèmes de rapport qualité-prix lors de ces foires sont surtout concentrés sur quelques grosses régions de production comme le Bordelais. Les acheteurs de la grande distribution, par contre, font souvent un bon travail de prospection pour les autres contrées.

Enfin, pour faire de belles découvertes à des prix pas forcément excessifs, vous pouvez toujours vous faire conseiller par un caviste indépendant. Son métier: vendre de « vrais vins de vignerons ».

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